Si Redgeb Ben Kacem Ben Ayed, (frère du Général et Caïd de l’Aradh Hmida Ben Ayed) était été proche du Ministre Mustapha Khouja et des milieux du négoce pro-français : il servait à la fois de financier au bey et de fermier des douanes portuaires. Il est nommé caïd du cap Bon de 1779 à 1800, l’année de sa mort. Son fils Si Mustapha Ben Ayed lui succédera dans cette charge de 1800 à 1805.
Les frères Redgeb et Hmida Ben Ayed sont les fondateurs de la successions de Palais à Djerba Cedghiane, et à Tunis Bab Jdid. Si Regdeb sera nommé le 2 février 1783 par Hamouda Pacha Grand Douanier de Tunis comme en témoigne la lettre suivante, postes que son oncle Ali Ben Ayed avait préalablement occupés:
“D’ESPARRON AU MARQUIS DE CASTRIES.
Tunis, 2 février· 1783. – La fuite de Sidi Ismail n’a fait aucune sensation au Bardo et n’a eu d’autre effet que d’affermir encore le crédit de Sidi Mustapha. Cette fuite est une perte pour la nation, qui n’a eu qu’à se louer de Sidi Ismail en sa qualité de grand Douanier.
Le Bey a disposé de celte place en faveur de Sidi Ben Ayed, qui jouit de la considération publique. Le sieur d’Esparron a rendu visite à ce nouveau Douanier, qu’il a trouvé fort bien disposé pour la nation française.
(Affaires Etrangères Consulat de Tunis.)”

Dans une seconde lettre du Consul Général Devoize à Talleyrand, Devoize décrit Si Redgeb comme “un estimable musulman qui a montré des sentiments humains pour les esclaves français”. Son neveu Si Mohamed Ben Ayed en héritera puisqu’il jouera un rôle primordiale avec le consul général Sir Thomas Reade dans l’abolition de l’esclavage en Tunisie.

“DEVOIZE A TALLEYRAND.
Tunis, 20 septembre 1800. – … Le Sahib-Tapa, favori du Bey, se montre jaloux de bien mériter du gouvernement de la République par ses bons offices auprès de son maitre. Il me témoigne amitié et confiance … »
Devoize demande à Talleyrand quelques cadeaux pour le Sahib-Tapa:
une boite d’or à charnière, enrichie de quelques diamants, du prix d’environ 1OO louis; pour le premier ministre et beau-frère du Bey, pour le Bey, pour Mariano Stinca, secrétaire particulier de ce Prince pour la correspondance italienne, qui, sans cesse auprès du Bey, a tous les moyens de nuire et de servir »; pour les grands écrivains, pour les officiers du Bey, pour Sidi Redjeb Ben Ayed, Grand douanier, « un estimable musulman qui a montré des sentiments humains pour
les esclaves français » Les Anglais versent l’or à pleines mains, et ce n’est pas tant pour leurs intérêts que dans la vue de nuire aux nôtres.
(Affaires Etrangères Consulat de Tunis.) »

Redgeb ou Regeb Ben Ayed, Grand Douanier de Tunis, et Caïd du Cap-Bon, à construit le vieux canal de La Goulette, sous le régné de Hamouda Pacha. (Extrait du livre Ahmed Ibn Abi Dhiaf, Présent des hommes de notre temps).


Nouvel épisode de l’histoire de la course en Tunisie.
Il y a quelques jours j’avais partagé cette lettre de Hussein Bey à Ali Ben Ayed, caïd de Djerba, au sujet de la vente de 1000 métars d’huile (19200 litres) en 1822, au français Fuzier.
الحمدالله وصلي الله علي سيدنا محمد
حفظكم الله تعالي المكرم الأجل ولدنا علي بن عياد قايد جربة أكرمه الله السلام عليكم و رحمة الله و بعد اشتري منا النصرني فوزي الفزصوي الف مطر… زيتا بمعيار تونس من زيت المشتري الذي علي يدكم من جربة … ابننا حسين خوجه لما يأتيكم نائب النصرني المذكور طلع له الزيت المذكور من مرسى المكان … تحت يدكم يقوم مناح التذكرة كأننا ابطلنا تذاكر السراح ولايطلع الزيت الا بامرنا والسلام من الفقير الي ربه حسين باي وفقه الله تعالي امين و كتب يوم … (1822)
En parcourant d’autres documents je retouve le nom Fuzier dans ce contrat de vente de deux prises napolitaines, une Tartane avec son chargement et une Polacre vide, appartenant à Sidi Redgeb Ben Ayed, en faveur des Sieurs Philippe Étienne Fuzier et Cie.
“L’an mil sept cent quatre vingt neuf et le neuvième jour du mois d’octobre avant midy, par devant nous chancelier du Consulat Général de France, en cette ville du royaume de Tunis soussignés et des témoins bas nommés, fut présent Sidy el Hadge Ahmed Ben Younes, homme d’affaire de Sidy Redgeb Bin Ayat Grand Douanier de cette ville lequel en vertu du pouvoir à lui donné par la lettre de ce jour du dit Sidy Regeb Bin Ayat, a cédé, vendu et transporté aux Sieurs Philippe Étienne Fuzier et Cie négociant français résident en cette échelle, icy présent, stipulants et acceptant, savoir deux prises napolitaines, faites en dernier lieu par un corsaire de cette Régence appartenant au dit Sidy Redgeb Bin Ayat, consistant la première en une Tartane chargée de blé et catania, la prise ayant été vendu avec son chargement pour le prix et somme de deux milles sequins zermaboubs franc et libre de tous droits quelconques, la seconde prise consistant en une Polacre aussi napolitaine vide laquelle vendue pour le prix et somme de six mille pilastres mo.noye de Tunis franc et libre de tous droits quelconques actuellement ancrés à la Galipoli lesquelles deux sommes de deux milles sequins zermaboubs et six milles piastres de Tunis, le dit Sidy el Hadge Ahmet Bin younes en vertu du pouvoir à lui donné, et au nom de Sydi Redgeb Bin Ayat Grand Douanier en cette ville, demi et dépouille, tout de la dite Tartane napolitaine avec son chargement que la ditte Polacre vide, conformément aux deux inventaires qui ont été dressés en ce lieu et dûment investi les dits Sieurs Fuzier et Cie acquéreur pour prendre possession des deux sus dittes prises dés ce jour, et en faire et disposer à leur plaisir et volonté, comme choses leurs appartenants en propre, moyennantles deux dites sommes de deux milles sequins zermaboubs, et six milles piastres de Tunis, qu’il a reçu et dont il tient quitte les sus dits Sieurs acquéreurs, avec promesse de garantie et qu’il ne leur sera jamais fait aucune recherche, sous l’obligation de tous ses biens présents et avenir, dont acte, fait et publié au dit Tunis en. Ettz chancellerie de France des Sieurs Phillipe Étienne Fuzier et Joachim Bouzige, négociants notables de cette échelle, témoins requis et signés avec les parties, savoir, le dit Sidy el Hadge Ahmet Bin Younes, procureur fondé du dit Sidy Reggeb Bin Ayat, les Sieurs Phillipe Étienne Fuzier et Cie acquéreurs et nous dit Chancelier.”
Apres quelques recherches, je découvre que Phillipe Étienne Fuzier s’était installé à Tunis pour fonder sa maison de commerce des 1785 avec son frère puis son neveu. Ces deux documents illustrent comment les relations commerciales ont été établis pendant plus de trente ans entre les deux familles et ce sont transmises d’une génération à l’autre.

Il y a 233 ans jour pour jour, le 7 Mars 1791, Sidy Redgeb Ben Ayed achetait le trois mâts corse appelé Le Général De Paoli vendu par Antoine Louis Santelly de la Bastia. Entre un Djerbien et un Corse les affaires ne peuvent être que fructueuse…
Contrat de vente d’un bateau corse à trois mâts appelé Le Général De Paoli en faveur de Sidy Redgeb Bin Ayat (Ben Ayed) Grand Douanier de cette ville acquéreur.
L’an mille sept cent quatre-vingt-onze et le septième jour du mois de Mars, après midy, par devant nous Chancelier du Consulat Général de France en cette ville et Royaume de Tunis, soussigné et des témoins bas nommés, à été présent le Sieur Antoine Louis Santelly de la Bastia en Corse, propriétaire d’un bateau à trois mâts appelé Le Général De Paoli, lequel a dit declaré, comme il dit et déclare avoir vendu à Sidy Redgeb Bin Ayat Grand Douanier de cette ville, représenté par le Sieur Louis Giano, icy présent et acceptant, son dit bateau dans l’état où il se trouve, avec tous ses agrais et apparaux et deux rechanges de voiles, pour cent soixante seize caffis d’orge de la meilleure qualité qui se trouvera, franc à bord de tous droits quelconques, que le dit Sieur Bin Ayat Grand Douanier s’oblige de fournir, pour le prix du dit bateau, au dit Sieur Santelly à la première demande qu’il lui en fera, et moyennant le présent accord, le Sieur Santilly s’est démis et dépouillé de son dit bateau et en a investi Sidy Redgeb Bin Ayat Grand Douanier de cette ville, pour en faire jouir et disposer à son plaisir et volonté, comme chose acquise à juste titre, moyennant les sus-dits cent soixante seize caffis d’orges, promettant au Sieur Santelly d’être tenu au dit Sidy Regdeb Bin Ayat de toute éviction et garantie générale et particulière envers et contre qu’il appartiendra sous dues obligations et renonciations. Dont acte , fait et publié au dit Tunis en cette Chancellerie de France en présence des Sieurs Joseph Etienne Famin et Jacques Bourige, témoins requis et signés avec le Sieur Antoine Louis Santelly vendeur, le Sieur Louis Giano faisant pour et au nom de Sidy Redgeb Bin Ayat Grand Douanier de cette ville, acquéreur et nous dit Chancelier.

Sidy Regeb Ben Ayed, est Grand Douanier de Tunis en 1788. Il meurt en 1800.



Vente de huit sandals ou soit bateaux de construction tunisienne passée par Sidi Regeb Ben Ayed Douanier en faveur des sieurs Louis d’Audibert Caille et Joseph Cesar Bellier députés, agissants pour la Nation.
L’an mil sept cent quatre vingt quatre (1784), le quatrième jour de mois d’Octobre avant midi, par devant nous chancelier du consulat de France en ce Royaume de Tunis soussigné et témoins bas nommés fut présent Sidi Regeb Ben Ajad, caïd du district de Soliman et Grand Douanier de cette ville dans laquelle il fait sa résidence ordinaire, lequel de son gré et libre volonté, a déclaré, et le déclare par les présentes, avoir vendu et transporté dès maintenant aux sieurs Louis d’Audibert Caille et Joseph César Bellier députés en exercice de la nation française résidente en cette échelle, ici présents, stipulant et acceptants huit sandals ou soit bateaux de construction tunisienne servant ordinairement aux chargements et déchargements des navires marchands avec tous les agrès, apparaux et ustensiles qui leurs sont propres pour être en état de navigation lesquels sandals le dit vendeur a fait apparaitre lui appartenir en propre et promet garantir de tout trouble et empêchement généralement quelconques la dite vente a été faite et passée pour les prix et somme de six mille quatre cent cinquante piastres de Tunis: savoir; 600 piastres, pour prix du sandal que montait ci devant le Rais Mashoud Maabouli, actuellement ancré à Soliman; 650 piastres pour prix de celui que montait ci-devant le Rais Mohamed Maabouli, actuellement ancré au dit Soliman: 800 piastres, pour celui que montait ci-devant le Rais Mohammed Hammami, actuellement ancré au dit Soliman; 700 piastres pour prix de celui que montait ci-devant le Rais Hajat actuellement ancré à la marine; 900 piastres pour prix de celui que montait ci devant de Rais Assan Heggiage, actuellement ancré à la marine; 800 piastres pour prix de celui que montait ci-devant le Rais Ali El Maabouli actuellement ancré à la marine; 900 piastres pour prix de celui que montait ci devant le Rais Mubarec Maabouli, actuellement ancré à la marine; enfin 1100 piastres pour prix de celui que montait ci-devant le Rais Meshoud Boulaba actuellement ancré à Porto Farine; le tout faisant comme il a été dit ci dessus la somme de six mille quatre cent cinquante piastres de cette monnaie que le dit Sidi Regeb Ben Ayed vendeur confesse et reconnait avoir reçu tout présentement comptant, au vu de nous Chancelier et des témoins sous nommés, des mains des Sieurs Louis d’Audibert Caille et Joseph César Bellier députés en exercice de la nation française, auxquels il a fait sa quittance et décharge en la meilleure forme possible, et en faveur desquels le dit vendeur, content et satisfait, s’est démis et dépouillé des huit sandals avec tous les agrès, apparaux, ustensiles qui leurs sont propres pour être en état de navigation aux fins d’en faire jouir et disposer les dits acquéreurs à leurs plaisir et volonté comme chose leur appartenant, a commencé la jouissance de la date du présent acte, promettant formellement, le dit Sidi Regeb Ben Ayad vendeur de leur être tenu de toute garantie et recherche de la part de qui que ce puisse être, à ce jour l’obligation, de tous ses biens présent et avenir. Les dits Sieurs Louis d’Audibert Caille et Joseph César Bellier, députés en exercice, acquéreurs ont déclarés avoir fait l’achat de ces huit sandals, aux fins et la délibération de la nation en date de ce jour, de ses propres deniers et pour son propre compte, suffisamment autoriser à cet effet par Monsieur d’Esparron Vice-consul chargé des affaires du Roy auprès de son Excellence le Pacha Bey de Tunis et de tout acte acte fait et publié au dit Tunis en Chancellerie en présence de Monsieur James Traill consul de Sa Majesté Britannique et de Monsieur Arnold Henri Nyssen consul de leur leurs hautes puissances résidents en cette ville, témoins requis, appelé à soussigné avec Sidi Regeb Ben Ajad, vendeur, les sieurs Louis d’Audibert Caille et Joseph César Bellier Députés en exercice acquéreurs et nous chancelier présent original;
Signataires
James Traill
Arnold Henri Nyssen
Louis d’Audibert Caille
Joseph César Bellier
Sidi Regeb Ben Ayed