La mille deuxième nuit d’Orient

C’est dans le cadre très oriental d’un des plus anciens palais de Tunis que se déroula la mille et deuxième nuit qui nous avait été offert, le palais Ben Ayed, une demeure séculaire, (construit au XVIII ème siècle par les frères Regeb, Grand Douanier de Tunis et Hmida Ben Ayed, Général et Caïd de l’Aradh) aux murs couverts de mosaïques, un palais comme en rêve enfant quand on a lu Ali baba et dans lequel, sur des patios embaumés et d’où monte la fraicheur des eaux jaillissantes, s’ouvrent de vastes pièces, riches d’un décor du style le plus pur, en arabesques et en enluminures. Et dans l’une de ces vastes salles du Palais Ben Ayed, une salle à l’échelle de ses murs gigantesques, lampes, aiguières, meubles, tableaux, le cercle des invités resserrait son étreinte autour d’une estrade enchantée.

Palais Ben Ayed de Tunis.


Une demi-douzaine de danseuses houris de choix et almées de grand styles parmi elles Habiba Messika, Babia Chamia, Dalila, Ratiba. Elles étaient couvertes de pierres et de bijoux, revêtues de soieries somptueuses, et dont le feu sombre du regard rivalisait avec l’éclat de leurs diamants, exécutèrent avec beaucoup de grâce, au son des tambourins, de l’harmonium et des violons, des danses mêlées de chansons;

Elles mimèrent l’amour. Le voluptueux Orient donnait aux belles invitées car tout ce que Tunis compte de jolies femmes était là, un sourire ambigu, cependant que les habits noirs et les burnous devenaient sérieux. Le sensuel Orient ondulait sur un ventre de femme, qui glissait sur des bras nus cerclés d’or, tenait tout entier dans une mélopée lancinante, évocatrice d’insatiables amours.

Puis ainsi qu’il est dit dans les récits des vieux contes arabes, dans d’autres salles voisines, à la cadence assourdissante et barbare du tamtam dont le rythme allait s’accélérant, une poignée de Soudanais, hommes et femmes, ricanaient et menaient une ronde frénétique du plus saisissant effet.

Extrait du journal “Le Siècle” 1927. Gros.

Par Kais Ben Ayed

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