Ahmed BEN AYED

“Le temps n’est point invariable, mais il est composé de surprises et de déceptions”

Cheikh Abderahman Al Djabarati.

Ahmed BEN AYED: un voyage au Caire à contre cœur.

Ahmed Ben Ayed (Ibn Ayad ou Ayed) était l’un des personnages les plus en vue à Tunis. Il y occupa les postes les plus élevés. Il fut même Khaznadar de Hamouda Pacha.

Un de ces jours, jaloux de sa fortune et de sa renommée, il survint entre Ahmed Ben Ayed et Ismail Bey, Bey de camp de Hamouda Pacha, un différend qui l’obligea à quitter la ville. Si Ahmed réunit alors ses parents, ses enfants et s’embarqua dans la précipitation pour Alexandrie.

Arrivée au Caire.

A son arrivée, un capitaine corrompu voulut confisquer ses biens et l’emprisonner mais Si Ahmed connaissait le Cadi d’Alexandrie, Noomen Effendi, qui intercéda en sa faveur et l’en débarrassa. Ahmed Ben Ayed offrit à Noomen Effendi la somme de 1000 dinars comme présent pour l’avoir sorti d’affaire.

Vue de Boulaq, quartier du Caire en Egypte.

Ben Ayed et sa famille se fixèrent au luxueux quartier de Boulaq au Caire sur la rive du Nil. C’était en 1778. Il était accompagné d’un enfant en bas âge et de douze odalisques blanches des plus belles. Elles étaient habillées à la mode maghrébines et si admirablement belles qu’elles auraient pu tenter un Saint;

Si Ahmed était accompagné de nombreux mamelouks. Il était richissime et possédait un grand nombre d’objets de valeurs. Il demeura dans sa résidence de Boulaq, et y vécu très discrètement, isolé du reste du monde. Il ne sortait que très peu et ne fréquentait que peu de gens.

Quelques uns des membres de sa famille et de ses compatriotes venaient lui rendre visite. Il vécu ainsi jusqu’en 1786. Durant ces années, il avait perdu beaucoup de ses hommes et de ses femmes.

Un problème non résolut, vous rattrapera toujours.

Fuite d’Ismail Bey de Tunis.

La roue venait également de tourner pour Ismail Bey. Non conformiste s’adonnant aux plaisirs de la vie plus qu’aux exigences de la vie politique il fut contraint de prendre la fuite pour échapper à la colère de Hammouda Pacha. Il se fixa à Constantinople où il fit la connaissance de Hassen Pacha. Ismail s’y attacha et parvint à gagner la confiance du Pacha. Il se mit à son service et devint même son Bey de camp.

Durant l’année 1786, Hassan Pacha se rendit en Egypte où il débarqua au Caire en compagnie de son serviteur Ismail Bey. Ahmed Ben Ayed apprenant leur arrivée adressa un présent à Hassan Pacha en signe de courtoisie qu’il accepta, mais Ismail qui avait gardé secrètement une grande rancœur contre l’ancien Khaznadar, ne manqua pas de le médire. L’injustice se manifeste dans la force et se dissimule dans la faiblesse.

Hassan Pacha invita Ben Ayed au près de lui, en garantissant sa sécurité, mais ce dernier ayant gardé un mauvais souvenir de Ismail Bey et connaissant les desseins qui se préparaient manifesta un refus catégorique.

Quelques jours plus tard, Hassen Pacha envoya ses messagers pour contracter un emprunt auprès de Ben Ayed. Ce dernier refusa et renvoya les messagers du Pacha. Les messagers, rendirent compte à Ismail Bey de leur mésaventure. Il y vit alors une occasion pour régler ses comptes avec Ben Ayed qu’il haïssait.

Une Rue à Boulaq.

Une triste fin.

Ismail Bey, prit son cheval sur le champs et se rendit à la demeure de Ahmed Ben Ayed à Boulaq. Il y entra sans autorisation. Il appela le maitre de la maison qui lui répondit fort courtoisement, mais refusa de venir à sa rencontre. Si Ahmed Ben Ayed* se réfugia dans son Harem croyant que par pudeur on n’y viendrait pas le chercher. “Ne vous suffit-il pas que je vous ai laissé Tunis; faut-il encore que vous veniez me tourmenter jusqu’ici ?” s’écria t-il. Et, il tira des coups de fusil en direction d’Ismail, deux hommes de sa suite furent touchés et tombèrent morts. Mais Ismail ayant l’avantage numérique , réussi à s’emparer de Si Ahmed et lui coupa la tête. Il voulut même tuer son fils, mais la mère de l’enfant s’interposa et supplia Ismail d’épargner son fils. Il y consentit, puis ordonna de faire sortir le cadavre d’Ahmed Ben Ayed hors de la ruelle. On la jeta sur le chemin principal à la vue des passants. La demeure de Ben Ayed à Boulaq fut alors évacuée de ses femmes et de ses gens de services. Les portes furent finalement scellées.

*Ahmed BEN AYED, serait le fils de Ali Ben Ayed, Grand Douanier de Tunis, et frère de Kacem Ben Ayed.

Par Kais Ben Ayed