Combat de l’oued Remel en 1782

Les batailles algéro-tunisiennes sont une série de conflits entre la régence d’Alger et la régence de Tunis , l’une d’elles fut la bataille de Constantine en l’an 1782.

Siège de Constantine

Après quinze jours d’une marche pénible, les différents corps arrivèrent en vue de la ville. Des forces considérables défendaient la position de Mansourah. Le lendemain, les deux armées en vinrent aux mains. Le choc fut terrible sans être décisif. Après six attaques successives, la victoire se déclara enfin pour les Tunisiens et s’emparèrent du camp ennemi.

Cette position dominait complètement la ville.

La porte El Kontra étant ouverte, l’état-major tunisien voulait que l’on donnât immédiatement l’assaut, que l’on achevât ainsi la victoire afin de s’en faire un mérite aux yeux de Hamouda Pacha qui aimait beaucoup les braves. Cet avis était bon et l’on aurait dû en profiter puisque les portes étaient ouvertes, ce qui prouvait les bonnes dispositions des habitants. Mais le généralissime des troupes, Soliman Kahia, homme habitué à faire la guerre ainsi qu’on la faisait dans les temps de la chevalerie, répondit aux officiers de l’état-major que-les troupes étaient exténuées, et qu’il serait toujours grand temps d’effectuer l’assaut le jour suivant.

Pendant la nuit, des agents du bey d’Alger s’étaient introduits dans Constantine et étaient parvenus, à force de présents, à changer l’esprit des habitants et à gagner les Flisséens. Ceux-ci s’engagèrent à tourner leurs armes contre Ingliz Bey, leur propre souverain.

Le jour parut, et l’on demeura tout surpris dans le camp tunisien de voir que les habitants avaient non-seulement fermé leurs portes, mais qu’ils les avaient fortifiées. Il fallut donc entreprendre un siège régulier.

Après deux mois d’une défense opiniâtre, les Tunisiens et leur général Soliman Kahia, se décidèrent à donner l’assaut. Mais ce général eut la mal* heureuse idée de recourir à une stratégie surannée et profondément ridicule.

Combat de l’Oued Remel

Il plaça à l’avant-garde des colonnes d’assaut cinq cents chameaux chargés d’échelles et les fit pousser vers la ville. Arrivés aux pieds des remparts, ces timides animaux furent tellement épouvantés par le feu violent que les assiégés avaient ouvert sur eux, qu’ils reculèrent précipita misent et se jetèrent avec leurs échelles sur les troupes qui les suivaient. Le désordre qui en résulta fut si grand que l’on crut à une sortie de la garnison. Ce spectacle était à la fois triste et risible. Pour parer au danger imaginaire de cette prétendue sortie, une partie des troupes s’était hâtée de regagner le plateau de Mansourah pour défendre les pièces qui s’y trouvaient établies.

Après cette échauffourée que l’on pourrait qualifier de défaite, les Tunisiens continuèrent à tirailler sur la ville, sans résultat marqué. Pendant ce temps, la saison mauvaise s’avançait à grands pas; les pluies et le froid faisaient considérablement souffrir les troupes.

Constantine siégée une armée de secours a été annoncée par Alger, et s’était mise en route; elle se composait de quatre-vingt tentes et avait établit son camp à l’Oued-Remel, et s’y retrancha. En même temps, un autre corps algérien, fort de quarante tentes, venant de Bône, s’avançait, à marches forcées.

Le Général Hmida Ben Ayed

A la vue des Algériens, les Tunisiens sous le commandement de Soliman Kahia attaquèrent le camp de l’Ouad-Remel, par la division les cavaliers de l’Arad, sous les ordres de Général Hmida Ben Ayed.

« Un instant, à la vue de leurs adversaires, le courage des Tunisiens se réveilla ; ils sentirent la nécessité de mettre de côté leurs passions, d’oublier leurs querelles , afin de réunir leurs efforts en commun dans la bataille qui allait s’engager. Toutes les dispositions ayant été prises, l’ordre de commencer l’attaque fut donné par Soliman Kahia. Aussitôt, la cavalerie tunisienne, contingent considérable fourni par les tribus de L’Arad et placée sous le commandement de Hmida Ben Ayed, déploya ses nombreux escadrons dans la plaine et fondit avec une intrépidité incroyable sur l’avant-garde algérienne.

Accueillie par une vive mousqueterie et exposée au, feu bien soutenu de la place, la division de Hmida Ben Ayed ne put forcer les rangs  algériens, qui résistèrent bravement à son choc terrible, et elle dut se replier sur le gros de l’armée, Hmida Ben Ayed fut fait prisonnier. Pendant que les Algériens emmenaient ce général, ses mameluks et ses soldats se ruèrent avec impétuosité sur son escorte et le rendirent à la liberté.

Retour à Tunis

Les affaires restèrent en suspens pendant plusieurs jours. A la fin, voyant qu’il lui devenait de plus en plus difficile de tenir devant l’ennemi, Soliman Kahia prit la résolution de battre en retraite. Profitant d’une nuit très obscure, il leva précipitamment son camp et se dirigea vers le Kef.

Bien que cette expédition n’ait pas eu d’issue fort heureuse, elle peut toutefois être considérée comme une victoire, car il est incontestable que les Tunisiens auraient pu pénétrer dans la ville s’ils avaient voulu profiter du moment où les portes en étaient ouvertes.

Les Tunisiens retournèrent dans leur capitale avec toutes les richesses enlevées dans le camp ennemi.

Suite à cette échec Hmida Ben Ayed se fait prisonnier sous ordres du Bey mécontent de cette défaite, Mohamed Hamouda Lasram, chef des zouaouas l’accompagne en signe de compassion et de respect.

Cela ne diminue en rien le dévouement du Caid Hmida Ben Ayed pour son Bey, suite à une nouvelle attaque des algériens, il met à disposition du Bey depuis sa prison toute sa fortune et sa grande cavalerie à son service pour combattre.

Depuis l’affaire de Constantine, les Algériens ne pensaient qu’avec dépit aux pertes qu’ils avaient reçuent. Ils voulurent s’en venger par la conquête de l’île de Djerba. A cet effet, ils opérèrent un débarquement dans cette île ; mais n’en connaissant pas la topographie, ils s’engagèrent imprudemment dans des marais d’où ils ne purent sortir. Pendant neuf heures, les habitants ne cessèrent de tirer sur eux sans que les algériens pussent faire usage de leurs fusils, parce qu’ils avaient jeté dans la mer les munitions et les armes dont le poids gênait leurs mouvements et compromettait les chaloupes dans lesquels ils se trouvaient embarqués.

A la nouvelle du débarquement des Algériens, Hamouda Pacha expédia de suite une escadre pour se porter au secours de l’île de Gerbi. Elle était composée de neufs bâtiments de tous rangs et marchait sous les ordres de Mohammed el Mouraly. Sur ces entrefaites, la flotte algérienne qui avait reconnu l’impossibilité de s’emparer de l’île, avait mis à la voile et s’était rencontrée avec celle des Tunisiens à la hauteur d’Hammamet. Au moment d’engager le combat, le général Mourales fut indignement trahi par ses capitaines qui eurent la lâcheté de fuir devant l’ennemi et ce fut un échec cuisant pour les algériens.

Extrait de “Histoire de Constantine” par Ernest MERCIER. Principales époques de la Tunisie : documents pour servir à l’histoire de ce pays / par A. Oualid

Par Kais BEN AYED


Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *