Baudin : le prélude à l’affaire Ben Ayed.

Comment la France par ses brouilleries et l’art de la manipulation a t’elle précipitée la chute de Mahmoud Ben Ayed ? La France a jouée un double jeu avec Ben Ayed, elle a d’abord commencée à le discréditer auprès d’Ahmed Bey tout en lui proposant sa protection et lui laissant ainsi, peu à peu le champs libre.

Le prélude à cette affaire a été la visite de l’Amiral Baudin en Tunisie, en novembre 1848, à cause d’un navire, le Jemmapes, retenu en rade de la Goulette durant quelques jours que l’amiral Baudin recherchait activement.

Portrait de l’Amiral français Charles Baudin.

Dans la gazette du Midi du 19 novembre 1848, nous pouvons nous faire une idée de la visite de cet amiral français et des manœuvres utilisées à l’époque.

“Les Ben Ayed, père et fils, ont fait la paix. Quand ces gens-là se réconcilient, gare nos intérêts. Nous avons toujours pensé, nous vous l’avons écrit, que ces différends, ces brouilleries étaient valeur entendue. Malgré le peu d’estime que le fils inspire généralement, il nous a toujours répugné à croire à tant de perversité. Sa conduite envers son père ne nous a jamais paru bien sérieuse. Ces gens-là n’ont aucune de nos idées sur l’honneur, la probité, l’amour propre; il ne connaissent que l’argent; aussi, croit-on qu’ils ont agi de concert et n’ont pas craint de s’attaquer sans ménagement, en apparence, pour sauver de la rapacité insatiable du Bey, leur fortune qui est énorme; mais le Bey n’est pas dupe de toutes ses manœuvres, aussi les Ben Ayed peuvent-ils s’attendre à quelque tour de son métier.

On raconte, et nous le donnons comme certain, que lors du séjour de l’amiral Baudin à Tunis, il reçut ainsi que le consul général, de la part du Bey, une invitation à déjeuner à la Mohammadia. Cette invitation fut acceptée; mais en arrivant, le consul déclara au bey que si Ben Ayed fils se mettait à table, l’amiral et lui se retireraient à l’instant. Le coup était rude, et, pour un despote entêté et orgueilleux comme le Bey, la signification devait être violente, la position critique. Il céda cependant et un couvert fut enlevé. un instant après Ben Ayed qui est gros et puissant, se faisait saigner. Depuis cette affaire, l’auréole qui l’entourait s’est considérablement obscurcie; le prestige qui éblouissait les indigènes se dissipent, les murmures, qui n’étaient que comprimés, se font entendre plus distinctement; ses adversaires, ses concurrents reprennent courage; et tout fait présumer qu’à l’aide des mesures que notre consul a prises et qu’il saura bien, Dieu aidant, rendre efficaces et inattaquables, Tunis verra tomber ce colosse de monopoles qui écrase le pays, ruine le commerce et anéantit tous les éléments de prospérité.”

Le Général Mahmoud Ben Ayed.

Voilà les dessous de tables et comment les ennemis du général Ben Ayed préparaient sa chute depuis de nombreuses années avant son exil, on peut dire qu’en finalité il s’en sort fort bien.

Par Kais Ben Ayed.

Le palais Ben Ayed d’Epinay-sur-Seine

palais Ben Ayed

Au XVIIIe siècle, le marquis du Terrail acquiert le domaine sur lequel se dresse l’actuel hôtel de ville. Bâti à l’origine en forme de T à l’effigie de son propriétaire, le château devient ensuite la propriété notamment de Jean-Baptiste de Sommariva, du général tunisien Mahmoud Ben Ayed ou encore de Don François d’Assise, roi d’Espagne en exil. A sa mort, le château est acquis par Georges Thibout, alors maire de la commune, pour devenir en 1908 l’hôtel de ville. Inauguré le 19 juillet de la même année, le bâtiment connut quelques extensions tout en gardant son architecture d’origine.

Epinay-sur-Seine-Hotel de Ville
Façade principale de l’hôtel de ville.
Façade postérieure de l’Hôtel de Ville – ancien château de Ben Ayed.
Vue de nuit de l’hôtel de ville d’Epinay-sur-Seine.
Par Kais Ben Ayed

Un duel à l’épée pour le prince Ben Ayed.

En janvier 1900 a eu lieu à Paris, sur l’île de la Grande Jatte, devant le célèbre établissement de bal, connu sous le nom de Moulin Rouge, un duel extraordinaire entre le prince tunisien Ben Ayed et M. Henry Guérau de Latorre.

Le prince Ben Ayed ayant adressé des paroles injurieuses à M de Latorre, celui-ci chargea deux de ses amis, M. Maurice Leudet et le marquis de Portalon de Sénas, de lui demander des excuses ou une réparation par les armes.

Le prince Ben Ayed mit ces Messieurs en rapport avec MM. Henry Decron et Georges Thomé, le fils de Francis Thomé. Toutes les tentatives de conciliation ayant été épuisées une rencontre fut décidée.

Les conditions étaient: épées de combat, coquille de 13 centimètres, gants de ville à volonté, reprise de une minute, repos de deux minutes.

A la première reprise, le prince Ben Ayed fut atteint, au bras droit, d’une blessure qui ne le mit pas en état d’infériorité suffisante pour que le combat prit fin.

A la troisième reprise, le prince Ben Ayed reçut une éraflure au menton.

A la quatorzième reprise sur l’initiative de M Maurice Leudet, il fut décidé unanimement que la reprise suivante serait la dernière, quoi qu’il arrivât.

Cette quinzième reprise eut lieu sans résultat. Alors le prince Ben Ayed, spontanément, tendit la main à M. Guérau de Latorre qui l’accepta.

Les deux adversaires, qui sont restés plus de trois quarts d’heure sur le terrain, étaient assistés des docteurs Félizet et Pierre Frédet.

Extrait de la presse française de 1900.

Par Kais Ben Ayed

Sir Wemyss Reid chez le général Ben Ayed

A Alya Baccouche Ben Said, descendante de Si Hmida Ben Ayed par La Mamia Ben Ayed.

Sir Thomas Wemyss Reid

Sir Thomas Wemyss Reid, plus souvent appelé Wemyss Reid  est né à Newcastle  le 29 mars 1842 et mort à Londres le 26 février 1905, c’était un grand journaliste et écrivain anglais. Wemyss Reid fut un des pionniers de la presse régionale britannique d’abord au Newcastle Journal puis au Leeds Mercury pour laquelle il obtint une reconnaissance nationale en réussissant à accéder aux galeries réservées à la presse à la Chambre des communes. Il écrivit aussi des biographies, dont celle de Charlotte Brontë et divers romans, dont “The Land Of The Bey” paru en 1882 à Londres dans lequel il raconte son voyage en Tunisie une année après l’occupation française de la régence de Tunis. L’auteur s’embarque depuis Marseille à bord du Charles Quint et arrive après quelques jours au port de la Goulette. Il passera quelques jours à Tunis et ses environs dont il fera une remarquable description, il s’aventurera jusqu’à Kairouan et retournera à Tunis en passant par le Cap Bon. Durant son séjour, il rencontrera plusieurs personnalités, dont le Général Hmida Ben Ayed avec lequel il passera une soirée mémorable.

Sir Wemyss Reid et sa rencontre avec Si Hmida Ben Ayed.

Sir Wemyss Reid raconte dans son livre : “C’est sous la direction de M. Lévy que lors d’une visite pendant mon séjour à Tunis j’ai eu le plaisir de vivre une expérience que je qualifierai d’unique, une vrai soirée de divertissement à l’orientale. J’avais rencontré chez M. Reade (Consul Général) un gentleman tunisien d’une noble et richissime famille, le Général Ben Ayed. Ce gentlemen est juste considéré comme le spécimen le plus beau de l’aristocratie mauresque vivant actuellement à Tunis. Cela peut paraitre étrange à raconter, le général est protégé britannique de naissance; son grand-père (Si Mohamed Ben Ayed) il y a une cinquantaine d’années s’était inscrit comme protégé du roi d’Angleterre afin de mieux protéger ses propriétés de la rapacité des Français qui, même à cette époque, avaient commencé à jeter leurs regards avides sur Tunis. Il possédait non seulement de splendides domaine, mais également de nombreux autres beaux palais dans le pays. Le général Ben Ayad prend plaisir à faire preuve d’hospitalité à tous les visiteurs anglais de la Régence…” Apprenant cependant que je n’avais à ce jour pas eu l’occasion d’assister à une de ces soirée de danses orientales caractérisant la Régence, il me convia gentiment à une soirée festive chez lui, qui sera organisée entièrement en mon honneur.”

The Land Of The Bey p. 213.
Passage Ben Ayed à Bab Jdid.
Cours du Palais Ben Ayed. Bab Jdid.

“M. Levy nous accompagnant, moi et deux de mes amis anglais résidant dans la Régence. L’heure fixée pour notre arrivée était sept heures et demie au soir, et peu avant cette heure nous partîmes de l’hôtel. Après une promenade de vingt minutes à travers un merveilleux réseaux de ruelles étroites avec des murs blanchis à la chaux de chaque côté, des arcades et portes voûtées ici et là, le chemin nous conduisit enfin sur une petite cour entourée de bâtiments apparemment de la plus grande misère. Tout était sombre et silencieux, on ne risquait de croiser personnes en ce lieu. Levy avait poussé une porte, et tâtant prudemment le trottoir avec son bâton ferré, montait un grand escalier à balustrade en chêne, des marches en marbre et des murs carrelés de céramiques. Personne n’apparaissait encore. Une lampe à huile solitaire projetait une lumière vacillante sur l’escalier, mais il nous semblait que nous étions rentrés dans une maison déserte.”

The Land of the Bey p. 215.


“Soudain, une porte s’était ouverte, et, comme par magie, toute la scène avait changée. Nous voyons devant nous un vaste appartement brillamment éclairé, dont l’extrême longueur ne pouvait pas être inférieure à soixante pieds, ni sa largeur inférieure à quarante. La demeure était brillamment éclairée à la fois par des lampes à gaz et d’innombrables bougies, ses murs richement carrelés et son plafond peint gaiement brillé lui aussi de luminosité. Il était meublé avec d’énormes miroirs balançant comme ceux utilisées par les femmes dans leurs chambres, des armoires de grandes tailles. Toutes les boiseries était en vermillon rouge le plus brillant, richement orné d’or, et l’effet général de cette splendeur barbaresque était si grand que j’étais rempli de surprise en me retrouvant dans cette belle salle, j’était complétement ébloui par la magnificence de cette scène qui était apparue soudainement devant nous. Des canapés aux couleurs éclatantes, de nombreuses chaises, des petites tables, etc., étaient éparpillés un peu partout sur le sol de l’appartement, et sur les murs étaient accrochés beaucoup de belles et vielles gravures, y compris, étrange à dire, un portrait du pape défunt – c’est plutôt curieux de trouver un tel objet dans la maison d’un musulman. “

The Land of the Bey p. 215.
Palais Ayed à Bab Jdid.

“Ben Ayed, son fils aîné et plusieurs parents ainsi que les domestiques, nous attendaient dans cet appartement, et le grand et majestueux général arabe m’accueillit chaleureusement. Il s’excusa en même temps de ne pas m’avoir pu mieux m’accueillir. Sa maison principale, semble-t-il, était à Sidi Bou Saïd, et en conséquence il ne pouvait que m’inviter à souper entre garçon. En m’expliquant cela il désigna en souriant une grande table ronde, sur lequel était disposé un repas qui promettait bien de la satisfaction et du confort pour les pauvres créatures affamées que nous étions. Puis il me conduisit dans un deuxième salon, une autre pièce encore plus belle que la précédente. Cette pièce faisait quarante pieds carrés. De tous côtés, il y avait des portes et des fenêtres avec de riches rideaux; de splendides canapés et chaises en or et cramoisi y étaient placés, sauf d’un côté de la pièce, où se trouvait un énorme canapé, d’au moins vingt-cinq pieds de longueur. Sur des consoles en marbre se trouvaient de précieux vases de Sèvres, et deux horloges en bronze doré, le don de Louis Philippe au grand-père de Ben Ayad (Si Mohamed Ben Ayed), mais la plus belle caractéristique de cette pièce était la belle arabesque du plafond, l’un des spécimens les plus parfaits de la décoration mauresque que je n’ai jamais vue autre part.”

The Land of the Bey p.216.
Palais Ben Ayed Bab Jdid.

“Comment cela aurait réjoui le cœur d’Owen Jones ! Un énorme lustre en cristal pendait du plafond, mais il n’était pas allumé, la pièce étant éclairée en lampe à huile et à gaz. J’avoue que pendant un instant j’étais complètement déconcerté par le changement soudain de la misère et de l’obscurité des rues de l’extérieur à l’intérieur brillant dans lequel je me retrouvé maintenant. Après avoir échangé un peu avec Ben Ayed, et bu du café, servi dans un beau service en argent par des serviteurs gracieux en habit arabe, les musiciens et les danseuses qui devaient nous divertir entrèrent. C’étaient des juives et des juifs dans leur costume traditionnel national. Ils s’accroupirent sur des coussins disposés au sol, et après avoir été servis de quelques rafraîchissements, ils commencèrent à jouer. Leurs instruments étaient un violon, une mandoline, un tambourin et une darbouka. Ils jouèrent une longue mélodie arabe plaintive, pittoresque et même bizarre, étonnamment différente de tout ce que j’avais entendu auparavant, en Turquie ou des gitans de Roumanie. Cette musique, qui était une sorte de prélude au divertissement, ayant cessé, nous sommes allés dîner. “

The Land of the Bey p. 217.
Dar Ben Ayed Bab Jdid.

“C’était un repas vraiment somptueux, presque tous les plats étaient cependant arabes. Nous avons commencé avec un délicieux couscous; puis vint, la boutargue, des œufs séchés de mulets rouges. Cette délicatesse, qui est faite à Bizerte, ressemble quelque peu au caviar, mais sans le caractère gras de ce dernier. Olives, radis, etc., étaient également en accompagnement. Ensuite, un autre plat arabe était servi, ce qui, cependant, n’était pas tout à fait très agréable au goût, celui se composait de beignets chauds et gras, contenant de la viande et des œufs; du poulet froid servi avec une sorte de pâte à l’œuf, très légère et délicate; un excellent mouton rôti; du foie gras en aspic, et un des plus bel assortiment de pâtisseries et de bonbons pour clôturer cette partie du repas. Je devrais mentionner ici que les bonbons et les pâtisseries étaient d’origine arabe et non italienne, et étaient les plus délicieusement parfumés à la pistache. Melons, grenades, et d’autres fruits exquis étaient servis après le repas, qui était accompagné par du Bordeaux, du Malaga, et un excellent champagne, la glace étant abondamment fournie avec le vin. Nous avons tous bu les uns aux autres, à la prospérité de la Tunisie, et de nombreux discours très polis fait par l’hôte et le reste d’entre nous, avaient étés prononcés.”

The Land Of the Bey p. 218.
Palais Ben Ayed Bab Jdid.

“A la fin de ce repas on retourna au salon, où nous avons écouté une nouvelle chanson donnée par tous les musiciens et danseuses. Aucun mot ne peut décrire cette mélodie particulière. C’était d’une extrême mélancolie, de longs gémissements, accompagnés de soudains éclats de discorde. On me raconta cependant que c’était la chanson d’amour préférée à Tunis. La plus jeune et la plus belle des danseuses ayant quittée la salle pour quelques minutes, réapparut en costume grec. Elle applaudit bruyamment pour donner le ton de la musique et commença à danser, la figure ressemblant quelque peu au “Highland Fling” (danse irlandaise), les mouvements étant plutôt grotesques que gracieux. Parfois elle faisait le tour de la pièce sur une jambe, parfois elle sautait comme une grenouille; parfois elle bondissait du sol, agitant des écharpes de soie au-dessus de sa tête. Puis la partie la plus intéressante de la danse commençait. Bien qu’il n’y ait pas eu de grossièretés dans sa performance, la femme étant décemment vêtu, personne ne pouvait rester insensible.”

The Land Of the Bey p. 219.
Dar Ben Ayed Bab jdid.

“A la fin de cette danse, des cafés, des cigares et des liqueurs ont été servis par toute une suite de serviteurs. Ben Ayed avait envoyé ses serviteurs se procurer certaines des meilleurs danseuses arabes pour nous divertir davantage; mais ses serviteurs étaient revenus bredouille. Ils avait réussi à se procurer les femmes, paraît-il; mais quand on a découvert qu’on leur demandait de danser devant un chrétien, les voisins lapidaires les malheureux domestiques, et empêchèrent les femmes de les accompagner ! Ce n’est que longtemps après minuit que je quittais le toit hospitalier de mon ami arabe, cinq de ses serviteurs m’escortèrent à travers les rues avec des lanternes et des armes à la porte de mon hôtel.”

Palais Ben Ayad de Bab Jdid.
L’une des portes du Palais Ben Ayed Bab Jdid.
Plafond du Dar Ben Ayed.
Sculpture du Dar Ben Ayed de Bab Jdid.
L’une des pièces du palais Ben Ayed Bab Jdid.

Extrait du livre “The Land of The Bey” 1881. Sir Wemyss Reid.

Par Kais BEN AYED

Sir Grenville Temple rend visite à Ben Ayed en 1834.

Sir Grenville Temple.

Sir Grenville Temple 10th est né le 20 juillet 1799, fils de Grenville Temple 9th (1768-1829). Pendant un certain nombre d’années, il fut officier dans le 15-ème régiment des hussards. Le 12 décembre 1826, il fut mis à la demi-solde dans l’armée. En février 1829, il succédera à son père et deviendra Baron de Stowe dans le comté de Buckingham. Le 5 mai 1829, il épousa Mary, fille de George Baring et Harriet Rochford D’Oyly, à Florence, en Italie. Ils eurent trois fils. Sir Grenville Temple en quelque sorte un artiste, et certains de ses dessins sont conservés au musée Victoria et Albert (V&A). Le 23 novembre 1841, il devient lieutenant-colonel. En 1835, il publie «Excursions en méditerranée. Alger et Tunis». Il mourut, très subitement, le 7 juin 1847 à l’âge de 48 ans à Constance, en Suisse.

Sir Grenville Temple et Ben Ayed.

Dans son livre Grenville Temple décrit son voyage dans la régence de Tunis, notamment sa visite chez le Général Mohamed Ben Ayed.

On peut y lire à la page 174 que Ben Ayed, Jelluli et Soliman Bel Hadj ont financés la rénovation de la Kasbah:

“La ville est composée de cinq grandes et belles casernes également construites par Hammouda Pacha dans différentes parties de la ville. Mais le plus beau bâtiment c’est la nouvelle caserne érigé par le Bey actuel, aux frais des trois principaux Maures de Tunis, à savoir, Ben Ayad, Jelooli et Suleyman Bel Hajj: cela leur a coûté environ six cent mille piastres, mais les matériaux ont été fournis par le gouvernement. Ce bâtiment forme un oblong carré de trois cents sur deux cents à vue d’œil, entourant une cour pavée de dalles en pierre, au centre de laquelle se trouve une belle fontaine…”

Excursions in Mediterranean, Algiers & Tunis p 174.

On y lit également à la page 205, une description de la visite de Sir Grenville Temple chez Ben Ayed probablement au palais de Bab Jdid.

“Lors de notre séjour dans la régence, nous avons visités plusieurs autres harems, qui bien que variant en degrés de richesse et de splendeur, étaient trop semblable en tous points pour en relater les différences. Nous avons rendus visite à la famille Ben Ayad, chez qui nous sommes allés après avoir quitté le Bardo, je n’oublierai pas de mentionner la rencontre avec sa belle-fille, qui est l’une des plus belles femmes que je n’ai jamais rencontré. Ses longs cils et ses grands yeux noirs de jais, ne seront jamais égalé de part la brillance, tout son visage pourrait être considéré comme un spécimen parfait de la beauté féminine, mis en valeur par la simplicité de sa coiffe mauresque, et son teint clair et foncé. Parmi les nombreuses familles mauresques que j’ai pu rencontrer, la famille Ben Ayad est la plus agréable et la mieux informées. L’épouse Ben Ayed, était une dame très gentille, joyeuse et qui aimait bien discuter, elle semblait ravie de nous voir et admirait notre accoutrement de manière excessive. Ben Ayad a offert un superbe petit-déjeuner composé de multiples gâteaux et de sucreries de toutes sortes, le champagne n’a pas non plus été oublié. Puis, Ben Ayed nous montra ses armes, qui étaient vraiment splendides, recouvertes de diamants, de rubis, de saphirs et d’émeraudes.

Excursions in Mediterranean, Algiers & Tunis p 205.

Enfin à la page 250 , l’auteur nous décrit la beauté des accessoires et chevaux appartenant au général Ben Ayed:

Le 5 novembre, je suis parti pour Utique, Ghar-el Milh, et Benzart, sur des chevaux que m’a prêté Sidi Mohammed Ben Ayad. Celui que je monté était une belle créature, avec des accessoires extrêmement riches, une selle recouverte de velours, richement ornementé de broderie d’or; la bride, qui, selon la mode à Tunis, brillée de motifs dorés, un plastron, était fait de larges pièces solides en argent, la chaîne du collier était également en argent.”

Excursions in Mediterranean, Algiers & Tunis p 250.
Par Kais Ben Ayed

Ben Ayed organisateur de la première exposition tunisienne à la Great Exhibition de Londres en 1851.

La Great Exhibition de 1851.

La Great Exhibition of the Works of Industry of all Nations de 1851 fut la première des expositions universelles. Elle eut lieu du 1er mai au 15 octobre 1851 à Londres. L’ouverture officielle de l’exposition eut lieu à Hyde Park, au sein du Crystal Palace, une immense bâtisse de verre (400 tonnes) et de métal (4 000 tonnes), conçue à cette occasion par le paysagiste Joseph Paxton (1801-1865) et réalisé par Owen Jones . Sur une superficie de 7,5 ha, près de 14 000 exposants, issus pour moitié de plus de quarante pays étrangers, pour moitié de l’empire britannique, étaient répartis en quatre sections qui furent reprises lors des expositions universelles postérieures : matières premières, machines, produits manufacturés, objets d’art.

Le Crystal Palace. 1851.

Dans un contexte de révolution industrielle, d’épanouissement du capitalisme et du libre-échange, les expositions industrielles, d’abord nationales, permettent de partager les inventions qui ouvrent les horizons du futur. En 1849, l’Exposition des Arts et Manufactures Industriels à Birmingham ouverte par le Roi Albert donna à ce dernier l’idée d’élargir ce concept à l’échelle internationale, afin de pouvoir confronter les progrès de toutes les nations. Le règne de Victoria démontra ainsi sa modernité et son adhésion à une philosophie libérale, où le commerce international serait garant de la paix et de l’épanouissement du génie humain.

Le pavillon « Tunisien ».

Le pavillon « Tunisien », également visible dans les illustrations de Dickinson, présente des objets décoratifs de style oriental, plusieurs produits tunisiens se feront connaitre de part le monde lors de cette exposition notamment, les poteries et céramiques tunisiennes, les textiles, la Chéchia, et autres.

The Great Exhibition: pavillon Tunisien. 1851.

Le Général Mahmoud Ben Ayed, sera chargé par Ahmed Pacha Bey d’organiser cet événement pour la Tunisie, il sera nommé haut commissaire pour cette mission comme en témoigne les correspondances de Sir Henry Addington, 1er vicomte Sidmouth , de Sir Stafford Northcote, de Sir Edward Baynes, de Lord Palmerston, de Santillana vice-consul Général de la couronne en Tunisie et enfin du général Ben Ayed lui même. Ces lettres appartiennent aujourd’hui à la collection royale dont nous avons réussi à nous en procurer une copie.

Mahmoud Ben Ayed avec l’aide du Consul Général feront le choix des produits qui seront à l’honneur durant cet événement, mais ils organiseront conjointement l’export et l’acheminement des produits choisis de Tunis vers Londres peu de mois avant le début de l’exposition ce qui nécessitera de grand efforts de logistique et de coordination à cette époque.

Lettre de Sir Nortcate. 28 février 1851.
Lettre de Sir Baynes. 16 Décembre 1850.
Lettre du Général Mahmoud Ben Ayed.
Traduction de la lettre du Général Ben Ayed par le vice-consul Santillana.
Selle de cheval tunisienne exposé à l’exposition universelle de Londres en 1851.
Objet décoratif en bois. 1851.
Pavillon Tunisien à Londres en 1851.

Empreinte de volonté pédagogique et d’affirmation nationale, la participation de la Tunisie à cette première Exposition Universelle de 1851 inaugura une pratique au succès retentissant jusqu’à nos jours, créant un dialogue artistique et technique au-delà des frontières.

Par Kais Ben Ayed.

La visite d’Heinrich Barth chez Soliman Ben Ayed.

Heinrich Barth, un explorateur hors pair.

À trente ans, le géographe allemand Heinrich Barth, qui parlait anglais, français, espagnol, italien et arabe, avait visité  plusieurs pays du Proche-Orient, la Tunisie et la Libye. L’explorateur anglais James Richardson, chargé par des sociétés protestantes anglaises d’étudier la piste de Tripoli au Soudan, ne trouvant aucun compatriote pour l’accompagner, fit appel à Barth et à Adolf Overweg, un géologue allemand. Partis de Tripoli le 25 mars 1850, ils atteignent Mourzouk, un marché d’esclaves au Fezzan, puis Rhat au Tassili, la ville des Touaregs qui leur sont hostiles pendant la traversée du Ténéré. Ils passent à Agadès. À Zinder, les explorateurs se séparent. Ils doivent faire leur jonction au bord du lac Tchad. Richardson n’y arrivera pas et Overweg mourra quelque temps après avoir recueilli des indications sur les crues et sur les parties navigables du lac. Entre-temps, Barth étudie les cours du Logone et du Chari, tous deux tributaires du lac Tchad. Il rejoint la Bénoué, affluent du Niger, à Yola, apportant ainsi des informations indispensables à une première explication du système hydrographique de la région.

Ses compagnons ayant disparu, il renonce à l’Afrique orientale et décide d’étudier le cours du Niger. Il rejoint celui-ci à Say et, passant par Hombori, atteint Tombouctou. Il y séjourne pendant six mois et écrit les premiers éléments d’une histoire des Songhaï à partir de manuscrits arabes. Il redescend le Niger jusqu’à Say, atteint le Tchad en passant par Sokoto et Kano, au Nigeria. Sur la route du retour, dans le massif du Bornou, il rencontre Vogel, un astronome allemand parti à sa recherche ; ce dernier, continuera le travail de Barth mais sera assassiné dans le massif du Ouaddaï.

Barth rejoint l’Angleterre par Tripoli (1855). Son voyage aura duré cinq ans, mais les informations ethnologiques, linguistiques, historiques et géographiques (relevé cartographique de 20 000 km2) qu’il rapporte sont les premières qui soient aussi rigoureuses et précises ; elles seront souvent confirmées par la suite. Il publia cinq volumes Reisen und Entdeckungen in Nord- und Central-Afrika (1857) qui furent traduits en anglais et en français : Voyages et découvertes dans l’Afrique septentrionale et centrale pendant les années 1849 à 1855 (1861), et obtint, seulement en 1863, une chaire à titre provisoire à l’université de Berlin. Jusqu’à sa mort en 1865, son pays refusa de reconnaître la valeur du premier explorateur scientifique du continent africain.

Illustration d’Heinrich Barth arrivant à Tombouctou.

Heinrich Barth chez Soliman Ben Ayed à Djerba.

Durant son voyage Heinrich Barth passa par la Tunisie qu’il explora du Nord au Sud, avant son départ pour Tripoli, il passa quelques jours à Djerba. Il nous raconte dans son mémoire que l‘après midi du 29 mars 1846, lorsque la chaleur se dissipait, il sortait en compagnie du chaouch mis à sa disposition pour se promener à travers les jardins avoisinants. Il fut rejoint par son ami Soliman fils du célèbre Sidi Mohamed Ben Ayed qui fut envoyé la même année en tant qu’en Ambassadeur d’Ahmed Bey auprès Roi Louis Phillipe de France. Soliman fut pendant de nombreuses année caïd-gouverneur de l’île de Djerba , Heinrich Barth le décrit comme un homme fort sympathique, de grande stature, au visage majestueux ornée d’une barbe à la couleur blanche argentée.

Amrah de Mustapha Pacha Bey destinée à Si Soliman Ben Ayed caïd-gouverneur de Djerba en 1835 pour accueillir le prince Hermann von PücklerMuskau.

Barth raconte : “Nous nous sommes assis tous les trois au sol à l’ombre d’un palmier, et on commença à discuter de choses et d’autres de la vie et de sujets concernant  chrétiens et musulmans.”

Petite parenthèse à ce sujet le caïd Soliman Ben Ayed avait accueilli quelques années auparavant en compagnie de l’agent consulaire de France d’origine algérienne Mustapha Ben Brahim, le pasteur Christian Ferdinand Ewald en 1835 qui venait prêcher l’Evangile aux juifs Djerbiens. Si Soliman les avaient accueillis honorablement et laissa la plus grande liberté au pasteur de diffuser son message comme bon lui semblait, l’ayant préalablement avertit de l’échec de sa mission.

Le pasteur Christian Ferdinand Ewald.

“Après cet échange, nous reprîmes notre balade et Soliman m’emmena dans sa grande propriété et m’expliqua les raisons pour laquelle celle-ci était mal entretenue par cause du manque de main d’œuvre depuis quelques mois. Il m’expliqua aussi que suite à l’abolition de l’esclavage (au mois de janvier de la même année) sous la pression des britanniques, certaines personnes abusant trop de leurs libertés et ne voulant plus travailler, avait formés des groupes de voleurs et faisaient dévier l’eau. Soliman m’emmena alors dans sa demeure dans laquelle il avait un bassin à poissons. Il me la fit visitait hormis la partie réservée aux femmes.”

Le pasteur Christian Ferdinand Ewald donne une brève description de cette magnifique demeure, il rapporte dans ses mémoires la visite du Saheb Ettaba chez le caïd-gouverneur Soliman Ben Ayed à Djerba qui voulant bien accueillir le ministre, l’invita dans son palais, celui-ci était meublé avec grand luxe et somptueusement aménagé que même les Rois auraient convoités. Devant ce décor le ministre ne resta pas insensible. Après quelques jours le caïd Soliman se voyait convoqué chez le Saheb tabaa afin de rendre des comptes, cette visite avait couté à Soliman Ben Ayed le prix de deux millions de piastres qu’il dut verser aux caisses de l’état.

Barth et Ben Ayed dinèrent ensemble à l’européenne ce soir là dans un luxueux salon, le chaouch accompagnant l’explorateur avait trouvé cela inapproprié car les Ben Ayed, suivant l’usage arabe, ne mangeait pas avec leurs hôtes. Le chaouch pour sa part en bon musulman mangea son repas par terre. “

Extrait de Semilasso in Africa de Hermann von Pückler-Muskau. Extrait des mémoires de Heinrich Barth. Extrait des mémoires de Christian Ferdinand Ewald.

Par Kais Ben Ayed

Etude des céramiques du Ksar Ben Ayed

« Parmi les pièces anciennes les plus importantes que nous a léguées Ie passé de Djerba, il faut mentionner en premier lieu le magnifique ensemble de revêtements céramiques du Palais des Ben Ayed. Ce palais, ou plutôt cette succession de palais, est bâti à un kilomètre environ au nord de Mahboubine, à la limite des deux fractions de tribu des Fadeloun et des Gharzroun, il fut l’œuvre d’une génération de Ben Ayed. Sur les murs et les pavés des pièces, s’écrit une page de l’histoire de la poterie de Guellala ( Ph. Vll.1).

Pavements

Les modèles

Les plus anciens pavements sont formés de pavés carrés ou rectangulaires de 20 cm X 20 cm ou 20 cm X 15 cm environ et de 0,03 cm d’épaisseur, en terre ordinaire non émaillée. Ce genre de carreaux est encore utilisé à l’heure actuelle dans quelques habitations de l’île.

Dans l’ordre chronologique donné par l’âge des bâtiments viennent ensuite des carreaux de 20 cm X 20 cm X 3 cm d’épaisseur, émaillés entièrement en jaune et présentant des dessins en lignes marron foncé avec, parfois, quelques touches de vert, mais rarement (pl. Vll.1.2.3.4). Le décor en est floral et géométrique. Il dénote chez l’artisan la hantise du tour: cette fabrication choquait ses habitudes de travail et le potier était heureux de placer le carreau sur son tour pour y tracer les motifs de la décoration: spirales, cercles concentriques, etc. L’émail est de très bonne qualité, épais et sans défauts. Les Ben Ayed savaient y mettre le prix.

De la même époque, mais paraissant plus récents, sont des carreaux légèrement plus petits et un peu moins épais, émaillés mi-partie jaune, mi-partie vert suivant une diagonale et rappelant la technique d’émaillage des «sqâla» (pl. Vll.5). Ces «zlîz» tapissent principalement le sol d’une très curieuse partie de l’habitation : un belvédère à un étage et à ciel ouvert où se tenaient les invités des Ben Ayed, pour assister à des fêtes données dans une immense cour. La juxtaposition et l’harmonie des tons des carreaux, presque tous différents, offrent à l’œil un ensemble d’une rare originalité. Certain poète a même comparé ce pavage à un champ de boutons d’or. L’émail des pavés est de bonne qualité, le jaune est assez pâle et teinté de vert très légèrement; cela semble provenir d’un manque de soin à l’émaillage, le plomb et l’antimoine ayant été souillés par un peu d’oxyde de cuivre qui, comme on le sait, possède un pouvoir colorant intense.

Plus près de nous dans le temps, certaines pièces d’habitation sont pavées de petits carreaux de 9 cm X 9 cm X 2 cm d’épaisseur. Ici apparaît pour la première fois l’usage de l’émail stannifère. Les petits pavés sont émaillés mi-partie blanc, et mi-partie noir, suivant une diagonale. Mais le manganèse rajouté par dessus la couche d’étain a donné un noir, violet très doux. Le blanc est un blanc pur (pl. V/1.6).

De par leur décor, ces pavés se prêtent à des combinaisons multiples : encadrements, frises pour murailles, motifs centraux, semis de dessins, etc. De plus, pour compléter ces agencements, l’artisan utilisait d’autres petits carreaux triangulaires de 9 cm de côté entièrement blancs ou entièrement noirs qui servaient à monter des rosaces centrales et des filets très curieux.

Ce serait une erreur de placer à la même époque les petites plaquettes émaillées noir· de 9 cm X 3 cm. L’examen de leur émail et les conditions de leur emploi les rangent parmi les poteries suivantes.

Ces pièces sont les plus riches. Elles rappellent les pavements céramiques des vieilles habitations tunisiennes.

Au sujet de cette série de carreaux, nous savons par tradition orale qu’ils furent exécutés à Guellala par des artisans amenés de Tunis. La famille «Sakkâl» fut chargée de la fabrication des carreaux jusqu’à la cuisson du dégourdi; les potiers tunisois les décorèrent et les émaillèrent. De la même époque paraissent dater de grands carreaux blancs à motif central floral d’inspiration visiblement italienne, ainsi que d’autres pavés plus petits, aux coins ornés de violet cru, qui semblent beaucoup plus récents et dont l’origine est discutable.

Il est pour ainsi dire impossible de trouver d’autres carreaux émaillés ailleurs qu’au Palais des Ben Ayed. Il ne faut pas oublier que le Djerbien manifeste un certain dédain pour ce qui est de la décoration de son intérieur; son esprit très religieux considère ce luxe comme amollissant et peu conforme aux prescriptions religieuses. Il a appartenu à la famille Ben Ayed de montrer que Guellala pouvait faire quelque chose dans cet ordre de travaux, et ces essais frustres et rustiques, mais marqués au coin d’un cachet très heureux, indiquent un chemin intéressant où pourrait s’engager l’artisan Guellalien.

Les techniques

L’examen de ces carreaux émaillés et les souvenirs des vieux potiers permettent de reconstituer la technique employée pour leur fabrication. Le moule, simple cadre de bois, était placé sur le sol sableux de l’atelier et garni d’argile fortement tassée avec les mains et lissée sur le dessus avec la paum!= des mains mouillées. Après un court séchage, le carreau était démoulé. Il passait alors sur un «gâleb» en bois dur, abricotier, paraît-il, en forme de tronc de pyramide très plat. Le potier plaçait le carreau, côté à émailler contre le «gâleb», sur la petite face. A l’aide d’un couteau qu’il faisait glisser sur les bords du modèle (dont la position déterminait
l’angle de coupe), il retaillait les bords du «zlîz» (fig. Vll.1a.b.c).

Emaillage des carreaux.

Cette pratique du retaillage en biseau avait pour but de masquer l’imperfection de la fabrication, en facilitant l’ajustage des dessus des carreaux qui, sans cela, auraient présenté entre eux des surfaces de ciment ou de mortier de liaison, par trop considérables.

L’enfournage se faisait curieusement. A l’aide de tessons ou d’autres poteries, le «gorbêl» du four était égalisé en surface plane. Les carreaux à émailler, crus ou cuits, étaient dressés debout, trois par trois, de façon à .former une multitude de triangles. Une seconde couche était placée sur la première de la même façon mais en croisant les triangles, et ainsi de suite. Cette disposition, si elle ne permettait pas d’utiliser la totalité de la capacité du four, offrait l’avantage,
surtout pour l’émaillage, d’un tirage accéléré et d’une meilleure répartition de la chaleur (fig. VI/.2 et 2bis).

Enfournage des carreaux.

Une collection complète des carreaux émaillés provenant du Palais des Ben Ayed était jadis exposée au Centre des Arts Tunisiens de Djerba, dans la pièce réservée aux objets anciens (ph. VII.1 à 4).

Au sujet des anciennes poteries émaillées de Guellala, il convient de dire un mot sur une famille de potiers célèbre encore dans les annales djerbienne : la famille « Sakkâl». Ce nom de Sakkâl ne serait peut-être qu’un surnom qui a remplacé le nom véritable perdu dans l’ombre du passé. Sakkâl signifie brillant, qui brille; les Sakkâl, il y a plus de trois siècles, paraît-il, avaient le monopole des belles pièces émaillées à Guellala; leur renommée allait jusqu’en Tripolitaine et à Constantine. Leur art se perdit vers la fin du XIX.ème siècle. Aujourd’hui il ne reste plus que le souvenir, le nom et quelques pièces (2). »

Aspect d’un patio du palais Ben Ayed.
Zliz ancien bi-chromés d’origines djerbienne (Palais Ben Ayed)
Zliz et carreaux d’origines diverses. (1967)
Carreaux anciens émaillés, importés de Tunis (Palais Ben Ayed).
Dans une des pièces du Palais Ben Ayed, carreaux de céramique d’origine diverse.
Carreaux d’origine diverses (Palais Ben Ayed).

Autre point de vue et précision.

« Dans le livre de Jacques Revault, Palais et demeures d’été de la région de Tunis (XVIe-XIXe siècles), (Paris, Éditions du Centre national de la recherche scientifique – 1974), p 150, l’auteur raconte que le Général Mahmoud Ben Ayed a fait venir d’Italie des artisans céramistes sardes. Il les auraient installés dans des ateliers à proximité des bans d’argile fin de la colline de Gammarth. Ces artisans n’ont aucun rapport avec les potiers de Qallaline. Les italiens ont introduit avec eux un savoir-faire différent, notamment au niveau de la coloration. Ces ateliers ont travaillés exclusivement pour Ben Ayed, en fabriquant carreaux, vaisselle, vases et divers objets de décoration. La rareté des carreaux qu’on appelle aujourd’hui « Vieux Gammarth » vient du fait qu’on ne les trouve que dans les résidences de Ben Ayed, et rarement dans d’autres demeures, comme le Dar Bouhachem à Tunis, où l’on peut voir 4 panneaux de faune et de flore exceptionnels. On suppose que pour le palais Ben Ayed de Djerba, des modifications et des agrandissements ont été réalisés au XIXe siècle et que des ornementations de céramiques ont été rajoutés aux nouveaux décors du palais. Certains spécialistes stipulent que les « Vieux Gammarth » sont facilement reconnaissables d’abord par leurs dimensions, ensuite à leur fond blanc et enfin et surtout à la palette de couleurs qui les distinguent des autres fabrications autochtones. Seulement il faut être vigilant car des imitations ont été faites dès le XIXe notamment par les ateliers de Qallaline, mais ces imitations restent grossières et peu raffinées par rapport aux Gammarth.

Extrait de “Les potiers de Djerba” de Jean-louis Combès et André Louis (1967).

Extrait de “Palais et demeures d’été de la région de Tunis (XVIe-XIXe siècles)” de Jacques Revault, (Paris, Éditions du Centre national de la recherche scientifique – 1974)

Par Kais Ben Ayed

La mosquée Hadherbach – جامع حاضر باش

Cette mosquée est située à un kilomètre de Midoun, sur la route de Mahboubine.

On raconte à tort que cette mosquée a été édifiée par Mahmoud Ben Ayed. Elle aurait été construite plutôt par Ali Ben Ayed dit Ali HadherBach dont nous avons raconté l’histoire glorieuse précédemment. Cette mosquée daterait donc du 18-ème siècle, et serait probablement plus ancienne que la mosquée El Gayed édifiée par le caïd Hmida Ben Ayed à Cedghiane en 1785. car Ali HadherBach était l’oncle du caïd Hmida et serait décédé à cette période .

Pour l’Histoire c’est dans cette mosquée que le célèbre Salah Ben Youssef aurait appris à écrire et à lire le Coran.

La mosquée Hadherbach en images.

Ancienne photo de la mosquée Hadherbach.
Autre vue ancienne de la mosquée Hadherbech de Mahboubine.
Mosquée Ali Ben Ayed dit Hadherbech à Mahboubine.
Mosquée Hadher bach à proximité de Midoun.
Vue récente de la mosquée Hadher bach.
L’actuelle mosquée Ali Ben Ayed dit Ali Hadhe bach.

Kobèt El khyèl du mausolée Sidi Zitouni

L’ancien musée des traditions et des arts populaires de Djerba a été aménagé dans la Zaouïa de Sidi Zitouni à Houmet Essouk. Ce monument a été édifié à la fin du XVIIIème siècle par Hmida Ben Ayed, alors gouverneur, Guèyed (Caïd), de l’île de Djerba pour commémorer les actes méritoires du Sheikh Abou Bakr Ezzitouni en matière de magistrature et surtout pour avoir enraciné l’emprise du Malékisme dans l’île. Ce mausolée est l’une des merveilles architecturales incontournables de l’île de Djerba.

L’édifice comprend une bibliothèque, une cuisine, deux cours et trois salles principales. La première, dite El Fnâr était, à l’origine, un patio ouvert mais les adeptes de la confrérie de Sidi Camer l’on couvert au XIXème siècle. Cette salle se compose d’un espace médian de forme carrée, entouré des quatre côtés par des travées dont deux sont ornés de plafond en bois. Alors que le toit des deux autres  se compose d’un ensemble de trois coupoles. Le plafond de l’espace médian est en bois et se distingue par sa hauteur et ses quatre fenêtres rectangulaires. En effet, cet espace est surélevé par rapport au reste de la salle.

À l’extrémité de la travée Est du côté nord, se trouve une petite salle couverte d’une coupole dont les murs sont ornés par des motifs en plâtre sculpté. À l’extrémité ouest de la même travée, se trouve une autre petite salle couverte d’une voûte longitudinale. Une deuxième salle, appelée La Coupole du fantôme, kobèt El khyèl, est carrée et surmontée d’une grande coupole. Cette salle n’a pas pu être datée, mais elle semble être la partie la plus ancienne. Les sources orales affirment qu’elle servait au traitement des maladies mentales.


La salle funéraire qui remonte au XVIIIème siècle est de forme carrée, pavée de carreaux de faïence, couverte d’une coupole hémisphérique composée de goulots de céramique, couverte de l’extérieur par des tuiles plates vernissées en vert. Sur les murs de cette salle figurent des encadrements en plâtre sculpté. On présente également dans cette même salle des cénotaphes trouvés dans la Zaouïa, en bois ouvragé et peint. Ils recouvraient peut-être les tombes de Sidi Zitouni et de ses descendants.

Découvrons ce magnifique édifice en images.

Ancienne photo de la Zaouia Sidi Zitouni.
Vue de Zaouiet Sidi Zitouni édifié par Hmida Ben Ayed.
Entrée du mausolée Sidi Zitouni.
Porte d’entrée de la zaouia Sidi Zitouni.
Salle El Fnâr de forme carré
Plafond de la salle El Fnâr .
Salle kobèt El khyèl
kobèt El khyèl
Salle funéraire
Cénotaphe de la salle funéraire.
Kobèt El khyèl
Vue extérieure du mausolée.
L’un des plafond sculpté de la Zaouia Sidi Zitouni.

Le mausolée accueillait en musée des arts et des traditions populaires de Djerba, il est inauguré dans les années 1970 et occupait l’espace du mausolée. À la suite de l’agrandissement et de la réhabilitation du musée le nouveau musée est inauguré sous son nom actuel le 17 décembre 2008 et le mausolée n’est désormais qu’une partie d’un plus vaste ensemble.

Par Kais Ben Ayed