Entre le 29 juin et le 6 juillet 1912, le Royal Automobile Club Hongrois organisait un Touring race sous la présidence du Prince Tuniso-turque Rchid Ben Ayed (arrière-petit fils du Général Mohamed Ben Ayed), dans laquelle pas moins de vingt cinq voitures sportives et une soixantaine de personnes traversaient les Balkans de Budapest à Constantinople.
Parcours du Touring Race Budapest Constantinople. Départ de Budapest en passant par Klausenberg(Cluj Napoca), Hermaanstadt, Bucarest, Ruse, Tirnova, Edirne, puis Istanbul.
Le parcours d’environ 2000 km traversait l’Hongrie, la Roumanie, la Bulgarie et enfin la Turquie. Cet événement rassemblait des pilotes de diverses nationalités, des Hongrois, des Autrichiens, des Suisses, des Allemands et même un Américain. Différentes marques de l’époque était également représentées, dont Mercedes, Minerva-Knight, Benz, Opel, Packard, Fiat, Berliet, Llyod, De Dion-Bouton, Rex-Simplex, Charron, Puch, et Renault. Il est à noter qu’au début du 20-ème siècle le meilleur moyen de promouvoir la fiabilité de ces nouveaux engins appelés automobiles était d’organiser des compétitions de longues distances.
Le prince Rchid Ben Ayed avait organisé ce stratagème marketing à l’époque pour tenter de relancer le Yalova Thermal Bath dont il était l’exploitant en plein conflit balkanique, qui a été le prélude à la première guerre mondiale.
Découvrons des images rares de cette compétitions de 1912.
Un conte populaire tunisien exceptionnel de 1960, 15 minutes de pur plaisir réalisé dans les studios de la radio tunisienne, adapté par Pierre Comte, avec : Mohamed Agrabi dans rôle du conteur , Pierre Comte dans le rôle de l’ogresse, Ali Ben Ayed dans le rôle du père , Jamil Joudi dans le rôle du crieur, R. B. Ayed, A. B. Ayed, Raouf Zarrouk, F. Azouz, et dans le rôle des petites filles, Latifa, Zohra, Amina, Aza, et le petit chien Zenada: Charles Deschamps, réalisation de Claire Herselin, sous la direction artistiques de Max De Rieux.
D’une huilerie souterraine de la fin du 18 -ème siècle à une huilerie moderne du début 20 -ème, les Ben Ayed ont su s’adapter à leur environnement et à la technologie de chaque époque.
L’huilerie souterraine du Palais Ben Ayed.
Le clan Ben Ayed possédait de nombreux oliviers à Djerba, cet arbre était le symbole de prospérité et de richesse. Les Ben Ayed étaient les principaux exportateurs d’huile d’olive entre la fin du 18 et le début du 19 -ème siècle.
Huilerie souterraine Ben Ayed. Coupe AA
Ce n’est pas étonnant de trouver non loin du palais Ben Ayed de Sedghiane, une huilerie souterraine. Ces édifices était jadis construits en sous-sol creusés dans de la roche ou dans l’argile. La construction en sous-sol permettait de maintenir l’huile d’olive à une température adéquate. L’huilerie se composait de trois espace principaux, le premier destiné au stockage, le second constitué d’une chambre de pressoir et enfin une chambre de purification. On remarque que l’huilerie Ben Ayed disposait d’espaces de stockages supplémentaires témoignage d’une forte production à l’époque.
Huilerie souterraine Ben Ayed. (Coupe BB et CC)
On accédait à l’huilerie souterraine par un large couloir en escalier, ce couloir était aménagé postérieurement à l’huilerie et il devait permettre le passage d’un dromadaire chargé d’olive. La récolte d’olives était ensuite jetées sous la meule qui était mise en mouvement par une éparre à laquelle on attelait un dromadaire, dont les yeux étaient couverts de deux petits paniers ronds en alfa tressé afin de lui éviter d’être étourdi en tournant toujours dans le même sens. L’huile était ensuite recueillie dans de grande jarre.
Plan de l’huilerie souterraine Ben Ayed.
Aujourd’hui l’huilerie souterraine a entièrement été recouverte, cependant il est toujours possible de la désenterré et de la refaire vivre.
Huilerie Mustapha Ben Ayed & CO en 1926.
Si Mustapha Ben Ayed (descendant directe de la dynastie des caïds Ben Ayed) avec certains associés furent les premiers fondateurs de l’huilerie moderne à Djerba en 1926. Cette huilerie fut pendant longtemps l’une des meilleures huileries de Djerba et jouissait d’une grande réputation.
Stockage des olives.
Pressoir de l’huilerie fondée par Si Mustapha Ben Ayed & CO en 1926.
Pressoir hydraulique de marque française.
Meule en granite – Huilerie Mustapha Ben Ayed & CO.
Meule – Huilerie Mustapha Ben Ayed – 1926.
Moteur 16 chevaux qui faisaient tourner les pressoirs.
Support des courroies que faisait tourner le moteur – Huilerie Mustapha Ben Ayed & CO. 1926.
L’huilerie Mustapha Ben Ayed & Co disposait d’un groupe électrogène pour l’alimentation en électricité qui était à l’époque chose rare sur l’île de Djerba. Si Mustapha, avait pour associés les Ben Younes, les Bel Hadj Yahia, les Agar et enfin les Ben Mouala, malheureusement l’huilerie est aujourd’hui en état de délabrement.
Image d’une huilerie souterraine à Djerba par Charles Lallemand. Relevé architecturaux de l’Huilerie Ben Ayed site de l’ASSIDJE. www.assidje.tn
Si Redgeb Ben Kacem Ben Ayed, (frère du Général et Caïd de l’Aradh Hmida Ben Ayed) était été proche du Ministre Mustapha Khouja et des milieux du négoce pro-français : il servait à la fois de financier au bey et de fermier des douanes portuaires. Il est nommé caïd du cap Bon de 1779 à 1800, l’année de sa mort. Son fils Si Mustapha Ben Ayed lui succédera dans cette charge de 1800 à 1805. Les frères Redgeb et Hmida Ben Ayed sont les fondateurs de la successions de Palais à Djerba Cedghiane, et à Tunis Bab Jdid. Si Regdeb sera nommé le 2 février 1783 par Hamouda Pacha Grand Douanier de Tunis comme en témoigne la lettre suivante, postes que son oncle Ali Ben Ayed avait préalablement occupés:
“D’ESPARRON AU MARQUIS DE CASTRIES.
Tunis, 2 février· 1783. – La fuite de Sidi Ismail n’a fait aucune sensation au Bardo et n’a eu d’autre effet que d’affermir encore le crédit de Sidi Mustapha. Cette fuite est une perte pour la nation, qui n’a eu qu’à se louer de Sidi Ismail en sa qualité de grand Douanier.
Le Bey a disposé de celte place en faveur de Sidi Ben Ayed, qui jouit de la considération publique. Le sieur d’Esparron a rendu visite à ce nouveau Douanier, qu’il a trouvé fort bien disposé pour la nation française.
(Affaires Etrangères Consulat de Tunis.)”
Charles Eugène Gabriel de La Croix de Castries.
Dans une seconde lettre du Consul Général Devoize à Talleyrand, Devoize décrit Si Redgeb comme “un estimable musulman qui a montré des sentiments humains pour les esclaves français”. Son neveu Si Mohamed Ben Ayed en héritera puisqu’il jouera un rôle primordiale avec le consul général Sir Thomas Reade dans l’abolition de l’esclavage en Tunisie.
Jacques-Philippe DEVOIZE, Consul Général de France en Tunisie
“DEVOIZE A TALLEYRAND.
Tunis, 20 septembre 1800. – … Le Sahib-Tapa, favori du Bey, se montre jaloux de bien mériter du gouvernement de la République par ses bons offices auprès de son maitre. Il me témoigne amitié et confiance … »
Devoize demande à Talleyrand quelques cadeaux pour le Sahib-Tapa: une boite d’or à charnière, enrichie de quelques diamants, du prix d’environ 1OO louis; pour le premier ministre et beau-frère du Bey, pour le Bey, pour Mariano Stinca, secrétaire particulier de ce Prince pour la correspondance italienne, qui, sans cesse auprès du Bey, a tous les moyens de nuire et de servir »; pour les grands écrivains, pour les officiers du Bey, pour Sidi Redjeb Ben Ayed, Grand douanier, « un estimable musulman qui a montré des sentiments humains pour les esclaves français » Les Anglais versent l’or à pleines mains, et ce n’est pas tant pour leurs intérêts que dans la vue de nuire aux nôtres.
(Affaires Etrangères Consulat de Tunis.) »
Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord , Ministre français des Relations-Extérieures .
C’est dans le cadre très oriental d’un des plus anciens palais de Tunis que se déroula la mille et deuxième nuit qui nous avait été offert, le palais Ben Ayed, une demeure séculaire, (construit au XVIII ème siècle par les frères Regeb, Grand Douanier de Tunis et Hmida Ben Ayed, Général et Caïd de l’Aradh) aux murs couverts de mosaïques, un palais comme en rêve enfant quand on a lu Ali baba et dans lequel, sur des patios embaumés et d’où monte la fraicheur des eaux jaillissantes, s’ouvrent de vastes pièces, riches d’un décor du style le plus pur, en arabesques et en enluminures. Et dans l’une de ces vastes salles du Palais Ben Ayed, une salle à l’échelle de ses murs gigantesques, lampes, aiguières, meubles, tableaux, le cercle des invités resserrait son étreinte autour d’une estrade enchantée.
Palais Ben Ayed de Tunis.
Une demi-douzaine de danseuses houris de choix et almées de grand styles parmi elles Habiba Messika, Babia Chamia, Dalila, Ratiba. Elles étaient couvertes de pierres et de bijoux, revêtues de soieries somptueuses, et dont le feu sombre du regard rivalisait avec l’éclat de leurs diamants, exécutèrent avec beaucoup de grâce, au son des tambourins, de l’harmonium et des violons, des danses mêlées de chansons;
Elles mimèrent l’amour. Le voluptueux Orient donnait aux belles invitées car tout ce que Tunis compte de jolies femmes était là, un sourire ambigu, cependant que les habits noirs et les burnous devenaient sérieux. Le sensuel Orient ondulait sur un ventre de femme, qui glissait sur des bras nus cerclés d’or, tenait tout entier dans une mélopée lancinante, évocatrice d’insatiables amours.
Puis ainsi qu’il est dit dans les récits des vieux contes arabes, dans d’autres salles voisines, à la cadence assourdissante et barbare du tamtam dont le rythme allait s’accélérant, une poignée de Soudanais, hommes et femmes, ricanaient et menaient une ronde frénétique du plus saisissant effet.
Le luxe inouï des Ben Ayed donna lieu à des légendes qui circulèrent, dans toute l’Afrique du Nord. Leur richesse qui dépassait, dit-on, la fortune beylicale, donna lieu à un faste légendaire dont la fameuse « sofrat Ben Ayed » (سفرة بن عياد) qui demeure le souvenir populaire le plus célèbre.
Sofrat en arabe “سفرة” signifie table ou buffet. Celle de Ben Ayed était grandiose, riche aussi bien en différents mets, qu’en vaisselles et service de tables, que toutes ses convives restaient bouche-bée.
On retrouve de nombreuses traces de Sofrat Ben Ayed (سفرة بن عياد) dans de nombreux livres ou lettres comme en témoigne la lettre ci-dessous (lettre manuscrite d’Ahmed Ibn Dhiaf). Ahmed Bey aimait les mets et desserts préparés pour Ben Ayed, il lui demande dans cette de lui ramener le diner, le dessert notamment les “mkharek” , la “Zlebia”, et la “madmouja” comme à son habitude pour passer la nuit au Palais Beylicale de la Mhamdia. On peut également mentionner les « briks » (beignets à l’œuf) de Ben Ayed qui étaient l’un des mets préférés d’Ahmed Bey.
Lettre de Ahmed Bey 1er au Caïd Mahmoud Ben Ayed en Juillet 1849.
لحمد لله، الهمام المقرب الثقة الأحضى الأرضى الأعز أمير اللواء ابننا محمود بن عياد حرسه الله أما بعد السلام عليكم و رحمة الله فانك تخلفت عن القدوم الى المحمدية مدة و تحيرنا من ذلك و المانع خير ان شاء الله و أعلم أنه غدا ليلة الخميس المبيت عندنا بالمحمدية على العادة الدايمة ان شاء الله فاقدم و لا تتخلف الا لعذر و عافاكم الله و ابعث الزلابية و المخارق و المدموجة و العشا مثل العادة و دمتم في أمن الله. و السلام، من الفقير الى ربه تعالى عبده المشير أحمد باشا باي وقيه الله آمين و كتب ليلة الأربعاء 11 رمضان
Sir Wemyss Reid nous fait également une excellente description de ce que pouvait être Sofrat Ben Ayed (سفرة بن عياد) dans son livre “The Land of the Bey” lorsqu’il était convié à diner chez Ben Ayed « C’était un repas vraiment somptueux, presque tous les plats étaient cependant arabes. Nous avons commencé avec un délicieux couscous; puis vint, la boutargue, des œufs séchés de mulets rouges. Cette délicatesse, qui est faite à Bizerte, ressemble quelque peu au caviar, mais sans le caractère gras de ce dernier. Olives, radis, etc., étaient également en accompagnement. Ensuite, un autre plat arabe était servi, ce qui, … celui se composait de beignets chauds et gras, contenant de la viande et des œufs; puis vint du poulet froid servi avec une sorte de pâte à l’œuf, très légère et délicate; puis un excellent mouton rôti; du foie gras en aspic, et enfin un des plus bel assortiment de pâtisseries et de bonbons pour clôturer cette partie du repas. Je devrais mentionner ici que les bonbons et les pâtisseries étaient d’origine arabe et non italienne, et étaient les plus délicieusement parfumés à la pistache. Melons, grenades, et d’autres fruits exquis étaient servis après le repas”
Une autre version de Sofret Ben Ayad (سفرة بن عياد)
L’autre version de Sofrat Ben Ayed (سفرة بن عياد) serait que l’un des Beys ayant besoin de finance se rendit chez Ben Ayed. Ce dernier bien renseignée avait préalablement l’information de la venue du Bey, il avait fait préparé un diner spécial pour celui-ci. En passant à table le Bey et ses accompagnants furent éblouis par la richesse du service de table chez Ben Ayed, et lorsqu’ils entrouvrirent les soupières et autres vaisselles ils furent encore plus surpris de découvrirent le contenu, des pierres précieuses en tout genre, de l’or et des pièces de joaillerie rares avaient remplacés la nourriture. “Servez-vous !” dit Ben Ayed. Ils prirent ce qu’ils purent prendre, et en contrepartie le Bey demanda à Ben Ayed de lui demandait une faveur. Ben Ayed demanda que l’air (الهوي) de Tunis lui soit vendu. Le Bey étonné de cette demande l’accepta. On raconte que le lendemain Ben Ayed avait crée une nouvelle taxe qui était calculée en fonction du nombres d’ouvertures de chaque demeures.
Ils sembleraient que cette passion d’éblouir les invités se soient transmises de nos jours à l’une des descendantes des Ben Ayed, Mme. Alya Baccouche Ben Said auteur du livre Passions tables dans lequel nous pourrons admirer les tables les unes plus belles que les autres.
Couverture de Passions Tables. Alya Baccouche Ben Said.
Crédit Photos Mme. Alya Baccouche Ben Said. Lettre communiquée d’Ahmed Bey à Ben Ayed par M. L. Khemira.
Comment la France par ses brouilleries et l’art de la manipulation a t’elle précipitée la chute de Mahmoud Ben Ayed ? La France a jouée un double jeu avec Ben Ayed, elle a d’abord commencée à le discréditer auprès d’Ahmed Bey tout en lui proposant sa protection et lui laissant ainsi, peu à peu le champs libre.
Le prélude à cette affaire a été la visite de l’Amiral Baudin en Tunisie, en novembre 1848, à cause d’un navire, le Jemmapes, retenu en rade de la Goulette durant quelques jours que l’amiral Baudin recherchait activement.
Portrait de l’Amiral français Charles Baudin.
Dans la gazette du Midi du 19 novembre 1848, nous pouvons nous faire une idée de la visite de cet amiral français et des manœuvres utilisées à l’époque.
“Les Ben Ayed, père et fils, ont fait la paix. Quand ces gens-là se réconcilient, gare nos intérêts. Nous avons toujours pensé, nous vous l’avons écrit, que ces différends, ces brouilleries étaient valeur entendue. Malgré le peu d’estime que le fils inspire généralement, il nous a toujours répugné à croire à tant de perversité. Sa conduite envers son père ne nous a jamais paru bien sérieuse. Ces gens-là n’ont aucune de nos idées sur l’honneur, la probité, l’amour propre; il ne connaissent que l’argent; aussi, croit-on qu’ils ont agi de concert et n’ont pas craint de s’attaquer sans ménagement, en apparence, pour sauver de la rapacité insatiable du Bey, leur fortune qui est énorme; mais le Bey n’est pas dupe de toutes ses manœuvres, aussi les Ben Ayed peuvent-ils s’attendre à quelque tour de son métier.
On raconte, et nous le donnons comme certain, que lors du séjour de l’amiral Baudin à Tunis, il reçut ainsi que le consul général, de la part du Bey, une invitation à déjeuner à la Mohammadia. Cette invitation fut acceptée; mais en arrivant, le consul déclara au bey que si Ben Ayed fils se mettait à table, l’amiral et lui se retireraient à l’instant. Le coup était rude, et, pour un despote entêté et orgueilleux comme le Bey, la signification devait être violente, la position critique. Il céda cependant et un couvert fut enlevé. un instant après Ben Ayed qui est gros et puissant, se faisait saigner. Depuis cette affaire, l’auréole qui l’entourait s’est considérablement obscurcie; le prestige qui éblouissait les indigènes se dissipent, les murmures, qui n’étaient que comprimés, se font entendre plus distinctement; ses adversaires, ses concurrents reprennent courage; et tout fait présumer qu’à l’aide des mesures que notre consul a prises et qu’il saura bien, Dieu aidant, rendre efficaces et inattaquables, Tunis verra tomber ce colosse de monopoles qui écrase le pays, ruine le commerce et anéantit tous les éléments de prospérité.”
Le Général Mahmoud Ben Ayed.
Voilà les dessous de tables et comment les ennemis du général Ben Ayed préparaient sa chute depuis de nombreuses années avant son exil, on peut dire qu’en finalité il s’en sort fort bien.
Au XVIIIe siècle, le marquis du Terrail acquiert le domaine sur lequel se dresse l’actuel hôtel de ville. Bâti à l’origine en forme de T à l’effigie de son propriétaire, le château devient ensuite la propriété notamment de Jean-Baptiste de Sommariva, du général tunisien Mahmoud Ben Ayed ou encore de Don François d’Assise, roi d’Espagne en exil. A sa mort, le château est acquis par Georges Thibout, alors maire de la commune, pour devenir en 1908 l’hôtel de ville. Inauguré le 19 juillet de la même année, le bâtiment connut quelques extensions tout en gardant son architecture d’origine.
Epinay-sur-Seine-Hotel de VilleFaçade principale de l’hôtel de ville.Façade postérieure de l’Hôtel de Ville – ancien château de Ben Ayed.Vue de nuit de l’hôtel de ville d’Epinay-sur-Seine.
En janvier 1900 a eu lieu à Paris, sur l’île de la Grande Jatte, devant le célèbre établissement de bal, connu sous le nom de Moulin Rouge, un duel extraordinaire entre le prince tunisien Ben Ayed et M. Henry Guérau de Latorre.
Le prince Ben Ayed ayant adressé des paroles injurieuses à M de Latorre, celui-ci chargea deux de ses amis, M. Maurice Leudet et le marquis de Portalon de Sénas, de lui demander des excuses ou une réparation par les armes.
Le prince Ben Ayed mit ces Messieurs en rapport avec MM. Henry Decron et Georges Thomé, le fils de Francis Thomé. Toutes les tentatives de conciliation ayant été épuisées une rencontre fut décidée.
Les conditions étaient: épées de combat, coquille de 13 centimètres, gants de ville à volonté, reprise de une minute, repos de deux minutes.
A la première reprise, le prince Ben Ayed fut atteint, au bras droit, d’une blessure qui ne le mit pas en état d’infériorité suffisante pour que le combat prit fin.
A la troisième reprise, le prince Ben Ayed reçut une éraflure au menton.
A la quatorzième reprise sur l’initiative de M Maurice Leudet, il fut décidé unanimement que la reprise suivante serait la dernière, quoi qu’il arrivât.
Cette quinzième reprise eut lieu sans résultat. Alors le prince Ben Ayed, spontanément, tendit la main à M. Guérau de Latorre qui l’accepta.
Les deux adversaires, qui sont restés plus de trois quarts d’heure sur le terrain, étaient assistés des docteurs Félizet et Pierre Frédet.
A Alya Baccouche Ben Said, descendante de Si Hmida Ben Ayed par La Mamia Ben Ayed.
Sir Thomas Wemyss Reid
SirThomas Wemyss Reid, plus souvent appelé Wemyss Reid est né à Newcastle le 29 mars 1842 et mort à Londres le 26 février 1905, c’était un grand journaliste et écrivain anglais. Wemyss Reid fut un des pionniers de la presse régionale britannique d’abord au Newcastle Journal puis au Leeds Mercury pour laquelle il obtint une reconnaissance nationale en réussissant à accéder aux galeries réservées à la presse à la Chambre des communes. Il écrivit aussi des biographies, dont celle de Charlotte Brontë et divers romans, dont “The Land Of The Bey” paru en 1882 à Londres dans lequel il raconte son voyage en Tunisie une année après l’occupation française de la régence de Tunis. L’auteur s’embarque depuis Marseille à bord du Charles Quint et arrive après quelques jours au port de la Goulette. Il passera quelques jours à Tunis et ses environs dont il fera une remarquable description, il s’aventurera jusqu’à Kairouan et retournera à Tunis en passant par le Cap Bon. Durant son séjour, il rencontrera plusieurs personnalités, dont le Général Hmida Ben Ayed avec lequel il passera une soirée mémorable.
Sir Wemyss Reid et sa rencontre avec Si Hmida Ben Ayed.
Sir Wemyss Reid raconte dans son livre : “C’est sous la direction de M. Lévy que lors d’une visite pendant mon séjour à Tunis j’ai eu le plaisir de vivre une expérience que je qualifierai d’unique, une vrai soirée de divertissement à l’orientale. J’avais rencontré chez M. Reade (Consul Général) un gentleman tunisien d’une noble et richissime famille, le Général Ben Ayed. Ce gentlemen est juste considéré comme le spécimen le plus beau de l’aristocratie mauresque vivant actuellement à Tunis. Cela peut paraitre étrange à raconter, le général est protégé britannique de naissance; son grand-père (Si Mohamed Ben Ayed) il y a une cinquantaine d’années s’était inscrit comme protégé du roi d’Angleterre afin de mieux protéger ses propriétés de la rapacité des Français qui, même à cette époque, avaient commencé à jeter leurs regards avides sur Tunis. Il possédait non seulement de splendides domaine, mais également de nombreux autres beaux palais dans le pays. Le général Ben Ayad prend plaisir à faire preuve d’hospitalité à tous les visiteurs anglais de la Régence…” Apprenant cependant que je n’avais à ce jour pas eu l’occasion d’assister à une de ces soirée de danses orientales caractérisant la Régence, il me convia gentiment à une soirée festive chez lui, qui sera organisée entièrement en mon honneur.”
The Land Of The Bey p. 213.
Passage Ben Ayed à Bab Jdid.Cours du Palais Ben Ayed. Bab Jdid.
“M. Levy nous accompagnant, moi et deux de mes amis anglais résidant dans la Régence. L’heure fixée pour notre arrivée était sept heures et demie au soir, et peu avant cette heure nous partîmes de l’hôtel. Après une promenade de vingt minutes à travers un merveilleux réseaux de ruelles étroites avec des murs blanchis à la chaux de chaque côté, des arcades et portes voûtées ici et là, le chemin nous conduisit enfin sur une petite cour entourée de bâtiments apparemment de la plus grande misère. Tout était sombre et silencieux, on ne risquait de croiser personnes en ce lieu. Levy avait poussé une porte, et tâtant prudemment le trottoir avec son bâton ferré, montait un grand escalier à balustrade en chêne, des marches en marbre et des murs carrelés de céramiques. Personne n’apparaissait encore. Une lampe à huile solitaire projetait une lumière vacillante sur l’escalier, mais il nous semblait que nous étions rentrés dans une maison déserte.”
The Land of the Bey p. 215.
“Soudain, une porte s’était ouverte, et, comme par magie, toute la scène avait changée. Nous voyons devant nous un vaste appartement brillamment éclairé, dont l’extrême longueur ne pouvait pas être inférieure à soixante pieds, ni sa largeur inférieure à quarante. La demeure était brillamment éclairée à la fois par des lampes à gaz et d’innombrables bougies, ses murs richement carrelés et son plafond peint gaiement brillé lui aussi de luminosité. Il était meublé avec d’énormes miroirs balançant comme ceux utilisées par les femmes dans leurs chambres, des armoires de grandes tailles. Toutes les boiseries était en vermillon rouge le plus brillant, richement orné d’or, et l’effet général de cette splendeur barbaresque était si grand que j’étais rempli de surprise en me retrouvant dans cette belle salle, j’était complétement ébloui par la magnificence de cette scène qui était apparue soudainement devant nous. Des canapés aux couleurs éclatantes, de nombreuses chaises, des petites tables, etc., étaient éparpillés un peu partout sur le sol de l’appartement, et sur les murs étaient accrochés beaucoup de belles et vielles gravures, y compris, étrange à dire, un portrait du pape défunt – c’est plutôt curieux de trouver un tel objet dans la maison d’un musulman. “
The Land of the Bey p. 215.
Palais Ayed à Bab Jdid.
“Ben Ayed, son fils aîné et plusieurs parents ainsi que les domestiques, nous attendaient dans cet appartement, et le grand et majestueux général arabe m’accueillit chaleureusement. Il s’excusa en même temps de ne pas m’avoir pu mieux m’accueillir. Sa maison principale, semble-t-il, était à Sidi Bou Saïd, et en conséquence il ne pouvait que m’inviter à souper entre garçon. En m’expliquant cela il désigna en souriant une grande table ronde, sur lequel était disposé un repas qui promettait bien de la satisfaction et du confort pour les pauvres créatures affamées que nous étions. Puis il me conduisit dans un deuxième salon, une autre pièce encore plus belle que la précédente. Cette pièce faisait quarante pieds carrés. De tous côtés, il y avait des portes et des fenêtres avec de riches rideaux; de splendides canapés et chaises en or et cramoisi y étaient placés, sauf d’un côté de la pièce, où se trouvait un énorme canapé, d’au moins vingt-cinq pieds de longueur. Sur des consoles en marbre se trouvaient de précieux vases de Sèvres, et deux horloges en bronze doré, le don de Louis Philippe au grand-père de Ben Ayad (Si Mohamed Ben Ayed), mais la plus belle caractéristique de cette pièce était la belle arabesque du plafond, l’un des spécimens les plus parfaits de la décoration mauresque que je n’ai jamais vue autre part.”
The Land of the Bey p.216.
Palais Ben Ayed Bab Jdid.
“Comment cela aurait réjoui le cœur d’Owen Jones ! Un énorme lustre en cristal pendait du plafond, mais il n’était pas allumé, la pièce étant éclairée en lampe à huile et à gaz. J’avoue que pendant un instant j’étais complètement déconcerté par le changement soudain de la misère et de l’obscurité des rues de l’extérieur à l’intérieur brillant dans lequel je me retrouvé maintenant. Après avoir échangé un peu avec Ben Ayed, et bu du café, servi dans un beau service en argent par des serviteurs gracieux en habit arabe, les musiciens et les danseuses qui devaient nous divertir entrèrent. C’étaient des juives et des juifs dans leur costume traditionnel national. Ils s’accroupirent sur des coussins disposés au sol, et après avoir été servis de quelques rafraîchissements, ils commencèrent à jouer. Leurs instruments étaient un violon, une mandoline, un tambourin et une darbouka. Ils jouèrent une longue mélodie arabe plaintive, pittoresque et même bizarre, étonnamment différente de tout ce que j’avais entendu auparavant, en Turquie ou des gitans de Roumanie. Cette musique, qui était une sorte de prélude au divertissement, ayant cessé, nous sommes allés dîner. “
The Land of the Bey p. 217.
Dar Ben Ayed Bab Jdid.
“C’était un repas vraiment somptueux, presque tous les plats étaient cependant arabes. Nous avons commencé avec un délicieux couscous; puis vint, la boutargue, des œufs séchés de mulets rouges. Cette délicatesse, qui est faite à Bizerte, ressemble quelque peu au caviar, mais sans le caractère gras de ce dernier. Olives, radis, etc., étaient également en accompagnement. Ensuite, un autre plat arabe était servi, ce qui, cependant, n’était pas tout à fait très agréable au goût, celui se composait de beignets chauds et gras, contenant de la viande et des œufs; du poulet froid servi avec une sorte de pâte à l’œuf, très légère et délicate; un excellent mouton rôti; du foie gras en aspic, et un des plus bel assortiment de pâtisseries et de bonbons pour clôturer cette partie du repas. Je devrais mentionner ici que les bonbons et les pâtisseries étaient d’origine arabe et non italienne, et étaient les plus délicieusement parfumés à la pistache. Melons, grenades, et d’autres fruits exquis étaient servis après le repas, qui était accompagné par du Bordeaux, du Malaga, et un excellent champagne, la glace étant abondamment fournie avec le vin. Nous avons tous bu les uns aux autres, à la prospérité de la Tunisie, et de nombreux discours très polis fait par l’hôte et le reste d’entre nous, avaient étés prononcés.”
The Land Of the Bey p. 218.
Palais Ben Ayed Bab Jdid.
“A la fin de ce repas on retourna au salon, où nous avons écouté une nouvelle chanson donnée par tous les musiciens et danseuses. Aucun mot ne peut décrire cette mélodie particulière. C’était d’une extrême mélancolie, de longs gémissements, accompagnés de soudains éclats de discorde. On me raconta cependant que c’était la chanson d’amour préférée à Tunis. La plus jeune et la plus belle des danseuses ayant quittée la salle pour quelques minutes, réapparut en costume grec. Elle applaudit bruyamment pour donner le ton de la musique et commença à danser, la figure ressemblant quelque peu au “Highland Fling” (danse irlandaise), les mouvements étant plutôt grotesques que gracieux. Parfois elle faisait le tour de la pièce sur une jambe, parfois elle sautait comme une grenouille; parfois elle bondissait du sol, agitant des écharpes de soie au-dessus de sa tête. Puis la partie la plus intéressante de la danse commençait. Bien qu’il n’y ait pas eu de grossièretés dans sa performance, la femme étant décemment vêtu, personne ne pouvait rester insensible.”
The Land Of the Bey p. 219.
Dar Ben Ayed Bab jdid.
“A la fin de cette danse, des cafés, des cigares et des liqueurs ont été servis par toute une suite de serviteurs. Ben Ayed avait envoyé ses serviteurs se procurer certaines des meilleurs danseuses arabes pour nous divertir davantage; mais ses serviteurs étaient revenus bredouille. Ils avait réussi à se procurer les femmes, paraît-il; mais quand on a découvert qu’on leur demandait de danser devant un chrétien, les voisins lapidaires les malheureux domestiques, et empêchèrent les femmes de les accompagner ! Ce n’est que longtemps après minuit que je quittais le toit hospitalier de mon ami arabe, cinq de ses serviteurs m’escortèrent à travers les rues avec des lanternes et des armes à la porte de mon hôtel.”
Palais Ben Ayad de Bab Jdid.
L’une des portes du Palais Ben Ayed Bab Jdid.Plafond du Dar Ben Ayed.Sculpture du Dar Ben Ayed de Bab Jdid.L’une des pièces du palais Ben Ayed Bab Jdid.
Extrait du livre “The Land of The Bey” 1881. Sir Wemyss Reid.
Par Kais BEN AYED
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