Extrait d’histoire: l’abolition de l’esclavage dans la régence de Tunis

L’esclavage a été aboli en Tunisie le 23 janvier 1846 sous le règne de Ahmed Bey. Le 2 février 1846, Sir Thomas Reade, consul général de Grande Bretagne, sans lequel cette décision historique aurait tarder à voir le jour organisait une réception afin de remercier toutes les personnes qui ont rendus cette mesure possible.

Décret d’Ahmed Bey du 23 janvier 1846.

Le consul général, accompagné de Monsieur Ferrier son vice-consul, Monsieur Santillana, chancelier du consulat et son fils, Messieurs Richardson et Holman, les célèbres explorateurs, quittèrent Tunis en direction du Palais du Bardo.

Le Bey les reçus de façon très cordiale dans sa salle d’audience privée en compagnie de ses ministres. Parmi lesquels et à ses cotés, Si Mustapha Khasnadar, son favori et ami intime, Si Ahmed Ibn Abi Dhiaf, son secrétaire privée du Bey, le chevalier Raffo son ministre des affaires étrangères, et Monsieur Bogo, son ministre des affaires liés aux résidents européens.

Ahmed Pacha Bey

James Richardson, donna les lettres de remerciements et les signatures au chevalier Raffo afin de les présenter au Bey. Ahmed Bey les donna alors à son secrétaire Ahmed Ibn Dhiaf pour les lire en langue arabe, les traductions en arabes ayant été préalablement faites. Le café fut servi avant la lecture des documents pour tous les visiteurs.

James Richardson

Le premier document qui fut présenté était la lettre de Monsieur Richardson dont voici un extrait:

“Je présente à votre Altesse au nom de Dieu, que tous chrétiens et musulmans adorent, nos remerciements et notre témoignage de gratitude signés par les officiers britanniques. Commerçants et résidents de Malte, de Gozo, de Gibraltar, de Florence, de Livourne, de Naples, de Smyrne et de Tripoli, remercient votre Altesse, pour ses premières étapes préliminaires que votre Altesse a décidé de franchir en vue d’abolir l’esclavage dans votre royaume. Parmi les noms, qui soutiennent votre décision, votre Altesse trouvera plusieurs gentlemens britanniques du plus grand talent et au rangs les plus éminents qui se sont spontanément manifestés pour vous témoigner leurs admirations et leurs gratitudes pour votre noble conduite philanthropique pour soulager la souffrance de l’Humanité et reconstruire de nouveau la grandeur de l’Afrique du Nord…”

“Nous sommes convaincus que votre Altesse a obtenu plus d’honneur pour cet acte en faveur de l’abolition de l’esclavage que n’importe quel prince musulman n’a jamais acquis par la guerre ou la conquête, ou par la promotion des arts ou de la science, et nous sommes persuadés que si votre Altesse continue ce grand travail d’émancipation pour l’Afrique, le nom de votre Altesse sera couvert de gloire …”

“Nos compatriotes sont profondément conscients du grand mérite du représentant de leur souverain à la cour de votre Altesse, qui a humblement et sans cesse représenté à votre Altesse le grand bien que ferait cette mesure et la réputation que votre Altesse pourrait acquérir en Europe et dans le Monde …”

” Nous sommes heureux d’apprendre également que des Français éclairés et philanthropes ont félicité Votre Altesse pour votre noble détermination à abolir l’esclavage, car dans cette immense mesure d’humanité, les rivalités nationales s’éteignent…”

Puis a suivi la lecture de remerciement de la British and Foreign Anti – Slavery Society. Lors de la lecture de ces documents, le Bey se montrait parfois très agité, et lancé des paroles en italien et en arabe, mettant sa main sur sa poitrine, et ajoutant: ” Je l’ai fait de bon cœur “!

Son Altesse s’est ensuite adressé à M. Richardson en ces quelques mots:

“Je vous suis très reconnaissant, Monsieur, de la peine que vous avez prise à préparer ses témoignages et à obtenir les signatures. Je suis extrêmement reconnaissant à ceux de vos compatriotes qui vous ont délégué de me présenter ces témoignages. Je suis profondément sensible au grand honneur qui m’a été ainsi conféré. Et je ne manquerai pas de saisir toutes les opportunités qui sont en mon pouvoir pour améliorer la condition des Noirs d’Afrique. J’ai commencé avec plaisir l’abolition de l’esclavage, et je ne cesserai de poursuivre le grand travail d’émancipation que lorsque j’aurai complètement extirpé l’esclavage de mon royaume.”

Une fois ces paroles terminés les visiteurs prirent congé de Son Altesse. Ils étaient très flatté de voir la cordialité qui existait entre Sir Thomas Reade et le Bey.

“Nous ne pouvons clore le récit sans présenter nos remerciements à Sidi Mohamed Ben Ayed, qui s’est beaucoup intéressé à la réussite de notre mission. Sidi Ben Ayed est l’un des principaux courtisans de Son Altesse le Bey; il est le personnage le plus opulent et le plus influent du royaume de Tunis et il y joui de grande faveur. En effet, sa générosité et son caractère aimable, ainsi que sa connaissance des pays chrétiens (car il a été en Europe), font de lui un favori universel. Sa famille est très puissante et possède un excellent caractère. Sidi Ben Ayed, pour des raisons urgentes, n’était pas présent à la réception, mais a exprimé ses plus chaleureuses sympathies pour le succès de la mission. “

Extrait de The British and foreign Anti-Slavery Reporter citant l’implication du Général Mohamed Ben Ayed dans l’abolition de l’esclavage en Tunisie.
Lettre de Thomas Reade citant l’implication du Général Mohamed Ben Ayed dans l’abolition de l’esclavage en Tunisie.

(Extrait de “The British and Foreign Anti-slavery Reporter”)

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