L’épidémie de peste à Djerba en 1784

En 1784, est apparu dans la régence de Tunis, une épidémie de peste qui fit plus de 18000 victimes. Elle apparue en premier lieu à Tunis, puis d’autres villes pour atteindre l’ile de Djerba en l’an 1785.

La peste toucha en premier lieu Houmt-Souk, précisément Taourit, puis Ajim, ensuite elle se propagea dans toute l’ile en terminant par les villages de Wersighen, Sedouikech, Cedriane enfin Temlal. Il y eu de nombreux morts parmi les habitants, a tel point qu’on ne trouvait plus d’hommes pour le transport et l’enterrement des victimes. Dans certains villages ce sont des femmes qui durent transporter les morts sur des montures, ils étaient parfois enterrés sans prière.

La résidence du Caïd Hamida Ben Ayed à Cédriane achévée en 1775.

A cet époque, le caïd gouverneur de l’ile était Si Hamida Ben Kacem Ben Ayed. Il se confina dans sa résidence de Cédriane sans en sortir durant six mois ou plus. On ne recensa aucunes victimes parmi ses enfants, ses femmes et ses odalisques vivant dans l’enceinte du palais. Mais il eut de nombreuses victimes parmi ses serviteurs qui vivaient à l’extérieur du Palais.

Extrait d’une lettre du lettre du Cheikh Mohamed Ben Youssef Mosebi.

L’épidémie perdura jusqu’en juillet 1785, puis elle commença à se contenir petit à petit. Il ne resta plus que quelques cas dans les villages de Sedouikech et Cédriane qui furent les derniers atteints en fin d’année.

Texte extrait et traduit d’une lettre du Cheikh Mohamed Ben Youssef Mosebi.

Kais Ben Ayed

Du Borj Ben Ayed de Gammarth à Marseille

On dit que c’est à son retour de mission en France (1831) auprès du Roi Louis-Phillipe que Sidi Mohamed ben Ayed aurait entrepris, au sommet du Cap Carthage, la construction d’un nouveau pavillon de plaisance. Elevé à l’écart, il devait jouir d’une étendue sur la campagne et sur la mer.

C’est un château de forme circulaire, élégant et bien aéré. De ses nombreuses et belles fenêtres, on domine tout l’horizon, la vue de la mer et des jardins de la Marsa que l’on peut compter, cela ajoutait beaucoup à l’agrément de cette habitation, perchée sur le point le plus élevé des environs.

Mahmoud ben Ayed le rendit célèbre par le luxe qu’il y déploya à l’occasion des fêtes nocturnes auxquelles il conviait ses amis. Le bâtiment se dressait sur une véritable plate-forme émergeant de vergers ininterrompus amandiers, oliviers, vignes, jujubiers partagés par une allée bordée de figuiers.

On peut imaginer le raffinement que Mahmoud ben Ayed se plut à montrer en cet endroit que devait remplir l’éclat des ors, des miroirs et des verreries. Il ne s’agissait plus d’y organiser de froides et cérémonieuses réceptions officielles comme dans les autres palais. Véritable lieu de plaisir, le « Balace » de Gamarth bénéficiait de l’isolement et de la tranquillité nécessaires. Ici les brillantes et joyeuses festivités organisées par le ministre favori d’Ahmed bey étaient à ses amis en l’honneur desquels étaient conviés musiciens et danseuses.

Borj Ben Ayed, actuellement à l’emplacement du Golden Tulip Gammarth

Le départ de Mahmoud Ben Ayed

Ce fut un incident à la Mohammedia qui aurait décidé Mahmoud Ben Ayed à quitter Tunis à la suite d’une critique publique qui lui fut infligée par le général Mrabet à la demande du bey en présence des officiers supérieurs de l’armée beylicale, au sujet de ses achats de blé en Egypte. Ben Ayed sentit alors la confiance du bey sur le point de lui échapper. Ce qui était arrivé à Youssef Saheb Ettabaa, l’ami de son grand père Hmida Ben Ayed allait se répéter. Ses rivaux préparaient sa chute, en le discréditant au près du Bey, Ben Ayed préparait son départ.

Le général Ben Ayed avait toujours un coup d’avance. Il avait installé au pied de la colline une fabrique de poterie. Il fit travailler là, notamment, des artisans siciliens et napolitains, dont certains avaient été capturés sur les côtes. Ceux-ci apportèrent les méthodes de leurs pays et influencèrent la production de cette faïencerie. La fabrique aurait aidé à sauver sa fortune dans des poteries sans éveiller de soupçons.

Ben Ayad s’embarqua sur un voilier en pleine nuit qui l’attendait à l’abri du Cap Gammarth, lors d’une de ces soirées tapageuses qui l’aurait mise à profit pour rendre inaperçue son départ en y laissant femmes et enfants pour gagner la France un 14 juin 1852.

Le départ de ses femmes et enfants.

C’est dans cette dernière demeure que Mahmoud vit pour la dernière fois ses femmes et enfants. Ne voyant pas son ministre de retour et ayant appris son installation à Paris, Ahmed Bey entra dans une colère rouge et fit confisquer tous ses biens, et si des amis n’étaient pas intervenus, il eût fait saisir ses enfants et ses femmes et les eût jetés dans les prisons du Bardo. Mais grâce aux conseils de Mustapha Khaznadar il se contenta de les faire garder à vue dans le palais de Gammarth.

Pendant de longs mois Ben Ayed écrivit à ses amis de lui envoyer son enfants et ses épouses mais personne n’osait contrevenir aux ordres-du bey. Enfin, le consul de France reçut avis de son gouvernement de disposer le bey à faire embarquer la famille Ben Ayed. Ce fonctionnaire comprenant les conséquences que cet ordre causerait à Ahmed Bey, n’osa pas le lui communiquer, et il agit sagement.

Sous un vain prétexte, des familles françaises pénétrèrent auprès des femmes de Ben Ayed, elles les habillèrent avec à la mode européennes et trompant, par ses déguisement la surveillance des soldats, ces dames sortirent de leur prison, gagnèrent la chapelle Saint-Louis, d’où une nacelle les porta à bord du courrier français en direction de Marseille. Mahmoud Ben Ayed les accueilli de façon triomphale pour les conduire à Paris, dans son nouveau palace parisien aux abord de la Seine.

Ruine du Palais Ben Ayed de Gammarth

Peu après le départ de la famille Ben Ayed, le palais et la faïencerie furent abandonnée. Chaque fois qu’on avait besoin de matériaux de construction et d’ornementation, on allait piller ce château et sa fabrique de poterie.

Par Kais BEN AYED