Fondation de la communauté des tabarquins.
En 1542 quelques familles italiennes de Peglia sont envoyées par les Lomellini, riche famille de banquier génois sur l’île de Tabarka face aux côtes tunisiennes afin d’en exploiter les bancs de corail. Après quelques décennies, le corail, bien que toujours important, n’était plus la seule source économique de l’avant-poste génois. Les tabarquins exportaient en plus vers Gênes des chargements de céréales, d’huile, de miel et de bois en provenance de l’arrière pays tunisien. Tabarka s’était ainsi transformé en un carrefour paisible d’échanges commerciales, économiques et culturelles entre chrétiens, juifs et musulmans qui durera tout de même 200 ans.
Déclin et nouvelles vagues d’émigration.
Devenu un véritable foyer d’émigration l’ile de Tabarka devait faire face à une grande pression démographique, à cela s’ajouta durant les premières décennies du XVIIIe siècle le déclin de l’empire génois, certaines familles tabarquines décidèrent de quitter l’île pour explorer de nouveaux horizons. Un premier groupe décida de s’installer en 1738 à Carloforte sur l’île San Pietro en Italie. Plus tard, en 1769, sur l’Ile Plana espagnole en face d’Alicante, un second groupe s’en alla fonder la Nueva Tabarca (nouvelle tabarka). Enfin sur sur l’île de San Antioco, un troisième groupe fondera la ville de Calasetta en 1770.
Reconquête tunisienne de l’île de Tabarka.
En 1741, Ali Bey apprenant les tractations secrètes entre génois et français en vue de la cession de l’île tunisienne à la France, il décida alors d’envoyer son fils Younes afin de lancer une attaque qui fut victorieuse et lui permis de reconquérir ce territoire stratégique. Huit cent familles furent faites prisonnières, et un grand nombre d’entre elles n’ayant pu s’acquitter de la rançon demandée pour leurs libérations furent réduis en esclavage.
Cas de la famille Capriata
En étudiant les registres des actes et contrat du consulat de France à Tunis du XVIIIe siècle, le nom de la famille Capriata ressort à plusieurs reprises.
D’après nos recherches ce nom apparait la première fois le 16 juillet 1688, Giuliano Capriata de Bonifacio en Corse, esclave de Mohamed Bey se rend au fondouk des Français à Tunis pour donner procuration à Vincenzo Capriata son neveu pour la récupération de sommes relatives à divers crédits.
Le nom Capriata ressort une soixantaine d’années plus tard, le 13 mai 1749, les frères Jean-Pierre et Jean-Ange Capriata enregistrent une obligation de paiement pour un emprunt contracté auprès de Juda Cohen Jonathan auquel il devront rembourser 40 jours plus tard la somme de 100 sequins auprès du dénommés Joseph Alfarim à Livourne.
Les frères Capriata ayant rembourser cette dette une quittance de règlement de 100 sequins a été enregistré en leurs noms dans le registre du 4 novembre 1749 par Juda Cohen Jonathan.
Cinq mois plus tard, le 5 Mars 1750, Gio Angelo Capriata enregistre avec Kassem Ben Ayed et Mohamed Guechai, un contrat de nolisement de la tartane Saint-Jean commandée par le capitaine Jean Raynard en leur faveur. D’après nos recherches Gio Angelo Capriata fait partie des 100 familles tabarquines qui décidèrent de quitter l’île de Tabarka pour s’installer en 1738 sur l’ile Saint-Pierre en Sardaigne. Gio Angelo était accompagné de son épouse, cependant celui-ci aurait quitté l’ile dès 1745.
L’an mil sept cent cinquante et le cinquième jour du mois de Mars avant midy, par devant nous chancelier du Consulat de France en cette ville et Royaume de Tunis soussignés et témoins sous nommés en comparu le capitaine Jean Raynard d’Agde commandant la Tartane appelée Saint-Jean actuellement ancrée en cette rade de la Goulette lequel de son gré en a nolisé et nolise par le présent, l’Estive d’un parapet à l’autre de la portée qu’elle se trouve au Sieur Jean Ange Capriata marchand génois et au nommé Kassem Ben Hayet (ayed) marchand maure de cette ville, tous les deux icy présents stipulant et acceptant pour un voyage à faire de sortie de cette rade de la Goulette à Marseille ou ce voyage sera fini et terminé aux conditions suivantes à savoir que le capitaine accorde à ses nolisataires trente jours courants d’Estarie en tous lequel commenceront à compter samedy prochain septième du courant mois et quinze jours de surestarie si besoin est à raison de deux sequins et demy barbaresques par jour payables journellement passé lequel temps le capitaine pourra se mettre à la voile chargé ou non et les nolis luy seront toujours payés le vide pour le plein le capitaine se réserve la chambre dans laquelle logera néanmoins trois passagers au gré des nolisataires et toutes les cloisons ordinaires pour les vivres et câbles, il se réserve également la portée de deux cent quintaux de marchandises lesquelles seront procées de quelques natures qu’elles soient dans l’Estive du bâtiment. En mer le dit capitaine relâchera à Caillery ou donnera deux jours à ses nolisataires pour y débarquer un des passagers lequel payera tous les frais occasionner par la relâche du bâtiment au dit jour. Les frais concernant le bâtiment comme assurage et avarie seront payés par le dit capitaine et tous ceux occasionner par la marchandise comme arrimage bateaux pour l’embarquement et débarquement et autres généralement quelconques seront supporter par le di nolisataire. Le présent nolisement pour le prix du voyage et fait et passé le prix et somme de six cent quarante écus monaye de Sardaigne que le di nolisataires promettent et obligent judiciairement de payer à Marseille au capitaine quinze jours après la quarantaine du bâtiment pour le prix de quatre livres dix sols tournois pour chacun des … en paix et sans difficulté ainsi d’accord entre les parties lesquelles pour l’observation du contenu au présent acte oblige leurs biens présents et à venir à toutes leurs justice requises et conjure. Fait et publié au dit Tunis en chancellerie en présence des sieurs Jacques Viller et Louis Crozet négociants français résident en cette ville, témoins requis appeler et soussigné avec les parties et nous chancelier au présent original.
Signés Hajj Mohamed Guechai, Kassem Ben Ayed, Jacques Villers, Louis Crozet, Vallière et Gio Angelo Capriata.
Un autre membre fait son apparition, un mois plus tard, le 8 Avril 1750: Aurelio Capriata. D’après nos recherches celui-ci serait marié à Maddalena Capriata (née Tagliafico) et il ferait également partie de la première vague de départ de tabarquins qui se sont installés sur l’ile Saint-Pierre en Sardaigne en 1738.
Déclaration faite par le Sieur Dominique Mongiardino en faveur du Sieur Aurelio Capriata.
L’an mille sept cent cinquante et le huitième jour du mois d’avril après midi, par devant nous chancelier du consulat de France en cette ville et royaume de Tunis, soussigné et témoins sous nommés, on comparu le Sr Dominique Mongiardino marchand génois établi aux isles de Saint-Pierre en Sardaigne lequel se trouvant actuellement ici nous a déclaré et confessé, ainsi qu’il le déclare et confesse par les présentes, avoir vu examiné environ mille six cent pièces de bois de … que Sieur Aurelio Capriata a fait débarqué de la Tartane Frère Jean commandé par le capitaine Jean Raynard d4agde venue dans le mois de février des isles de Saint-Pierre et qu’ayant pris d’exactes informations sur l’usage qu’on peut faire du dit bois en cette ville, il a trouvé que des grosses pièces peuvent servir à couvrir des maisons des maures, que quelques unes peuvent être employées à des jardins et que le restant n’est autre chose que du bois à bruler, en foi de quoi le Sieur Mongiardino a fait la présente déclaration pour servir et valoir à qui de raison au dit Sieur Capriata fait et publié au dit Tunis en chancellerie, en présence des Sieurs Jacques Viller et Louis Crozet négociant français résidant en cette ville, témoins requis appelé et soussigner avec le Sieur Dominique Mongiardino et nous chancelier au présent original.
Convention passée entre le capitaine Joseph Revert et le Sieur Aurelio Capriata.
L’an mille sept cent cinquante et le seizième jours de mois d’avril après midi, par devant nous chancelier du consulat de France en cette ville et Royaume de Tunis soussigné et témoins sous-nommés ont été présents en leurs personnes le capitaine Joseph Revert de Marseille commandant la Tartane la Vierge de la garde actuellement ancrée en cette rade de la Goulette d’une part, et le sieur Aurelio Capriata d’autre, lesquels confirmant l’accord particulier et privé fait entre eux le premier de ce mois et tous son contenu sont de nouveau convenus que le sieur Capriata payera au dit capitaine la somme de centre trente écus monoye de Caillery d’abord après la quarantaine du bâtiment, et ce pour le nolis de l’huile et autre marchandise embarquées dans le dit bâtiment indépendamment de celles portées par leur dit accord, hypothéquant avec effet le dit Capriata, la dite huile pour le payement de la dite somme moyennant laquelle le dit capitaine ne pourra lui rien demander de plus pour le noli des dites huiles et marchandises, après l’observation … que dessus, les parties ont obligés leurs biens présent et avenir à toutes cours de justice requise et tout juré. Fait et publié au dit Tunis en chancellerie en présence des sieurs Jacques Viller et Louis Crozet négociants français résident en cette dite ville, témoins requis appelés à soussigner avec les parties et nous chancelier au présent original.
Pietro Giovanni Capriata, le parcours étonnant d’un pêcheur de corail devenu esclave, à consul de la Sérénissime Venise à Alger.
Les documents suivants nous renseigne davantage sur le parcours étonnant de Pietro Giovanni Capriata.
Le 17 août 1751, il enregistre une obligation de paiement, d’un montant de 10009 piastres 1/4 en faveur de Sidi Kassem Ben Ayed, marchand maure originaire de Djerba et établis à Tunis. Cette somme correspond au solde de tous leurs comptes et affaires qu’ils ont pu réaliser ensemble jusqu’à cette date. Un premier paiement de 1500 piastres sera enregistrés le 11 novembre 1751. Un second paiement de 1300 piastres sera enregistré le 9 mai 1754. Un troisième paiement d’un montant de 5009 piastres 1/4 sera enregistré le 6 septembre 1754. Enfin, un dernier paiement d’un montant de 2200 piastres sera enregistré le 6 avril 1756.
Pierre Jean Capriata est décrit dans les registres cette fois comme “esclave tabarquin bachi casaque de son Excellence Mohamed Bey“. Contrairement à Aurelio et Gio Angelo, Pietro ne figure pas dans la liste des 100 familles qui se sont installés en 1738 sur l’île Saint-Pierre. Cela nous fait penser que celui-ci serait resté sur l’ile de Tabarka. En poussant un peu plus loin nos recherches nous découvrons que Pietro Capriata a été fait prisonnier durant l’assaut de 1741 par les tunisiens lors la reconquête de l’ile. Il aurait su se distinguer par ses capacités individuelles, ce qui lui aurai permis d’être nommé Bachi casaque ou majordome de Mahamed Bey (Père du Bey régnant Ali Bey 1er ?). Il aurait été libéré après 1756 car jusqu’à là il “tait toujours présenté comme étant esclave. Après s’être marié à la tabarquine Sinforosa Timone, il aurait entrepris quelques affaires entre Gênes et Malte, mais il ne put obtenir les résultats qu’il espérait et lui permettant de vivre convenablement.
On retrouve ses traces quelques années plus tard en 1765. Usant probablement de ses compétences et de sa connaissance de la langue Arabe, il réussit à occuper les fonctions de consul de la Sérénissime Venise à Alger. La même année Pietro Angelo Capriata est nommé chargé d’affaire de Rome dans la même ville, et l’année suivante le premier ministre Napolitain Francesco Tanucci, le charge de négocier le rachat de 43 personnes enlevées lors d’un raid de corsaires tunisiens sur l’île d’Ustica.
Obligation de la somme de 10009 Piastres 1/4 faite par Jean Pierre Capriata en faveur de
Kassem Ben Ayed
L’an mille sept cent cinquante et un, le dix septième jours du mois d’août après midi, par devant nous chancelier du consulat de France en cette ville et Royaume de Tunis soussigné
et témoins sous nommés est comparu en personne le nommé Jean Pierre Capriata Esclave tabarquin ci-devant Bachi Casaque de son excellence Sidy Mahamet Bey, lequel de son gré a déclaré et confessé ainsi qu’il le déclare et le confesse, par ces présentes devoir à Sidy Kassem Ben Ayed marchand maure de cette ville, ici présent la somme de dix mille neuf piastres un quart monnaie courante de ce pays pour solde de tous leur comptes et affaires de commerce qu’ils ont fait ensemble jusqu’au aujourd’hui, promettant le dit Ben Ayed que moyennant le payement qui lui sera fait de la dite somme de dix mille neuf piastres un quart, il acquittera et déchargera valablement le dit Jean Pierre Capriata. Fait en public au dit Tunis en Chancellerie, en présence de Louis Crozet et François Bigard, négociants français résidents en cette ville, témoins requis appelés et soussignés avec le dit Jean- Pierre Capriatta, Kassem Ben Ayed et nous chancelier.
Quittance de la somme de 1500 Piastres, faite par Kassem Ben Ayed en faveur de Jean-Pierre Capriata.
L’an mille sept cent cinquante et un le onzième jour du mois de novembre avant midi, par devant nous chancelier du consulat de France en cette ville et Royaume de Tunis soussigné et témoins sous-nommés est comparu en personne le nommé Kassem Ben Ayed marchand maure de cette ville, lequel a déclaré et confessé ainsi qu’il le déclare et le confesse par ces présents, avoir reçu tout présentement comptant au … de nous chancelier et témoins des mains du nommé Jean-Pierre Capriata esclave tabarquin, ici devant Bachy casaque de son Excellence Sidy Mahamet Bey, la somme de mille cinq cent piastres monnaie courante de ce pays, en déduction et à compte de celle de dix mille neuf piastres un quart dont le dit Capriata lui en ai débiteurs, par acte passé en la chancellerie de ce consulat le dix sept du mois d’août dernier, lesquelles mille cinq cent piastres proviennent d’une avance de pareille somme qui a été faite au dit Capriata sur deux caisses de corail qu’il avait ici et qui ont été envoyées aux caillery (Cagliari) du consentement du dit Ben Ayed pour y être vendues le plus avantageusement qu’il se pourra et le solde de leur … lui être compté toujours en déduction et acompte de la somme de dix mille neuf piastres un quart. Fait et publié au dit Tunis en chancellerie en présence des Sieurs Louis Crozet et François Bigard négociants français résident en cette ville témoins requis appelé à soussigner avec le dit Kassem Ben Ayed et nous dit chancelier au présent original.
Quittance de la somme de 1300 Piastres faite par Kassem Ben Ayed en faveur de Pierre Jean Capriata
L’an mille sept cent cinquante quatre et le neuvième jour du mois de mai avant midi par devant nous chancelier du consulat de France en cette ville et Royaume de Tunis soussigné et témoin sous nommés est comparu en personne le nommé Kassem Ben Ayed marchand maure de cette ville lequel a déclaré et confessé ainsi qu’il le déclare et confesse par ces présents avoir reçus de Pierre Jean Capriata esclave tabarquin ici devant Bachi casaque de son Excellence Sidi Mahamet Bey la somme de mille trois cent piastres monnaye de ce pays en déduction et acompte de celle de dix mille neuf cent piastres et un quart dont le dit Capriata lui est débiteur par acte passé en la chancellerie de ce consulat le dix sept du mois d’août de l’année mille sept cent cinquante et un lesquelles mille trois cent piastres proviennent à savoir de cinq cent cent piastres que le dit Ben Ayed déclare avoir reçu comptant des mains du sapa tape (saheb tabaa) de … sept cent soixante dix piastres également …le tout pour compte du dit Capriatta et de trente piastres montant d’un lit que celui-ci lui à fait venir de Gênes, promettant le dit Ben Ayed de lui tenir compte de la somme de mille trois cent piastres par celle dont il lui reste encore débiteur, en foi de quoi il lui a concédé la présente quittance laquelle a été faite et publiée au dit Tunis en chancellerie en présence des Sieurs Louis Chapelié et Jean-Baptiste Giraud négociants français résident en cette ville témoins appelés à soussignés avec le dit Kassem Ben Ayed et nous dit chancelier au présent original.
Quittance de 5009 Piastres un quart faite par Kassem Ben Ayet en faveur de Pierre Jean Capriatta
L’an mille sept cent cinquante quatre et le sixième jour de mois de septembre avant midi, par devant nous chancelier du consulat de France en cette ville et Royaume de Tunis soussigné et témoins sous nommés est comparu en personne le nommé Kassem Ben Ayed marchand maure de cette ville lequel déclare et confesse ainsi qu’il le déclare et confesse par ces présentes avoir eu et reçu de Pierre Jean Capriata tabarquin ici devant bachi casaque de son Excellente Sidy Mahamet Bey la somme de cinq mille neuf piastres un quart monnaye de ce pays en déduction et acompte de cette de dix neuf piastres un quart dont le dit Capriatta lui était débiteur par acte passé à la chancellerie de ce consulat le dix sept du mois d’août mille sept cent cinquante un laquelle somme des cinq mille neuf piastre un quart s’ajoute à celle de mille cinq cent et de mille trois cent piastres que le dit Ben Ayed à déjà reçu du dit Capriatta acompte de la susdite créance, ainsi qu’il apparait pat les quittances passées en cette chancellerie le onze novembre mille sept cent cinquante et un et neuf mai de la courante année font bien celle de sept mille huit neuf piastres un quart qu’il confesse avoir reçu jusqu’à ce jour au moyen de quoi il déclare ne lui être plus dû par le dit Capriatta que la somme de deux mille deux cent piastres ainsi qu’il apparait par un contrat arabe qu’il a passé à ce sujet en foi de quoi il lui concède la présente quittance laquelle a été faite et publiée au dit Tunis en chancellerie en présence des sieurs Louis Chapelié et Jean-Baptiste Giraud négociant français résidents en cette ville témoins requis appelés et soussignés avec le dit Kassem Ben Ayed et nous chancelier au présent original.
Quittance générale faite par Kassem Ben Ayed en faveur de Pierre Jean Capriatta
L’an mille set cent cinquante six et le sixième jour du mois d’avril avant midi par devant
nous chancelier du consulat de France en cette ville et Royaume de Tunis soussigné et témoins sous nommés est comparu en personne le nommé Kassem Ben Ayed marchand maure de cette ville lequel déclare et confesse ainsi qu’il déclare et confesse par ces présentes avoir eu et reçu avant de passer le présent contrat des mains et … du dit Pierre Jean Capriatta tabarquin ci devant Bachy casaque de son Excellence Sidy Mahamet Bey, la somme de deux mille deux cents piastres monnaye courante de ce pays pour solde et entier payement de celle de dix mille neuf piastre un quart dont le dit Capriatta lui était débiteur par acte passé en la chancellerie de ce consulat le dix sept du mois d’août mille sept cent cinquante et un, laquelle somme de deux mille de cent piastres jointes à celle de mille cinq cent de mille trois cent et de cinq mille neuf piastres un quart que le dit Ben Ayed avait déjà reçu du dit Capriatta acompte de la susdite créance ainsi qu’il apparait par les quittances passées en cette chancellerie le onze novembre mille sept cent cinquante et un, neuf mai et six septembre mille sept cent cinquante quatre font bien celle de dix mille neuf piastres un quart de laquelle content et satisfait le dit Ben Ayed acquitte et décharge le dit Pierre Jean Capriatta avec promesse et obligation que jamais demande ni ne lui sera fait de sa part ni de celle de qui que ce soit et a tous l’obligation de tous leurs biens présent et avenir … de justice requise … fait et publié au dit Tunis en chancellerie en présence des Sieurs Louis Chapelié et Jean-Baptiste Guiraud négociants français résident en cette vile témoins requis appelés et soussignés avec le dit Kassem Ben Ayed le dit Pierre Jean Capriatta et nous chancelier au présent original.
Le cas des Capriata, n’est certainement pas un cas unique mais ces documents illustrent bien le parcours de cette communauté tabarquine. Ces pécheurs de corail qui quittèrent leurs villages en quête d’un avenir meilleur, n’hésitant pas à s’aventurer sur les côtes de territoires barbaresques et à s’installer sur l’île de Tabarka, qui d’un rocher aride s’est vu transformer en un carrefour civilisationnel d’échanges commerciales et culturelles, connaissant des moments de gloire mais également des moments tragiques ont su se préserver. Qu’en ai t’il de nos jours ?
Les tabarquins de nos jours
De nos jours on retrouve encore ces noms de familles originaire de Peglia, dans principalement cinq villes: Peglia, Tabarka, Carloforte, Nueva Tabarca et Calasetta. Elles appartiennent à trois pays différents que sont l’Italie, la Tunisie et l’Espagne, mais ont en commun une partie de leur histoire. Dans certaines de ces villes le tabarquin ou l’ancien génois y est encore parlé, des plats anciens sont toujours préparésn tel que le casca tabarchino ou couscous tabarquin, et les anciennes coutumes toujours observées comme le bal tabarquin. en mémoire de cette Histoire commune. Des associations de sauvegardes ont été crée dans ce but et un dossier d’enregistrement au patrimoine mondial de l’humanité à l’Unesco.
*Mercanti di uomini. Reti e intermediari per la liberazione dei captivi nel Mediterraneo par Andrea Zappia.