La principauté de Djerba.

Le traité de Tunis étendit à toute la chrétienté les privilèges commerciaux dont les républiques maritimes de l ‘ Italie jouissaient en Barbarie . Aussi le commerce fut – il très – actif avec cette contrée de l ‘ Europe , à la fin du XIe siècle et dans tout le cours du XIVe . Cependant il y eut quelques hostilités pour la possession de l ‘ ile de Djerba . Cette île , ayant secoué la domination des rois de Tunis , était devenue un repaire de pirates . L ‘ humeur aventureuse et inquiète de ces insulaires était connue depuis longtemps . Une légende populaire cherchait à l ‘ expliquer en leur donnant une origine infernale : on disait que leurs ancêtres étaient nés de l’accouplement impur des démons avec des femmes de Sicile.

En 1284 , Roger de Loria , amiral de Pierre , roi d ‘ Aragon et de Sicile , se trouvant en mer avec sa flotte , et n’ayant , pour le moment , rien de mieux à faire , proposa à ses officiers la conquête de l ‘ île de Djerba , en leur offrant la perspective d ‘ un grand butin . Comme en effet ce nid de pirates devait renfermer des richesses considérables , la proposition fut accueillie avec transport , et , le 12 septembre , les Siciliens arrivèrent à l’ile de Djerba . Roger de Loria fit aussitôt occuper le détroit par une de ses galères, pour prévenir la fuite des insulaires , ou arrêter les secours qui pourraient venir du continent . Il attaqua ensuite , avec son habileté et sa résolution ordinaires , et eut bon marché des Djerbiotes , dont quatre mille furent tués et plus de six mille pris. Le butin fut tel qu’on l’avait espéré ; les prisonniers furent transportés et vendus en Sicile. Roger laissa une bonne garnison dans l’ile et permit à ceux des habitants qui avaient échappé à la mort ou à la servitude d’y vivre sous ses lois ; car il considéra Djerba et l’île de Kerkena , dont il s’empara aussi , comme lui appartenant en propre . Le roi Pierre lui en assura , en effet , la possession , qui se transmit à ses descendants.

Statut de Roger de Lauria.

La conquête des îles de Djerba et de Kerkena ne brouilla pas , pour le moment , la Sicile avec Tunis ; car , l ‘ année suivante , c’est-à-dire en 1285 , le traité de 1270 étant expiré , les deux puissances en conclurent un nouveau pour vingt-cinq ans.

Roger de Loria , ayant ensuite quitté le service de la maison d’Aragon , pour passer à celui de la maison d’Anjou, fit l’hommage de son petit état africain au pape Boniface VIII , qui lui en donna l’investiture , et envers qui il s’engagea à une redevance annuelle de 50 onces d’or.

Roger de Loria eut pour successeur , dans la principauté de Djerba , son fils aîné , appelé Roger, comme lui . La population musulmane de l’île se composait alors de deux tribus , les Oulâd-Mestouna , qui souffraient impatiemment le joug des chrétiens, et les Oulâd-Moavia, qui se soumettaient sans peine à leur domination. A la mort du premier Roger , il y eut une révolte des Oulâd-Mestouna , mais elle fut promptement étouffée par des troupes que le roi de Naples avait fournies . Le second Roger mourut sans enfant , et eut pour successeur son frère Charles , âgé de quatorze ans . A l’avènement de celui-ci , il y eut encore une révolte des Oulâd-Mestouna ; mais elle eut le même sort que la première . Charles de Loria ne résida , du reste , jamais à Djerba ; Simon de Montelin , qui en était le gouverneur, administrait cette île pour lui . A sa mort , la principauté passa à son fils Roger. Les Oulâd-Mestouna se révoltèrent de nouveau . Cette fois les troupes nécessaires furent envoyées par le roi de Sicile , Frédéric d ‘ Aragon . James de Castellar , qui les commandait , obtint d’abord quelques avantages sur les Arabes ; mais la chance tourna bientôt contre lui , et il fut défait et tué . La famille Loria eut recours , dans sa détresse , au roi de Naples et au pape, seigneur suzerain de Djerba ; mais , ne les ayant pas trouvés disposés à la secourir, elle s’adressa de nouveau au roi de Sicile . Frédéric ne consentit à fournir des troupes qu’ à la condition que les frais de la guerre lui seraient remboursés . Roger le promit et lui engagea pour nantissement l’île de Kerkena et le château de Djerba.

Statut de Roger de Lauria à Barcelone.

Les Oulâd-Mestouna , après la déroute de Castellar , s’étaient emparés de toute l’île , hors le château , où ils tenaient la garnison bloquée. Les Oulâd-Moavia , chassés par eux , s’étaient vus contraints de passer sur le continent, à l’exception d’une fraction de leur tribu , appelée les Oulâd – Darkes , qui faisaient cause commune avec les insurgés . Les choses en étaient là , lorsque les troupes de Sicile arrivèrent , conduites par Pelegrin de Pati . Ce général , dès la première affaire , perdit deux mille cinq cents hommes , c ‘ est-à-dire presque tout son monde , et fut lui-même fait prisonnier. Il se racheta peu de jours après , moyennant une forte rançon , et alla s’enfermer dans le château.

Frédéric s’était engagé dans une mauvaise affaire, mais il était trop avancé pour reculer. Il ne pouvait abandonner aux Arabes les chrétiens qui restaient encore à Djerba . En conséquence , il envoya une troisième expédition , commandée par l’ amiral Raymond de Montaner. Ce nouveau général eut de grands succès . Les Oulâd-Mestouna , battus sur tous les points , furent å leur tour obligés de quitter l’ile , et les Oulâd-Moavia y rentrèrent . Mais , peu de temps après , les premiers y revinrent , avec des secours considérables fournis par le roi de Tunis , et la guerre recommença avec plus de fureur que jamais . Le roi de Sicile , toujours de plus en plus engagé dans cette interminable affaire de Djerba , vit qu’il devait faire un dernier effort . Il fit partir l’amiral Conrad Lanza avec de nouveaux renforts . Les Oulâd-Mestouna , traqués de toutes parts , et ne pouvant passer sur le continent , par suite des mesures qui furent prises pour les en empêcher , furent exterminés. On n’épargna que les femmes , les filles de tout âge et les enfants mâles au-dessous de douze ans . Mais la guerre continua avec le royaume de Tunis . Cependant , comme ce pays était alors déchiré par des dissensions intestines , elle se fit avec peu d’activité . Enfin, en 1313 , une révolution ayant conduit au trône l’Emir Abou – Yahia , ce prince , désirant se fortifier , contre ses ennemis , de l’appui des chrétiens , auxquels il tenait par sa mère , conclut avec Raymond de Montaner une trêve de quatorze ans ; et ce général consentit à ce qu’il prît à son service des troupes chrétiennes , qui le firent triompher de ses ennemis.

Yahia se montra peu reconnaissant de ce service , comme nous allons le voir . Les Siciliens , après l’extermination des Oulåd-Mestouna , qui leur assura quelques années de repos, se figurèrent que la rigueur impitoyable était le seul moyen de gouverner les Arabes . Ce système a des partisans de nos jours, ainsi nous ne devons pas être surpris qu’il en eût dans le XIVe siècle . Mais il résulta de cette erreur de logique , que les Oulâd – Moavia , fidèles jusqu’alors , commencèrent à désirer un autre ordre de choses ; et comme il arrive presque toujours que le pouvoir absolu, délégué à des subalternes, les corrompt , les officiers siciliens en usèrent pour satisfaire leur cupidité et une autre passion dont les suites sont souvent plus dangereuses . Les Djerbiotes , tyrannisés dans leurs personnes , leurs biens , et , ce qui est plus sensible , dans leur honneur d’époux et de pères, se révoltèrent enfin et se donnėrent au roi de Tunis , qui , à l’expiration de la trêve , les accepta pour sujets et leur envoya du secours . Il s’empara aussi de Kerkena , et il ne resta plus aux chrétiens que le château de Djerba , dont les Arabes formèrent le siège.

La Sicile expédia quelques troupes , sous le commandement de Raymond de Peralta . Cet officier les introduisit dans la place ; mais , comme on allait débarquer les munitions de guerre et de bouche , survint une flotte combinée de Naples et de Gênes , alors en guerre avec la Sicile . Cette flotte s’empara des transports et mit en fuite les galères de Sicile. Son commandant vendit aux Arabes les armes prises aux Siciliens , et s ‘ éloigna en leur laissant le soin de continuer le siège du château , dont ils finirent par s’emparer. Ceci eut lieu en 1335 . La garnison fut massacrée ou réduite en servitude , et le commandant , Pierre de Zaragoza , inhumainement lapidé avec son fils , tout jeune homme qui paya peut-être , par cette mort tragique , quelques plaisirs prématurés . Ce fut ainsi que prit fin la petite principauté chrétienne de l ‘ ile de Djerba , après cinquante et un ans d’ existence.

Les Djerbiotes ne restèrent pas longtemps soumis au roi de Tunis. Ils reprirent, avec leur indépendance , leurs habitudes de piraterie . En 1355 , le cheikh de cette île devint maître de Tripoli,

Extrait d’Exploration scientifique de l’Algérie pendant les années 1840, 1841, 1842.

Regeb Bounemra, Hamida Ben Ayed, et Hamouda Lasram chefs miltaires et proches conseillers de Hammouda Pacha – رجب بونمرا ، حميدة بن عياد وحمودة لصرم أحد مستشاري المقربين لحمودة باشا

Il ne fait nul doute que Hammouda Pacha par ses réalisations politiques, économiques et architecturales ou par la stabilité qu’il a su renforcer, entrera dans l’histoire comme le fervent défenseur de l’autonomie tunisienne. Ce souverain a su s’entourer des bonnes personnes qui ont contribués au succès de son règne. Nous pouvons citer le puissant Youssef Saheb Etabaa, Mustapha Khodja, ou enfin Slimane Kahia. A côté de ses élites du pouvoir, Hammouda Pacha avait de nombreux conseillers qu’il avait nommés à des postes de confiance, parmi eux Hammouda Ben Abdelaziz, Larbi Zarrouk, Mahmoud Djelouli, des conseillers qui auront consacrés par leurs compétences et tous les moyens ont leurs possessions leurs souverains. Parmi ces proches conseillers, trois sont des chefs militaires auprès desquels Hamouda Pacha demandait conseils et les prenaient en compte dans ses décisions, il s’agit de Regeb Bounemra, Hamida Ben Ayed et Hamouda Lasram.

Hammouda Pacha Bey.

Regeb Bounemra. ( d. 1807)

Cet homme à consacré sa carrière au services de l’Etat et des Beys. Il gravit les échelons des grades militaires jusqu’à devenir Kahia de l’oudjak tunisien. Hammouda Pacha à put compter sur sur lui dans différentes missions, notamment en tant que commandant de l’armée, et s’est caractérisé par son intelligence et son courage. Hammouda Pacha lui avait accordé sa confiance et recherchait les conseils de Regeb même lorsque celui-ci fut atteint d’une hémiplégie faciale l’empêchant de parler, le Bey continua à rechercher ses conseils, et lui répondait par l’écriture.

رجب بونمرا

Palais du Général Hamida Ben Ayed à Djerba, Sedghiane.

Hamida Ben Ayed (d. 1817)

Il est originaire de l’île de Djerba, il occupa les postes civiles et militaires les plus prestigieux au sein de l’Etat Tunisien. Il occupa le poste de Caïd dans plusieurs régions de la Tunisie. Il occupa également le poste d’agent du Bey, et fournissait tout ce dont avaient besoins les invités de la Tunisie venant de Tripolitaine, nourritures, logements et autres. Ce poste témoigne que cet Homme est digne d’une grande confiance auprès de Hammouda Pacha. En plus de cela, comme en témoigne le consul Britannique de l’époque, Ben Ayed était l’un des plus riches tunisiens œuvrant dans dans le commerce extérieure. En ce qui concerne les missions militaires, Hamida Ben Ayed était Général de la cavalerie durant la guerre de la Tunisie contre l’Algérie en 1807, une guerre durant laquelle ce chef montra le courage d’un héros, et nous ne serons pas surpris de son courage si l’on apprend qu’il a dépensé une grande quantité en argent propre, pour mener la deuxième campagne militaire tunisienne contre l’Algérie après l’échec de la première.

Ce Général était l’un des Hommes tunisiens les plus proches de Hamouda Pacha, l’un de ses meilleurs conseillers, Ibn Abi Dhiaf le décrit comme : “Hamida Ben Ayed était toujours à la disposition de son Bey, il siégeait auprès de lui, lui prodiguait ses conseils et influait sur ses pairs.

حميدة بن عياد

Entrée du Palais du Général Hamida Ben Ayed à Bab Jdid.

Hamouda Lasram ( d. 1835)

Cet homme militaire à consacrer sa carrière à l’Etat tunisien et occupa les postes les plus honorables durant le règne de Hamaouda Pacha. Il occupa le poste de Grand douanier de Tunis qui est l’un des postes les plus important de l’Etat. il occupa le poste de chef (Kodja) des zouaves et commandait les armées. Hamouda Lasram était l’un des hommes les plus compétents de Hamouda Pacha dont il se suffisait pour les plus grandes missions, en plus de cela il lui était l’un de ses plus proches conseillers et digne de sa confiance.

Nous ne citerons que ces personnes pour leur spécificités militaires et de conseillers proches de Hammouda Pacha. D’autres personnes ont bien évidemment contribués à la prospérité dont s’est caractérisé le règne de Hammouda Pacha.

Patio du Dar Lasram

حمود ة لصرم

Extrait de : La Politique de Hammouda Pacha de 1782 à 1814, Rachad Al Imam.

Par Kais Ben Ayed.

Les Djerbi d’Istanbul du 18-éme au 20-éme siècle.

Les échanges entre la Régence de Tunis et l’Empire Ottoman remonte à un passé lointain.

En remontant sur les traces de nos ancêtres nous découvrons par exemple que le premier caïd de la dynastie Ben Ayed, Kacem Ben Ayed, était à la tête d’une délégation chargée de 1748 à 1752 de livrer à l’Empire Ottoman, les offrandes de la Régence notamment les troupeaux de bétails. Il ne fait aucun doute que Kacem Ben Ayed, habile commerçant, à su profiter de cette mission administrative et politiques pour renforcer les relations commerciales entre l’Empire ottoman et Djerba.

Le Caïd Ben Ayed et sa délégation, ont contribués à faire connaitre le savoir faire tunisien et la qualité indéniables des produits de la Régence, notamment la chéchia sous ses différents modèles, les dattes, les produits textiles de Djerba et du Djerid, en comptant bien entendu sur le réseau de Djerbiens, bien installés déjà à cette époque à Izmir ou Istanbul qui les aidaient à écouler les marchandises tout en s’informant des nouvelles de Djerba et de leur familles. Nous pouvons citer par exemple les familles Ben Taazait, Ounis et d’autres qui étaient déjà établis à cette période.

Après avoir écoulés leur marchandises à Istanbul, Izmir, ou parfois même au pays du Levant, les membres de la délégation achetaient les produits dont ils en avaient besoin pour leur commerce en Tunisie, comme le riz, le coton, les tissus, mais aussi de belles odalisques. Ils étaient aussi responsable des achats pour le compte de la Régence de Tunis.

Si Hmida Ben Kacem Ben Ayed prend la suite de son père par la suite, que ce soit pour occuper le poste de caïd de Djerba et de l’Aradh, ou en tant qu’armateur-corsaire, Hmida Ben Ayed continue de renforcer la relation commerciale entre Djerba et l’empire ottoman comme en témoigne de nombreuses lettre à l’archive nationale de Tunisie, notamment en 1809, par exemple nous retrouvons échabges entre les caïd Ben Ayed et des membre des familles Safraoui, Bou Zekri, Jebali, El Bessi, Arway, Ben Taafikidet, Talouin, Arrami, Ben Regeb, El Kebir …

Palais construit par Hmida Ben Ayed en 1775.

En 1861, la colonie tunisienne présente à Istanbul s’agrandit et se composait en grande partie de Djerbiens sans toutefois exclure les Sfaxiens ou les Tunisois. Les Djerbiens d’Istanbul sont surtout des gens du village de Mahboubine ou de Beni Maaguel.

Liste des commerçants tunisiens à Istanbul en 1861, par familles.

Parmi ces familles nous pouvons citer les Barbouchi, Hawami, Ben Lagha, Ben Salah, Ben Salem, Ben Slimen, Ben Taher, Ben Younes, Aissa, Kateb, Louati, Safraoui, Sifaoui, Maazouz, Othmen, …

La colonie se réduit à partir du début du 20-éme siècle beaucoup de tunisiens décident de rentrer, cependant il este quelque familles comme le montre cette liste de commerçants musulmans de 1882 à 1912, on peut y lire les noms de familles djerbienne tel que les Bel Hadj Ali, Ben Ayed, ou Ben Jebara.

Liste des commerçants musulman à Istanbul à partir de 1881.

La liste des familles djerbienne n’est pas exhaustive, on retrouve aussi d’autres grandes familles djerbienne qui ont développé leur commerce à Istanbul on peut citer Ben Yedder, Ben Zekri, Zulim, Arway, El Methni, et bien d’autres.

Extrait du fond Ben Ayed Archive nationale de Tunisie. Andreas Tunger-Zanetti, La communication entre Istanbul et Tunis 1860 -1913. Province et métropole, Paris, L’Harmattan, 1996, 300 p

Kais Ben Ayed

Alexis Gierra: l’un des premiers agents de Hamouda Pacha en France

Son parcours.

Né en 1776 sur l’île Saint Paul, au large d’Alicante et dans le royaume de Valence, Alexis Gierra appartient à l’une de ces familles d’origine ligure venues deux siècles auparavant peupler l’îlot génois de Tabarka, au nord-ouest des côtes tunisiennes. Quelques années plus tard ses parents retournent s’installer à Tunis. Cette identité particulière forgée entre occident et orient, lui permettra le 15 avril 1794, d’être nommé « premier interprète des langues arabes et turques dans les concessions d’Afrique au chef lieu de la Calle. (El Kala, Algérie). Suite à la dissolution de la compagnie il occupera les fonctions de premier interprète, ou drogman, entre 1794 et 1799. Outre la traduction de la correspondance administrative entre le gouverneur de La Calle et les autorités de Tunis et d’Alger, ces fonctions comprennent un rôle actif de médiation entre marchands français et arabes, ainsi que quelques tâches de renseignement sur l’arrière-pays maghrébin. Suite à l’expédition d’Égypte, il partage le sort des Français de La Calle qui seront mis en esclavage, et sera libéré en 1801 par le nouveau consul de France à Alger Dubois-Thainville.

Illustration du fort de Tabarka.

Son exil en France.

Alexis Gierra, se réfugie en France au printemps 1801, arrivé au Vieux port de Marseille, il sera nommé dès septembre en qualité d’interprète du dépôt. Gierra devient alors un acteur important du dispositif d’accueil et d’encadrement des réfugiés à Marseille, et sa maîtrise de l’arabe et du turc fait de lui un médiateur indispensable entre les autorités phocéennes d’une part, et de l’autre des individus qui pour la plupart ne parlent pas le français. D’un ancien ancien intermédiaire des Français en Afrique du Nord, il devient celui des « Orientaux » dans le port phocéen.

Bon élève, Gierra apprend rapidement non seulement à plaider sa cause, mais aussi à tirer profit de ses connexions ; il apprend surtout à assouplir son discours original sur son mérite ainsi que sur son absolue fidélité envers la France, au profit d’une conception plus pragmatique de ses compétences comme de sa loyauté. C’est donc sans même prendre la peine de la justifier par sa connaissance de la langue arabe ou ses relations avec le Bardo, qu’il annonce en 1819 sa nomination en qualité de consul tunisien dans le port phocéen. Cette décision beylicale plonge les autorités françaises dans l’embarras vis à vis de la Porte Sublime, Paris avance alors une solution permettant de satisfaire momentanément les exigences tunisiennes : jouant sur l’absence d’équivalence européenne de la titulature arabe de l’« envoyé » (wakil) tunisien, le gouvernement français propose en effet de ne reconnaître Gierra qu’en qualité d’« agent commercial » du bey sur le Vieux Port de Marseille.

Sa chute.

Cette reconnaissance partielle de la France, la résistance traditionnelle des milieux d’affaires phocéens, (et en particulier de la Chambre de Commerce) à l’activité des marchands maghrébins et juifs à Marseille, ajoutant à cela une crise commerciale commençante en 1820 durant laquelle Gierra est resté passif conduira les envoyés de Tunis, qui au départ l’avait soutenus, à l’écarter progressivement comme en témoigne la lettre de Gierra adressé à Si Soliman Kahia (Premier ministre) le 15 décembre 1821 dans laquelle il se plaint de l’attitude de Si Hassen Mourali, maître d’œuvre de la diplomatie tunisienne sous Mahmoud Bey (1814-1824) suite à son passage à Marseille, on peut y lire:

“À l’arrivée dans cette ville [Marseille] de Sidy Hassan Mourali, chargé de faire construire des frégates pour la Régence, je m’attendais à être honoré du profit de quelque commission sur les bâtiments provenant de Tunis et de ses dépendances, chargés de marchandises pour le compte de Son Altesse notre prince, afin de former sur ces commissions les fonds nécessaires à la construction des dites frégates, mais malheureusement je n’ai pas eu ce bonheur, et Sidy Assuna a donné la préférence à d’autres de sa convenance, qui profitent en cette occasion des avantages dont j’espérais bénéficier en tant que représentant du gouvernement tunisien, alors que nous sommes perçus (je ne sais pourquoi) comme étranger au service de Son Altesse Tunisienne”

La crise commercial de 1820 aboutira inévitablement à la célèbre « crise des huiles » de 1827 à 1828, et la passivité de Gierra du déroulement jusqu’au règlement d’une crise dont une partie non négligeable se joue pourtant sous ses yeux, à Marseille lui coutera une humiliation de la part de Sidi Mohamed Ben Ayed. C’est en effet lors du passage à Marseille de l’envoyé tunisien en France, que viendra le coup de grâce pour Gierra. Dans un rapport au garde des sceaux de la Régence, il détaille ainsi l’humiliation qu’a constituée le séjour dans la ville de l’émissaire tunisien :

“Cela m’a beaucoup déplu de ne pas avoir été en sa compagnie ainsi que j’aurai du l’être, et ce fut aussi préjudiciable à mon emploi de consul tunisien que de nombreuses personnes de ma connaissance, ne me voyant pas avec lui, aient pu croire que je n’étais plus consul, et observer le peu de cas que l’on faisait de moi. Par respect et obéissance envers les ordres de Votre Excellence, je continuai à aller le voir, et le trouvai toujours entouré de certains Juifs tunisiens domiciliés ici, et arrivé auprès de lui, c’est à peine s’il me rendait le salut usuel, et il ne me disait même pas de m’asseoir comme les autres [les Juifs] ; et ceux-ci avaient auparavant une attention à mon endroit qui est aujourd’hui disparue, du fait de la manière dont Sidi Ben Ayed me traitait en leur présence. […] Sidi Mohamed Ben Ayed a séjourné à Paris environ huit mois, je n’ai jamais connu ne serait-ce que son adresse, et il a toujours correspondu avec des personnes étrangères au service de Son Altesse ici à Marseille, pour faire passer à Tunis sa correspondance, etc., etc. Cela fait plusieurs jours qu’il se trouve de retour dans cette ville, et je ne lui ai pas rendu visite afin de ne pas être reçu comme par le passé, et pour ne pas donner à connaître au public, et particulièrement à ceux qui sont continument à ses côtés, le peu de cas qu’il fait de moi, je me suis résigné à séjourner à la campagne durant tout le temps qu’il restera à Marseille, abandonnant mes propres affaires afin de ne pas être vu en ville”

Alexis Gierra choisit de démissionner de ses fonctions consulaires afin de préserver « son honneur et sa réputation ». Il s’éteint peu après, le 15 juin 1835, à l’âge de 62 ans.

Référence “Alexis Gierra, « interprète juré des langues orientales » à Marseille” par M. Grenet.

Kais Ben Ayed

Poème perdus et retrouvés de Ben Moussa El Fetairi

Les vers de Ben Moussa poète satirique et moraliste jouissaient autrefois d’une renommée considérable dans la Régence de Tunis malheureusement oublié de nos jours. Ahmed Ben Moussa connu sous le nom de Ben Moussa El Fetairi, fabricant de beignets, est originaire de Ghomrassen. D’abord apprenti dans la boutique paternelle puis patron. Il eut tout en confectionnant ses huileuses pâtisseries, tout loisir de songer à la fragilité des choses humaines, à l’inconstance de la fortune, aux dangers des mauvaises fréquentations, à la morgue orgueilleuse du parvenu, aux importunités du sot, considérations qui constituent le fond habituels de sa poésie. Ce fût au cours de sa tâche quotidienne que, penché sur son chaudron, un bras appuyé sur un genou, la bouche protégée par un bandeau contre l’écrêté de la fumée de la friture, il commença à composer dans son for intérieur ces vers qui réjouissaient tant les Tunisiens. Il eut ensuite plus souvent occasion de se livrer à ses méditations philosophiques de prédilection quand, abandonnant son métier, il occupa au gouvernement tunisien un emploi de chaouch et plus tard une charge d’intendant qui l’obligèrent à de fréquent séjours à la cours beylicale. D’aucuns assurent même qu’il fut bouffon en pied de Mohammed Es Sadok, souverain sous le règne duquel Ben Moussa est mort. Découvrons quelques uns de ses poèmes.

ارض السبخه ما تنبت غرس * والفرفوري ما اجي من الطين
خلطت سارق من شرو ط الحبس * وخلطت عالم من شرو ط الدين
مع لسالك ما تكبر نفس * رطابت لسانك تندفع في الدين
مع لاكابر ما تكثر حس * حتي تلقي لدخول إمنين
اما الغلّة مآ تطيب بمرس * حتي اجيها وقتها و تلين
صحن سلاطة و خبزتين و نصف * مع طاجين قلاية طايب بين نارين
برّا اذا خلّاك مول العرس * كول معاه بلا اغسيل ايدين

En terrain salin, aucune plantation ne peut vivre. La porcelaine ne se fabrique pas avec de la boue.

La fréquentation d’un voleur vous conduit en prison; celle du savant vous facilite la pratique de la religion.

Avec ton créancier, ne fait pas l’arrogant; adoucis test expressions, ta dette s’acquittera.

Avec les grands, ne prolonge pas le bruit tant que n’auras pas trouvé un moyen d’accès.

Les fruits ne murissent pas à force d’être palpés: le moment venu, d’eux mêmes, ils deviennent tendres.

Une assiette de salade, deux peins et demi, une poêlée de viande sautée, préparée entre deux feux (voilà le bonheur suprême).

Tant pis si le maitre de la noce te fait asseoir: mange avec lui même si tu n’as pas les mains propres.

حسبت سيدي من الاسياد * و الا شيخ و صاحب ديّا
ولا قايد من القياد * كيف ريتو في هاك الهيا
خاطم كنر بن عياد * متعدي بالفنطزيا
كنو عنتر بن شداد * عبارو ثلاث الاف و ميا
توا عندوالريح انزاد * ماشي يبيع البطنيا
تاجر بلارباح اتفاد * يتسبب في الكاكويا
جايب دوار و فاد * ماشي الدار العزبيا
من معرفتو فلاجواد * سلملي علي بوسعديا

Je le prenais pour un grand seigneur, au moins pour un cheikh, (personne considérable) pour un homme généreux.

Ou bien pour un des caïds, quand je l’ai vu sous cet aspect. Il passait tel Ben Ayed, marchant fièrement.

Tel Antar Ben Chedad, qui a la valeur de 3100 guerriers.

Maintenant, le vent de l’orgueil souffle chez lui plus fort; pourtant il est obligé de vendre jusqu’à sa couverture.

Fait du négoce pour en retirer des gains, débite des cacahouettes.

Il véhicule des tripes et de la fressure, en vue de leur vente, mais fréquantant les Azzabia;

Se donne comme ayant des relations dans les familles honorables, et pourtant
il présente ses salutations à Bou Saadia.

هذا العجب ما ريت * علي قدر ما ذاريت
الي سمعت حكيت * لا زدت لا خليت
قال الحجر اصقيت * جبت الحديد شعيت
قال الحديد اعصيت * با مباردي ترحيت
قال الزتون للزيت * علي خاترك تمحيت
اخذيت الماء غليت * في أنيا في البيت
اسقيت الشجرا رويت * يقول الماء بتثبيت
عود الذي حييت * بامقاصو تكويت

Ce que j’ai vu est bien un sujet d’étonnement, même étant donné ce que je savais déjà. Les propos que j’ai entendus, je les ai rapportés, sans rien ajouter ni retrancher.

Le minerai a dit: “Je me suis transformé; j’ai donné le fer qui s’en va en étincelles” Le fer à son tour: Je vous ai résisté, ô limes; ô vous à qui j’ai donné naissance, vous m’avez usé.

L’olive reproche à l’huile: Pour toi, j’ai été écrasée, j’ai été prise sur l’eau que l’on a fait bouillir, dans un vase, dans la maison.

Et l’eau à son tour : J’ai arrosé abondamment l’arbre en vérité. Le bois qui me doit la vie, s’est transformé en charbons ardent qui m’ont réduite en vapeur.

Extrait de revue par H. Briquez.

Par Kais Ben Ayed

Deuxième ambassade de Sidi Ben Ayed auprès du Roi de France en 1846.

Arrivée à Marseille. L’illustration (Janvier 1846)

Hier soir est arrivée sur la rade la corvette Le Lavoisier, commandée par M. Medoni, capitaine de corvette. Ce steamer, venant de Tunis, d’où il est parti le 21, a relâché successivement à Civita-Vechia et à Livourne, où il a terminé sa quarantaine, et il a eu son entrée en arrivant. M. de Lagau, qui se trouvait à bord du Lavoisier, est descendu hier soir à terre et a expédié des dépêches au gouvernement.

Le Lavoisier avait à bord 17 passagers, au nombre desquels nous avons remarqué Sidi Ben Ayed, envoyé extraordinaire du Bey de Tunis auprès du roi des Français, et plusieurs personnages composant sa suite. Sidi Ben Ayed est en quelques sorte l’intendant du Bey, c’est un homme important, et qui vient d’être décoré de la Légion d’Honneur. Il est porteur d’une lettre autographe du Bey et de riches présents.

On l’a reçu ici avec tous les honneurs dû à son rang. Ce matin, lorsqu’il a quitté le vapeur le Lavoisier, il a été salué de 13 coup de canon, et ce salut été répété par le vaisseau amiral au moment de l’embarcation que montait Sidi Ben Ayed est son entrée dans l’arsenal. Le 3E régiment d’infanterie de marine et l’artillerie de marine formaient la haie dans cet établissement, et le 19E de ligne de porte de l’arsenal à l’hôtel de la préfecture maritime. Les autorités maritimes et militaires, suivies d’un nombreux état-major, accompagnaient l’ambassadeur tunisien, que suivaient de près plusieurs serviteurs porteurs de ses effets, et au passage du cortège les tambours battaient aux champs et les troupes étaient au port d’armes.

Sidi Ben Ayed porte l’uniforme d’officier général, avec épaulettes à la française; c’est un homme avancé en âge, mais paraissant encore assez fort, d’une corpulence d’ailleurs extraordinaire. Pendant le trajet de l’arsenal à la préfecture, il donnait le bras à M. le baron de Lagau, consul général et chargé d’affaire de France à Tunis.

L’ambassadeur Tunisien va poursuivre sa route pour Paris, où se trouveront en même temps des envoyés des deux états barbaresques qui bornent à l’est et à l’ouest nos possessions algériennes.

Portrait du Général Mohamed Ben Ayed.

Arrivée à Paris le 13 janvier 1846 (Le droit)


Sidi Mohamed Ben Ayed, ambassadeur de Tunis qui est arrivé à hier à Paris. Il a été reçu aujourd’hui par M. le Ministre des affaires étrangères S. E doit être reçu par le Roi demain ou jeudi.

Rencontre avec le Roi Louis Phillipe le 15 janvier. (le Moniteur universel)

Sidi Ben Ayed, envoyé extraordinaire du Bey de Tunis remis au Roi, en audience particulière, une lettre par laquelle S.A remercie S.M du grand cordon de la légion d’honneur que le Roi lui a envoyé.

Don à l’Eglise de la Madeleine le 19 Avril 1846 Le Constitutionnel

Sidi-Ben-Ayad, envoyé extraordinaire du bey de Tunis à Paris en Avril 1846, a fait remettre 10,000 fr. à M. le curé de la Madeleine, en le priant de distribuer cette somme aux nécessiteux en son nom, comme un témoignage de la joie qu’il a éprouvée en apprenant que le roi des Français avait échappé, par la protection de Dieu à l’attentat dont il était visé.

Kais Ben Ayed

La visite de Lady Herbert chez Ben Ayed

Lady Elisabeth Herbert

Mary Elizabeth Herbert, baronne Herbert de Lea, née Ashe à Court-Repington le 21 juillet 1822 est décédée le 30 octobre 1911, , est une écrivaine anglaise, traductrice, philanthrope et figure sociale influente du 19 -ème siècle.

Lady Herbert était l’amie intime et la correspondante de nombreux personnages éminents, politiciens de l’époque, tels que Benjamin Disraeli, Palmerston ou Gladstone. Disraeli en fait une brève description dans son roman “Lothair”: elle a été élevée dans la foi protestante, mais, lors d’un voyage à Rome après son mariage, elle a retrouvée l’ancienne foi, qu’elle professait avec les convictions enthousiastes d’une convertie. Toute sa vie a été consacrée au triomphe de la cause catholique; et, étant une femme d’une intelligence considérable et d’un esprit ardent, elle était devenue une puissance reconnue dans la grande confédération qui a tant influencé le genre humain”.

Lady Herbert chez Ben Ayed en 1871.

Dans son roman intitulé “A Search After Sunshine: Algeria in 1871” Lady Herbert nous décrit son voyage en Algérie et en Tunisie. Lady Herbert s’est rendue en Tunisie pour tester la qualité curative de certaines sources chaudes qui lui ont été recommandées par un rhumatologue à Paris. Elle décrit notamment sa visite chez les Ben Ayed :

“Dans le courant de la journée, nous retournâmes à la campagne avec Mme Christina Wood, l’épouse du Consul général britannique, désireuse de nous présenter à l’une des premières familles de Tunisie, qui possède un palais non loin et qui se nomme Ben Ayed. Cette habitation ne différait en rien des villas mauresques que nous avions déjà vues : toujours les mêmes cours, des colonnades et de vastes escaliers, … Mais lorsqu’on nous fit entrer dans le grand salon, nous pouvions à peine croire que nous avions sous les yeux une scène de la vie réelle. Il y avait là une foule de femmes, d’enfants et de servantes, toutes vêtues du costume particulier dont j’ai parlé précédemment. Nous fûmes à moitié éblouies par les riches couleurs des étoffes et l’éclat des bijoux. Elles portaient une coiffure noire pointue, appelée « cufier », d’où pendaient sept barbes brodées, nommées « hiaout » ; une écharpe voyante, le « shorbat», était enroulée autour de leur tête, ainsi qu’un mouchoir de gaze, le « beshkir » ; par-dessus leur chemise de gaze elles avaient une délicieuse « jubba », ou veste de soie d’une extrême finesse et d’une nuance exquise, verte, rose, jaune ou mauve, etc., un pantalon collant en étoffe brochée d’or et d’argent ; elles étaient, chaussées de bas de même tissu et de pantoufles dorées. L’une de ces dames, pour nous faire plaisir, passa un costume complet de brocart d’argent orné de broderies, qui devait être affreusement gênant à porter, à cause de sa pesanteur ; mais il est vrai qu’elles ne sortent guère que pour aller dans leurs jardins : elles jettent alors sur leurs épaules un « sufsary » ou gandoura blanc extrêmement léger. Les enfants avaient autour de la tête des chaînes d’or, garnies de cercles de ce métal entrelacés, et les bijoux appelés la « main de Fatma » et le « sceau de Salomon », attachés d’un côté et pendant sur l’oreille. Il n’y avait pas jusqu’aux servantes qui n’eussent des bracelets précieux et des vestes de soie rayées de rouge et de jaune, qui contrastaient agréablement avec leur peau d’un noir d’ébène. Les petits enfants étaient ravissants, et deux des jeunes filles de la maison eussent été des beautés sans leur embonpoint énorme; ce fut du moins notre avis: elles avaient de grands yeux fendus en amande, des sourcils bien arqués, les cheveux noirs et un teint éclatant de fraîcheur. Je dois ajouter que le costume féminin que je viens de décrire, n’est ni gracieux ni convenable, et que, dans une réunion nombreuse, il est positivement indécent ; des femmes vêtues de cette façon ne sauraient paraître en public : aussi ne doit-on pas oublier qu’elles ne quittent jamais leur harem, et que les robes, jupes et jupons leur sont tout à fait inconnus. Nous eûmes le regret de ne pas pouvoir causer avec nos aimables hôtesses, qui ne parlaient que l’arabe ; heureusement que Mme Wood et Mme Green (femme du vice-consul) suppléèrent à notre ignorance de cette langue, et se firent nos interprètes : leur long séjour dans ce pays leur a procuré l’avantage de parler arabe avec élégance et facilité. “

Intérieur tunisien – Femmes de haut rang

“Le jour suivant, nous étions invitées à dîner chez les Ben Ayad, auxquels nous avions été présentées quelques jours auparavant. Le repas fut interminable, les mets variés; mais on ne servit pas de vin, la loi de Mahomet ne permettant pas aux femmes l’usage de cette boisson. Ensuite la voiture nous conduisit à la villa de la fille aînée de Sidi Ben Ayed, habitation où l’on trouve le luxe d’ameublement français réuni au « confort » anglais. Le mari de cette dame, qui avait beaucoup habité Paris et parle français couramment, nous cueillit un magnifique bouquet de roses, de géraniums, de jasmin du Cap et d’autres fleurs de son jardin, une merveille. “

Par Kais Ben Ayed