Les coulisses d’un Sérail

Vahida la mère du Sultan se rendit auprès de son fils, le Sultan Abdulaziz, trônant sur l’Empire Ottoman depuis 1861 suite à la mort de son frère Abdulmecid. Dès qu’elle entra le Sultan se pressa alors à l’accueillir et pris sa main respectueusement et la fit assoir auprès de lui:

– Chère Mère je vous ai demandé car je voudrai vous faire part d’un souhait qui j’aimerai qu’il soit réalisé à travers vous.

La mère du Sultan pris alors la tête de son fils et déposa un baiser sur son front et lui dit:

– Mon fils vous êtes le Sultan, et tous les pouvoirs sont entre vos mains alors qu’elle est ce souhait pour lequel vous auriez besoin de mon aide pour qu’il se réalise ?

– Oui Mère, je sais qu’il m’est possible d’obtenir tout ce que je désire sans que personne n’y contrevienne mais je suis respectueux de nos traditions et voici ce que je désire:

– Parlez mon fils !

Sultan Abdulaziz

– L’année dernière, il nous a été offert par Mahmoud Pacha Ben Ayed le Tunisien, trois jeunes filles des femmes de son Palais, elles m’avaient séduits et je voulais qu’elles fussent traitées dans le palais d’une façon particulière, j’avais donc ordonné qu’elles soient mise sous votre protection et que vous leur accordiez un soin particulier.

Le Pacha Mahmoud Ben Ayed

– Oui, et les trois filles: Yoldez, Najia et Safinaz vivent depuis avec moi, et dînent à ma table chaque soir !

– Mère, je voudrais épouser l’une d’entre elles. Elles sont à mes yeux digne de porter le titre de Sultane et c’est ce dont j’en ai envie…

– Et qui est l’heureuse élue sur laquelle s’est portée votre choix ?

– Safinaz, la plus intelligente des trois et la plus belle ! Discutez-en avec elle et faites lui part de mon souhait.

– Vous aurez ce que vous désirez mon fils !

La Sultane Safinaz.

La mère du Sultan s’empressa de porter la nouvelle à la jeune fille et fit part de la discussion qu’elle eut avec le Sultan, elle la félicita par la suite croyant qu’elle allait s’en réjouir. Mais Safinaz se jetta aux pieds de la mère du Sultan, et se mit à pleurer !

– Je n’ai pas connu mon père, j’ai été enlevée à ma famille, jeune fille. Je ne sais si je suis turque, circassienne, européenne ou arabe ? Votre tendresse et l’année que j’ai passé en votre compagnie, dans ce palais, m’a fait oublier tout ces malheurs. Bien sur que le fait que le Sultan m’ai choisie me touche profondément, mais je ne peux pas accepter, je ne veux pas devenir Sultane et je souhaite simplement garder ma position actuelle.

La mère du Sultan ne comprenant pas essaya par tous les moyens de la persuader de changer d’avis et d’accepter la demande du Sultan mais en vain. Elle lui dit:

– Vous avez certainement un secret qui vous tourmente ma fille et que vous ne souhaitez dévoiler … parlez ma fille dites moi la vérité ? Je suis une femme comme vous, une femme qui étant jeune fille avait gouté comme vous aux malheurs que vous goutez aujourd’hui , et comme vous, j’ai été amenée dans ce palais contre mon gré, mais je me suis résignée à accepter mon destin et j’ai oublié ce passé douloureux, j’ai décidé d’accepter ma condition. Parlez ma fille ! Dites moi ce qui vous pousse à refuser ?

Safinaz soupira et répondit:
– Ne me le demandez pas à moi… demander au Prince Abdulhamid !

– Ah ! je comprends enfin ! s’exclama la mère du Sultan.

Le Sultan Abdulhamid II

Le jeune et beau Prince Abdulhamid se baladait dans les enceintes du palais et passait ses nuits dans les beaux jardins, il ne se préoccupait guère du pouvoir.
Il n’avait que 30 ans lorsqu’il aperçu Safinaz. Ils tombèrent follement amoureux et se promirent de se marier dès que cela serait possible.

La belle Safinaz faisait partie du Harem de son oncle le Sultan Abdulaziz et le prince devait se garder de jeter son dévolu sur l’une des femmes de son oncle le Sultan, cela n’était pas permis par les lois et les traditions. La mère du Sultan vint le questionner à ce sujet, il lui fit alors part de son amour profond pour Safinaz et de la promesse de mariage qu’ils se sont faites.

La mère du Sultan savait qu’elle était devant un amour que rien ne pouvait briser et éprouva un penchant pour le prince Abdulhamid qu’elle se décida à aider. Elle lui dit :

– Mon fils, ton oncle est est le Sultan, il a entre ses mains les pleins pouvoirs et peut posséder et faire tous ce qu’il souhaite. Je vais tenter de l’influer, et de le dissuader d’épouser Safinaz. Elle restera alors libre, et vous pourrez ainsi vous marier par la suite.

– Je vous en serai reconnaissant, car mon amour pour Safinaz et un amour devant lequel tout s’estompe, et si par malheur je perdais l’espoir de la marier un jour, j’en serai triste pour le restant de mes jours.

La mère du Sultan, lui promit de faire le nécessaire, et se jura qu’elle célébrerait ce mariage.

Quelques temps s’écoulèrent et la mère rendit visite à son fils le Sultan Abdulaziz, elle lui raconta que Safinaz, était malade, et que les médecins lui ordonnèrent un repos total en s’éloignant de la ville, pour privilégier les régions montagneuses et avoir ainsi plus de chance de guérison de sa maladie. Elle lui fit croire que le mariage devenait impossible car il allait nuire à Safinaz et pouvait certainement la tuer.

Le Sultan Abdulaziz ne pouvait douter des paroles de sa mère et suivant ses conseils, il renonça à se marier avec Safinaz et entrepris de se marier avec sa sœur Yoldez qu’il épousa et dont il eu de nombreux enfants.

Plusieurs jours passèrent, et la mère du Sultan rendit visite de nouveau à son fils lui rapportant la mort de Safinaz. Elle l’informa qu’elle fut enterrée dans le jardin de la demeure où elle résidait en Anatolie. Mais la vérité était toute autre !

Safinaz était en réalité en compagnie de son amour le prince Abdulhamid. Quatre années de bonheur et de félicité s’écoulèrent dans le secret total sans que personne ne le découvre. Ils eurent trois enfants fruit de leur amour. Ce fut pour Abdulhamid les moments les plus heureux de sa vie.

En 1876, le Sultan Abdulaziz fut assassiné. Ce fut l’ainé de ses neveux Mourad, frère du Prince Abdulhamid qui s’empara du pouvoir. Depuis naquit en secret le feu de la convoitise du pouvoir chez le prince Abdulhamid. Après seulement trois mois, Mourad V fut pris de folie passagère et le prince Abdulhamid fut alors investi du pouvoir et devint le Sultan Abdulhamid II. Depuis cet instant, la belle Safinaz que l’on croyait morte refit surface et devint Sultane suivant les lois et les traditions de l’Empire.

Le destin allait en vouloir autrement pour la Sultane Safinaz. Abdulhamid devenait de plus en plus sollicité et bien que Safinaz fut sa favorite, l’amour du pouvoir et du devoir avait surpassé son amour fidèle pour Safinaz. Le souvenir de leur premier amour ne put aider la sultane à se faire à sa cette nouvelle condition et ne pouvait pas supporter l’éloignement de son amour. Désespérée, elle finit par demander le divorce et finit par s’exiler dans l’un des palais sur les bords de la mère Noire jusqu’à sa mort.

Extrait et traduit de l’arabe de “Dans l’enceinte du Palais” de Habib Gamati

Kais Ben Ayed

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