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Notre ami Si Jalel Fathallah, fervent amoureux de l’île de Djerba vous propose à travers sa caméra de découvrir le Palais Ben Ayed de Cédriane ainsi que l’exposition photographique de nos deux artistes locaux Safwen Tlili et Koussay Kabaoui qui s’y déroule actuellement jusqu’au 27 décembre de 10H à 17H.

Exposition photographique au Palais Ben Ayed de Djerba les 25,26,27 décembre 2021.

Les coulisses d’un Sérail

Vahida la mère du Sultan se rendit auprès de son fils, le Sultan Abdulaziz, trônant sur l’Empire Ottoman depuis 1861 suite à la mort de son frère Abdulmecid. Dès qu’elle entra le Sultan se pressa alors à l’accueillir et pris sa main respectueusement et la fit assoir auprès de lui:

– Chère Mère je vous ai demandé car je voudrai vous faire part d’un souhait qui j’aimerai qu’il soit réalisé à travers vous.

La mère du Sultan pris alors la tête de son fils et déposa un baiser sur son front et lui dit:

– Mon fils vous êtes le Sultan, et tous les pouvoirs sont entre vos mains alors qu’elle est ce souhait pour lequel vous auriez besoin de mon aide pour qu’il se réalise ?

– Oui Mère, je sais qu’il m’est possible d’obtenir tout ce que je désire sans que personne n’y contrevienne mais je suis respectueux de nos traditions et voici ce que je désire:

– Parlez mon fils !

Sultan Abdulaziz

– L’année dernière, il nous a été offert par Mahmoud Pacha Ben Ayed le Tunisien, trois jeunes filles des femmes de son Palais, elles m’avaient séduits et je voulais qu’elles fussent traitées dans le palais d’une façon particulière, j’avais donc ordonné qu’elles soient mise sous votre protection et que vous leur accordiez un soin particulier.

Le Pacha Mahmoud Ben Ayed

– Oui, et les trois filles: Yoldez, Najia et Safinaz vivent depuis avec moi, et dînent à ma table chaque soir !

– Mère, je voudrais épouser l’une d’entre elles. Elles sont à mes yeux digne de porter le titre de Sultane et c’est ce dont j’en ai envie…

– Et qui est l’heureuse élue sur laquelle s’est portée votre choix ?

– Safinaz, la plus intelligente des trois et la plus belle ! Discutez-en avec elle et faites lui part de mon souhait.

– Vous aurez ce que vous désirez mon fils !

La Sultane Safinaz.

La mère du Sultan s’empressa de porter la nouvelle à la jeune fille et fit part de la discussion qu’elle eut avec le Sultan, elle la félicita par la suite croyant qu’elle allait s’en réjouir. Mais Safinaz se jetta aux pieds de la mère du Sultan, et se mit à pleurer !

– Je n’ai pas connu mon père, j’ai été enlevée à ma famille, jeune fille. Je ne sais si je suis turque, circassienne, européenne ou arabe ? Votre tendresse et l’année que j’ai passé en votre compagnie, dans ce palais, m’a fait oublier tout ces malheurs. Bien sur que le fait que le Sultan m’ai choisie me touche profondément, mais je ne peux pas accepter, je ne veux pas devenir Sultane et je souhaite simplement garder ma position actuelle.

La mère du Sultan ne comprenant pas essaya par tous les moyens de la persuader de changer d’avis et d’accepter la demande du Sultan mais en vain. Elle lui dit:

– Vous avez certainement un secret qui vous tourmente ma fille et que vous ne souhaitez dévoiler … parlez ma fille dites moi la vérité ? Je suis une femme comme vous, une femme qui étant jeune fille avait gouté comme vous aux malheurs que vous goutez aujourd’hui , et comme vous, j’ai été amenée dans ce palais contre mon gré, mais je me suis résignée à accepter mon destin et j’ai oublié ce passé douloureux, j’ai décidé d’accepter ma condition. Parlez ma fille ! Dites moi ce qui vous pousse à refuser ?

Safinaz soupira et répondit:
– Ne me le demandez pas à moi… demander au Prince Abdulhamid !

– Ah ! je comprends enfin ! s’exclama la mère du Sultan.

Le Sultan Abdulhamid II

Le jeune et beau Prince Abdulhamid se baladait dans les enceintes du palais et passait ses nuits dans les beaux jardins, il ne se préoccupait guère du pouvoir.
Il n’avait que 30 ans lorsqu’il aperçu Safinaz. Ils tombèrent follement amoureux et se promirent de se marier dès que cela serait possible.

La belle Safinaz faisait partie du Harem de son oncle le Sultan Abdulaziz et le prince devait se garder de jeter son dévolu sur l’une des femmes de son oncle le Sultan, cela n’était pas permis par les lois et les traditions. La mère du Sultan vint le questionner à ce sujet, il lui fit alors part de son amour profond pour Safinaz et de la promesse de mariage qu’ils se sont faites.

La mère du Sultan savait qu’elle était devant un amour que rien ne pouvait briser et éprouva un penchant pour le prince Abdulhamid qu’elle se décida à aider. Elle lui dit :

– Mon fils, ton oncle est est le Sultan, il a entre ses mains les pleins pouvoirs et peut posséder et faire tous ce qu’il souhaite. Je vais tenter de l’influer, et de le dissuader d’épouser Safinaz. Elle restera alors libre, et vous pourrez ainsi vous marier par la suite.

– Je vous en serai reconnaissant, car mon amour pour Safinaz et un amour devant lequel tout s’estompe, et si par malheur je perdais l’espoir de la marier un jour, j’en serai triste pour le restant de mes jours.

La mère du Sultan, lui promit de faire le nécessaire, et se jura qu’elle célébrerait ce mariage.

Quelques temps s’écoulèrent et la mère rendit visite à son fils le Sultan Abdulaziz, elle lui raconta que Safinaz, était malade, et que les médecins lui ordonnèrent un repos total en s’éloignant de la ville, pour privilégier les régions montagneuses et avoir ainsi plus de chance de guérison de sa maladie. Elle lui fit croire que le mariage devenait impossible car il allait nuire à Safinaz et pouvait certainement la tuer.

Le Sultan Abdulaziz ne pouvait douter des paroles de sa mère et suivant ses conseils, il renonça à se marier avec Safinaz et entrepris de se marier avec sa sœur Yoldez qu’il épousa et dont il eu de nombreux enfants.

Plusieurs jours passèrent, et la mère du Sultan rendit visite de nouveau à son fils lui rapportant la mort de Safinaz. Elle l’informa qu’elle fut enterrée dans le jardin de la demeure où elle résidait en Anatolie. Mais la vérité était toute autre !

Safinaz était en réalité en compagnie de son amour le prince Abdulhamid. Quatre années de bonheur et de félicité s’écoulèrent dans le secret total sans que personne ne le découvre. Ils eurent trois enfants fruit de leur amour. Ce fut pour Abdulhamid les moments les plus heureux de sa vie.

En 1876, le Sultan Abdulaziz fut assassiné. Ce fut l’ainé de ses neveux Mourad, frère du Prince Abdulhamid qui s’empara du pouvoir. Depuis naquit en secret le feu de la convoitise du pouvoir chez le prince Abdulhamid. Après seulement trois mois, Mourad V fut pris de folie passagère et le prince Abdulhamid fut alors investi du pouvoir et devint le Sultan Abdulhamid II. Depuis cet instant, la belle Safinaz que l’on croyait morte refit surface et devint Sultane suivant les lois et les traditions de l’Empire.

Le destin allait en vouloir autrement pour la Sultane Safinaz. Abdulhamid devenait de plus en plus sollicité et bien que Safinaz fut sa favorite, l’amour du pouvoir et du devoir avait surpassé son amour fidèle pour Safinaz. Le souvenir de leur premier amour ne put aider la sultane à se faire à sa cette nouvelle condition et ne pouvait pas supporter l’éloignement de son amour. Désespérée, elle finit par demander le divorce et finit par s’exiler dans l’un des palais sur les bords de la mère Noire jusqu’à sa mort.

Extrait et traduit de l’arabe de “Dans l’enceinte du Palais” de Habib Gamati

Kais Ben Ayed

Attilio Gaudio nous conte Djerba …

Vieux briscard de la presse internationale et ethnologue de renommée mondiale décédé en 2002, Attilio Gaudio était membre de l’Académie française des Sciences, et fut aussi, entre autres, responsable du service Afrique de l’Agence de presse italienne (ANSA), il nous raconte son passage sur l’ile de Djerba dans un article publié en 1966 intitulé “Djerba, l’ile des lotophages”

Attilio Gaudio

DJERBA, L’ILE DES LOTOPHAGES

Au fond du Golfe de Gabès, ou la côte se replie vers l’intérieur de la Tunisie comme pour accueillir au plus loin dans son sein les flots de la Méditerranée, une île paradisiaque accueille, depuis quatre millénaires, les gens et les civilisations que la mer lui apporte.

De tous les rivages de la Méditerranée, des îles grecques aux Baléares, de la Sardaigne à Carthage nul lieu n’est, comme Djerba, une citadelle qui garde et protège les souvenirs des navigants et des rescapés qui ont mis le pied sur son sable fin sous ses palmiers. Tandis que dans tous les autres sites que l’histoire a rendus célèbres, ce sont des pierres qui témoignent de leur passé, à Djerba ce sont les Hommes, ces habitants aujourd’hui insulaires et qui tous descendent de quelques grand peuple de l’antiquité.

HOMERE A CHANTE DJERBA

Homère a chanté cette île où vivaient des bienheureux enivrés par les fleurs de lotus et où les compagnons d’Ulysse faillirent oublier leur patrie au milieu des voluptés étrangères. Le lotus dont parle le poète de l’Odyssée était identifié par les Grecs de l’époque classique par un arbuste de Libye dont les fruits avaient la grosseur d’une olive et devenaient pourpres en mûrissant, Hérodote et Polybe nous apprennent qu’il avait la saveur sucrée de la figue et de la datte et qu’on pouvait le manger nature ou mélangé dans du vin. L’on peut se demander si à l’origine les Anciens n’avaient pas voulu simplement parler de la datte, le fruit du palmier-dattier qui est encore aujourd’hui la principale nourriture des insulaires Djerbiens et d’ailleurs de tous les autres habitants du sud tunisien et de la cité tripolitaine. Le palmier-dattier est aujourd’hui encore non seulement l’arbre nourricier de l’île de Djerba mais l’élément principal, le roi du paysage djerbien. Dans ce pays des palmes, on peut goûter au printemps sa sève délicieuse, le lagmi frais et doux que les insulaires recueillent au flanc des arbres, et en automne l’étranger, tout comme les compagnons d’Ulysse peut toujours assister à la joyeuse récolte des dattes qui met tout le peuple de Djerba en fête et suivre sous un ciel toujours limpide le lent et bucolique travail des hommes à l’ombre des jardins silencieux ou le long des chemins que traversent ries eaux ruisselantes dans un terrain doré qui rappelle déjà le grand désert du Sahara, assez proche. Elle n’est qu’à sept kilomètres du continent, mais cette chaussée que les Romains ont jetée pour l’atteindre semble traverser les temps et empêcher l’évolution des temps modernes de parvenir jusqu’à elle. Déjà un siècle avant la fondation de Carthage, les Phéniciens avaient fondé à Djerba un important comptoir qu’ils appelèrent Méninx Pendant un millénaire, l’île fut tyrienne et les techniciens de ln lointaine métropole vinrent s’y établir pour diriger l’économie du pays. Des ateliers de pourpre parmi les plus réputés de la Méditerranée produisaient sans arrêt la précieuse teinture, bien avant l’île d’Ibiza devenue colonie carthaginoise. Les Berbères qui se trouvaient dans l’île à l’arrivée des Phéniciens apprirent aussi de ces derniers à presser les fruits des oliviers sauvages qui poussaient dans toute l’ile pour fabriquer l’huile, puis à greffer ces oliviers. Des colonnes et des chapiteaux parmi les cactus restent, à proximité de El Kantara, les vestiges de l’ancienne cité troyenne.

"Ulysse au pays des Lotophages" de Théodore Van Thulden
“Ulysse au pays des Lotophages” de Théodore Van Thulden

A DOS DE CHAMEAU

Mais à Guellala, on remonte encore plus loin dans les civilisations maritimes de la Méditerranée c’est une véritable colonie des anciens crétois du 3e millénaire av. J.C. que l’on a devant soi dans ce village de 3.700 Berbères. Dans des ateliers en partie souterrains, des potiers répètent les gestes précis des ancêtres venus de l’Egée Dans les jardins, dans les petites fermes toutes blanches, on pétrit au pied l’argile en pate fine, avant de livrer au tour cette vendange de la terre d ou sortirent les cruches rondes et les pots vernissés. Depuis les époques les plus reculées de la civilisation égéenne, les poteries de Djerba caressent de leurs mains savantes cette argile de la région de Guellala. Et dans leurs fours souterrains toujours chauffés au bois d’olivier, ils cuisent les jarres et les gargoulettes dont les formes pures perpétuent la grâce et la pureté des amphores antiques, qui à bord de navires égéens. grecs, romains et carthaginois, conservaient la précieuse huile et le vin vivifiant pour permettre aux équipages anciens de traverser les mers lointaines.

Comme jadis à bord des navires phéniciens et puniques, les blanches et élégantes poteries de Djerba rejoignent la plage à dos de chameau prennent la mer et s’exportent hors des frontières de la Tunisie. A Sedouikech, autre village berbère aux blanches mosquées couvertes de coupoles et entourées d’oliviers et de dattiers, de lourdes, meules continuent depuis 3000 ans d’extraire l’huile des olives dans les vieux pressoirs souterrains. Des curieux ateliers où des tisserands travaillent sur des métiers primitifs, dont les étoffes d’antan vendue dans les rues de Carthage et de Leptis Magna sortent, encore des superbes jebbas, des couvertures décorées de bandes blanches et rouges et de motifs verts, bleus, jaunes sur un fond rouge cochenille. Ces admirables chefs-d’œuvre justifient leur antique renommée, de même que ces voiles de soie extrêmement précieux entremêlés de fils d’argent doré.

Des fraiches et blanches maisons aux toits en forme de coupoles éparpillées dans les vignobles et vergers sortent et entrent des femmes coiffées d’un long chapeau de paille pointu posé sur des foulards de laine blanche.

Ailleurs encore, autour de ce marché pittoresque de Houmt Soukh, chef-lieu de l’île d’habiles ciseleurs berbères tracent des lacis d’arabes, que sur les grands plateaux de cuivre à l’aide d’un seul burin. Dans ces petites échoppes à trésors des joalliers dont la marque artisanale de leurs lointains ascendants fut appréciée par les matrones romaines et les princesses libyennes, façonnent avec un art qui dans les siècles, n’a pas connu de décadence, des bijoux en argent blanc piqués de corail, d’opaline ou de turquoise et des coiffes étincelantes faites de pièces et de broderies d’or…

Des somptueux bijoux aux modèles berbères et phéniciens parent toutes les femmes de cette île heureuse. Souvenirs des jours passés, elles se les transmettent jalousement de mère en filles et gardent immuables, leur antique beauté

Peut être de l’art
Le petit potier de Djerba, I. Van Mens.

PAREE COMME UNE IDOLE

C’est le jour de son mariage que la jeune fille reçoit ses premiers bijoux. Elles enfilent à ses poignets fins les deux « fradi », lourds bracelets dorés, incrustés de pierre de couleur, vertes et rouges. Elle enserre ses chevilles dans les « khol khal » dorés creux et assez légers pour ne pas gêner sa marche. Puis retenant le drapé de sa longue tunique carthaginoise par un « khal » émaillé d’où pendent des multiples chaînettes tremblantes elle terminera sa toilette en posant sur son front le « tagia », riche collier d’or formé de pièces anciennes, tout semblable à celui qu’elle attache autour de son cou et qu’elle appelle joliment le « ouich ouich mahboub » d’un nom chuchotant qui évoque le cliquetis léger des pièces entrechoquées à chaque mouvement de tête. Ainsi, parée comme une idole, son fin visage brun cadré d’or, elle apparaîtra à celui qui sera désormais, pour toujours, son mari. “Lair y est si doux à Djerba qu’il empêche de mourir” disait Flaubert. Il faut ajouter: la terre, la mer et les palmiers de cette ile sont si beaux qu’ils donnent la joie de vivre dans un rêve d’Orient. Une chanson populaire tunisienne dit que Djerba est le cadeau que la mer a lait aux hommes. En effet, cette mer douce du golfe de Gabès ne cesse de faire des présents à cette ile: Les poissons font la richesse de ses pécheurs et le plaisir des chasseurs sous-marins. Grâce à ces poissons, la Méditerranée a toujours permis à cette ile de vivre, à cette oasis idéale de flotter sur elle comme une fleur de lotus sur les eaux. Voilà pourquoi Djerba garde toujours pour l’étranger une immuable atmosphère de légende et d’oubli.

Peut être une image en noir et blanc de 1 personne, enfant, position debout et plein air
Mariage à Djerba de S. Massa

Attilio GAUDIO.

رسالة من القائد حميدة بن عياد إلى نسله

…قال مالك بن دينار: مررت بقصر تضرب فيه الجواري بالدفوف ويقلن
ألا يا دار لا يدخلك حزن … ولا يغدر بصاحبك الزمان
فنعم الدار تأوي كلّ ضيف … إذا ما ضاق بالضيف المكان
ثم مررت عليه بعد حين وهو خراب وبه عجوز فسألتها عما كنت رأيت وسمعت، فقالت: يا عبد الله إن الله يغيّر ولا يتغيّر والموت غالب كل مخلوق، قد والله دخل بها الحزن وذهب بأهلها الزمان

مات مالك ابن دنار عام 745 بالمدينة المنورة وبنيا قصر بن عياد بجربة عام 1775 وهاهنا يعدوالتريخ نفسه اليس تحذيراً من القايد حميدة بن عياد الي احفاده

أحد أسقف القصر

في عام 2020 ، أنشأ الأحفاد جمعية لأنه حان الوقت لاستعادتها وإعادتها المكانة التي تستحقها في تاريخ تونس بشكل عام

وجربة و صدغيان بشكل خاص. وقد بدأ العمل وسيستمر لسنوات لاستعادتها إلى حالتها الأصلية

Peut être une image de plein air
صورة عام 2021 لقصر بن عياد

قيس بن عياد

Deux Beys de Tunis au Ksar Ben Ayed de Cedriane, Djerba.

Le Ksar ou palais Ben Ayed fut construit à la demande du Général et Caïd de l’Aradh Hamida Ben Ayed. Il fût finalisé en 1775. Cette luxueuse demeure de l’époque fut par deux occasions un pied à terre pour les Beys.

Visite de Hussein Bey II en 1816.

Hussein Bey II.

En l’an 1816, Hussein Bey II entreprit la visite du sud de la régence. Il visita de nombreuses régions de la Tunisie qui l’accueillirent honorablement, il passa par le sahel , Sfax, puis l’Aradh, dont le gouverneur était alors le Général Hamida Ben Ayed. L’accueil qui lui avait été réservé restera mémorable dans l’Histoire de Tunisie puisque Ibn Abi Dhiaf rapporte dans son livre “Présent des hommes de notre temps. Chroniques des rois de Tunis” que “les festivités furent telles que personne n’en a jamais vu de pareil auparavant, il lui offrit des cadeaux et satisfit tous ses accompagnateurs, leurs serviteurs et tous les chevaux furent rassasiés. Hussein Bey II ne rapporta à Ibn Abi Dhiaf que des compliments à propos du Général Hamida Ben Ayed, à un tel point qu’il le considérait mieux que son propre enfant. Hussein Bey aura passé une semaine à Djerba en compagnie du Général Ben Ayed qui décèdera une année plus tard.

Extrait Présent des hommes de notre temps. Chroniques des rois de Tunis de Ibn Abi Dhiaf.
Extrait des lettres du Cheikh Hilati.

Visite de Ahmed Pacha Bey en 1842.

En Décembre 1842, c’est au tour de Ahmed Pacha Bey de passer une nuit au palais Ben Ayed de Cédghiane suite à sa visite sur l’île de Djerba. Il sera en compagnie cette fois-ci du Général Mohamed Ben Hamida Ben Ayed.

Extrait Présent des hommes de notre temps. Chroniques des rois de Tunis de Ibn Abi Dhiaf.
Général Mohamed Ben Hamida Ben Ayed.
Par Kais Ben Ayed

Le Prince Abdallah Ben Ayed m’a dit …

Un des résultats de la guerre des persécutions, des mauvais traitements, de la crainte, en un mot, de la malice des hommes, c’est de chasser d’un pays à l’autre, d’un continent à l’autre, un grand nombre de personnages remarquables. C’est ce qui nous vaut, à nous, habitants de la paisible et heureuse Amérique, la rencontre de maintes célébrités. La guerre est toujours une chose horrible, mais elle a parfois de ces compensations. Par exemple, la lutte stupide faite aux intellectuels libéraux de l’Allemagne a valu aux Etats-Unis un Thomas Mann, un Einstein et bien d’autre. De même, le sauvage envahissement de la France par les Huns modernes a poussé vers tous bords nombre d’écrivains et d’artistes que nous n’espérions pas voir de si tôt en Amérique, (celui qui m’aurait dit, il y a deux ans, que je connaîtrais Jules Romains en personne et que je me lierais d’amitié avec lui, aurait semblé se payer ma tête. Nous vivons une époque où toutes les surprises sont possibles, les bonnes et les mauvaises. Mais celles-ci sont bonnes.

Son Altesse le prince Abdallah Ben Ayed décédé le 17 novembre 1947.

Un jour de la semaine dernière, j’étais en train de dactylographier mon premier-Montréal, quand je reçus un appel téléphonique:

— Ici le prince Ben Ayed, de Tunis.

Je ne compris pas très bien tout d’abord. Je fis répéter.

— Prince Ben Ayed. Ne vous étonnez pas si je vous appelle. J’ai lu votre journal plusieurs fois depuis mon arrivée au pays. C’est une heureuse découverte pour nous, croyez-le.

J’acceptai le compliment le plus modestement possible, mais je ne pus m’empêcher d’éprouver une vive satisfaction à la pensée que, de tous les journaux et périodiques écrits chez nous en français, le Jour pût offrir, au double point de vue langue et pensée, la lecture la plus saine et, je dirais, la plus digestible. Les Européens et même les proche-orientaux cultivés savent nous en rendre le témoignage. Je ne pus résister à la curiosité et je demandai un entretien avec le prince. Abdullah Ben Ayad ? heu Aïad? J’ai déjà vu ce nom-là quelque part, me disais-je. Je me souvint même d’avoir, parmi mes vieux papiers, certaines pages de revues ou de journaux où il était question d’une très ancienne famille musulmane … De retour à la maison, je fouille dans mes paperasses et je découvre une feuille de revue, où, sous le titre, La question syrienne, je lis les lignes suivantes: “Claude Farrere, le célèbre orientaliste . . . désigne l’élu des populations syriennes: le prince Adel Ben Ayed … La personnalité du candidat est une garantie contre tous les malentendus et mécomptes futurs. Il a l’affection des indigènes et possède la confiance de la France … Le prince Adel Ben Ayed, descend des Omeyades, anciens rois de Syrie. Sa branche paternelle a fourni, depuis plusieurs siècle, des ambassadeurs et des hommes d’Etat en Tunisie, en Orient, en Europe et surtout à Paris, C’est un Ben Aïad qui fit don d’un splendide berceau, enrichi de pierres précieuses, pour le petit prince impérial Louis… Ancien élève du lycée Louis-le-Grand et de la Faculté de Droit de Paris, le prince nourrit, à l’égard de la France des sympathies si sincères que sa vie s’est écoulée entre le Caire et Paris … La fidélité dans l’attachement à la France est une des traditions de cette noble famille. “Une autre revue, Les Potins du Paris, parue dans le même temps, contenait ce passage: “Ce prince, descendant direct des fondateurs de 1a dynastie égyptienne et des Khalifes Omeyades, s’appelle Adil Ben Ayad et est pour Je moment, le plus parisien des souverain orientaux. Il habite eu effet un somptueux appartement de Passy, avec sa femme, — qui est sa propre cousine et la nièce du roi Fuad d’Egypte — et quatre enfants ravissants.” Enfin, le Bulletin Officiel du Comité “France-Orient”, janvier 1929, publiait, sur les Omeyades, une note historique dans laquelle on démontrait que la dynastie des Ben Ayed en Orient remontait au sixième siècle de notre ère. Les Ben Ayed eurent deux règnes, celui de Syrie, de 540 à 1146, et celui de Murcie, de 511 à 1146.

Armé de ces documents, je me rendis chez le prince Ben Ayed de Tunis et lui demandai si les articles, cités plus haut, le concernaient. Il me répondit:

— Le prince Ben Ayed dont il a été question, il y a quelques années, comme roi de Syrie, est mon neveu, il a épousé la cousine du roi Farouk d’Egypte, actuellement régnant.

Princesse Lesley Maud Wright Ben Ayed (1951).

Je me trouvais en présence d’un oriental très racé, affable, simple comme le sont tous les grands seigneurs. Dés mon entrée, il m’avait présenté â sa femme, la princesse Ben Ayed, d’origine anglaise. Puis nous nous mimes à causer comme de vieux amis. Son Excellence vit fort modestement, à Montréal. Arrivé ici il y a quelques mois déjà, il a dû laisser en Angleterre toute sa fortune. On sait qu’il n’est pas facile d’obtenir l’exportation du capital anglais dans un temps pareil. Mais le prince n’en a perdu ni son sens de l’humour ni sa bonne humeur. Fils du général Mahmoud Ben Ayed, reconnu pour les services qu’il rendit à la France au siècle dernier, il a voyagé dans tous les pays musulmans. Très longtemps employé dans la diplomatie, il a connu personnellement Lyautey, Weygand et Pétain, dont il dit beaucoup de bien, il a connu, plus récemment, le général de Gaulle, chef de la France libre, en qui il a beaucoup d’espoir. Pas un plus que lui ne désire la jonction et la coopération Weygand- de Gaulle.

— Que pensez-vous du maréchal Pétain? demandai-je.

— C’est un honnête homme et un grand soldat dit-il. J’admire le sacrifice qu’il a fait quand il a accepté de diriger les destinées de la France dans un moment pareil . . . Mais c’est un militaire …

— Est-ce un défaut?

— C’est une grande qualité, mais je ne crois pas que le métier de soldat soit compatible avec la politique. Pensez à Clemenceau . . . Mais parlons d’autre chose, voulez-vous?

Evidemment, le prince ne voulait pas se compromettre sur ce sujet, mais je devinais bien sa pensée secrète.

— Avez-vous visité Paris avant la capitulation?

— Oui, dit-il. Cela me fait mal au cœur d’y penser, car j’ai, dans la France occupée, des fils dont je suis sans nouvelles. Je vous dirai toutefois que je suis allé à Paris avant la guerre. J’ai vu le Quai d’Orsay dans un désordre épouvantable. Je devais rester trois semaines à Paris. J’ai pris la fuite.

Lawrence D’Arabie (chapeau gris) et le Roi Abdallah de Jordanie en 1921.

Tout en causant, j’apprends que le prince Ben Ayed a pris part au coup d’Etat de Mustapha Kémal, en Turquie, qu’il a connu Venizélos dès les débuts de sa carrière, qu’il a traité avec tous les chefs arabes et qu’il était, là-bas, une puissance. Une anecdote particulière vaut la peine d’être racontée. Il s’agit du fameux agent anglais, Lawrence d’Arabie. “Je me trouvais, dit Son Excellence, sur la terrasse d’un hôtel du Caire, quand je vis un inconnu qui me semblait de la noblesse arabe. Il parlait admirablement notre langue. Je n’arrivais pas à le situer par son langage. Car, vous savez, il y a plusieurs sortes d’arabe: on le parle fort bien en Arabie et en maints endroits de la Turquie. En revenant vers l’Ouest, la langue perd sa qualité. En Algérie, c’est déjà un charabia. Or, mon inconnu parlait sans aucune caractéristique … Vint à passer un officier en uniforme anglais. Instinctivement, l’inconnu salua à l’anglaise, en portant la main au front.

— Diable, me dis-je, un Arabe ne salue pas ainsi.

“Quelques minutes plus tard, il entra dans le bar de l’hôtel. Je me fis encore la réflexion qu’un Arabe ne va pas boire ainsi. La curiosité m’emportant, je le suivis dans le bar et m’approchai de la table où il sirotait un whisky.

— Vous n’êtes pas un Arabe, lui dis-je.

“Il se contenta de sourire. Puis il se mit à causer de pluie, de beau temps, de sport, de n’importe quoi. Il était fort aimable. Je voulus aborder la question politique. Il se mit un doigt sur la bouche: “A demain les affaires sérieuses’’. Et presque au même moment, il sortit. Plus tard, je voulus le revoir. Il n’était déjà plus au Caire. Et quelqu’un me dit:

— Lawrence d’Arabie a disparu.

“Le brave agent parcourait ainsi tout le pays. Sa puissance était illimitée. 11 avait su se convertir en véritable noble Arabe, et, en outre, il savait comment se manient les grands, surtout en Arabie. Pas un autre que lui, durant l’autre guerre, n’aurait pu réussir ce qui ne s’était jamais vu: la révolte de l’Arabie contre ses maîtres traditionnels.” Le prince sourit puis ajouta :

— Il faut dire que Lawrence avait le pouvoir de faire un chèque de 250 milles livres comme un autre en ferait un de dix dollars.

J’ai donc passé une heure agréable entre le prince et la princesse Ben Ayed C’est une façon d’étudier un peu la géographie l’histoire a une époque ou l’une et l’autre se font et se défont. C’est une excellente façon d’écouter le roman ou plutôt les romans d’une vie.

Extrait du journal “Le Jour” du 11 janvier 1941 par Jean-Charles Harvey.

Kais BEN AYED