La visite de Lady Herbert chez Ben Ayed

Lady Elisabeth Herbert

Mary Elizabeth Herbert, baronne Herbert de Lea, née Ashe à Court-Repington le 21 juillet 1822 est décédée le 30 octobre 1911, , est une écrivaine anglaise, traductrice, philanthrope et figure sociale influente du 19 -ème siècle.

Lady Herbert était l’amie intime et la correspondante de nombreux personnages éminents, politiciens de l’époque, tels que Benjamin Disraeli, Palmerston ou Gladstone. Disraeli en fait une brève description dans son roman “Lothair”: elle a été élevée dans la foi protestante, mais, lors d’un voyage à Rome après son mariage, elle a retrouvée l’ancienne foi, qu’elle professait avec les convictions enthousiastes d’une convertie. Toute sa vie a été consacrée au triomphe de la cause catholique; et, étant une femme d’une intelligence considérable et d’un esprit ardent, elle était devenue une puissance reconnue dans la grande confédération qui a tant influencé le genre humain”.

Lady Herbert chez Ben Ayed en 1871.

Dans son roman intitulé “A Search After Sunshine: Algeria in 1871” Lady Herbert nous décrit son voyage en Algérie et en Tunisie. Lady Herbert s’est rendue en Tunisie pour tester la qualité curative de certaines sources chaudes qui lui ont été recommandées par un rhumatologue à Paris. Elle décrit notamment sa visite chez les Ben Ayed :

“Dans le courant de la journée, nous retournâmes à la campagne avec Mme Christina Wood, l’épouse du Consul général britannique, désireuse de nous présenter à l’une des premières familles de Tunisie, qui possède un palais non loin et qui se nomme Ben Ayed. Cette habitation ne différait en rien des villas mauresques que nous avions déjà vues : toujours les mêmes cours, des colonnades et de vastes escaliers, … Mais lorsqu’on nous fit entrer dans le grand salon, nous pouvions à peine croire que nous avions sous les yeux une scène de la vie réelle. Il y avait là une foule de femmes, d’enfants et de servantes, toutes vêtues du costume particulier dont j’ai parlé précédemment. Nous fûmes à moitié éblouies par les riches couleurs des étoffes et l’éclat des bijoux. Elles portaient une coiffure noire pointue, appelée « cufier », d’où pendaient sept barbes brodées, nommées « hiaout » ; une écharpe voyante, le « shorbat», était enroulée autour de leur tête, ainsi qu’un mouchoir de gaze, le « beshkir » ; par-dessus leur chemise de gaze elles avaient une délicieuse « jubba », ou veste de soie d’une extrême finesse et d’une nuance exquise, verte, rose, jaune ou mauve, etc., un pantalon collant en étoffe brochée d’or et d’argent ; elles étaient, chaussées de bas de même tissu et de pantoufles dorées. L’une de ces dames, pour nous faire plaisir, passa un costume complet de brocart d’argent orné de broderies, qui devait être affreusement gênant à porter, à cause de sa pesanteur ; mais il est vrai qu’elles ne sortent guère que pour aller dans leurs jardins : elles jettent alors sur leurs épaules un « sufsary » ou gandoura blanc extrêmement léger. Les enfants avaient autour de la tête des chaînes d’or, garnies de cercles de ce métal entrelacés, et les bijoux appelés la « main de Fatma » et le « sceau de Salomon », attachés d’un côté et pendant sur l’oreille. Il n’y avait pas jusqu’aux servantes qui n’eussent des bracelets précieux et des vestes de soie rayées de rouge et de jaune, qui contrastaient agréablement avec leur peau d’un noir d’ébène. Les petits enfants étaient ravissants, et deux des jeunes filles de la maison eussent été des beautés sans leur embonpoint énorme; ce fut du moins notre avis: elles avaient de grands yeux fendus en amande, des sourcils bien arqués, les cheveux noirs et un teint éclatant de fraîcheur. Je dois ajouter que le costume féminin que je viens de décrire, n’est ni gracieux ni convenable, et que, dans une réunion nombreuse, il est positivement indécent ; des femmes vêtues de cette façon ne sauraient paraître en public : aussi ne doit-on pas oublier qu’elles ne quittent jamais leur harem, et que les robes, jupes et jupons leur sont tout à fait inconnus. Nous eûmes le regret de ne pas pouvoir causer avec nos aimables hôtesses, qui ne parlaient que l’arabe ; heureusement que Mme Wood et Mme Green (femme du vice-consul) suppléèrent à notre ignorance de cette langue, et se firent nos interprètes : leur long séjour dans ce pays leur a procuré l’avantage de parler arabe avec élégance et facilité. “

Intérieur tunisien – Femmes de haut rang

“Le jour suivant, nous étions invitées à dîner chez les Ben Ayad, auxquels nous avions été présentées quelques jours auparavant. Le repas fut interminable, les mets variés; mais on ne servit pas de vin, la loi de Mahomet ne permettant pas aux femmes l’usage de cette boisson. Ensuite la voiture nous conduisit à la villa de la fille aînée de Sidi Ben Ayed, habitation où l’on trouve le luxe d’ameublement français réuni au « confort » anglais. Le mari de cette dame, qui avait beaucoup habité Paris et parle français couramment, nous cueillit un magnifique bouquet de roses, de géraniums, de jasmin du Cap et d’autres fleurs de son jardin, une merveille. “

Par Kais Ben Ayed

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