Une guerre évitée in extremis entre la Régence de Tunis et le Royaume de Sardaigne par BEN AYED

Découvrez dans l’article suivant comment BEN AYED à réussi à éviter une guerre in extremis entre les deux royaumes.

« Celui qui excelle à résoudre les difficultés le fait avant qu’elles ne surviennent. »

L’art de la guerre. Sun Tzu


Notre aïeul le Général Mohamed BEN HMIDA BEN AYED, deux fois ambassadeurs auprès du roi Louis-Philippe Ier l’avait bien compris c’est grâce à ces précieux conseils et son expérience qu’une guerre entre la Régence de Tunis et le Royaume de Sardaigne fut évitée.
Un détail de l’Histoire de Tunisie qui a toute son importance ! Nous sommes en l’an 1831, un diffèrent éclate entre le Royaume de Sardaigne et le Royaume de Tunis. Un bâtiment sarde ayant débarqué des marchandises de contrebandes à la Goulette, le capitaine fut arrêté et reçu la bastonnade (الفلقة), d’après les ordres du Caïd. Le consul sarde irrité de cette violation de droit se rendit aussitôt au Bardo et en demanda réparation à Hussein Bey en employant un langage ferme et énergique, ce qui provoqua le mécontentement du Bey qui refusa formellement la demande du consul !
Ce dernier porta l’affaire à son gouvernement et quelques temps après, une flotte sarde-napolitaine forte de douze à quinze voile parus dans le golfe de Tunis et jeta l’ancre devant Carthage.
Les tambours de la guerre étaient lancés, mais avant de commencer les hostilités, Hussein Bey réunit son Diwan, il exposa l’origine de cette malencontreuse affaire et déclara qu’il était décidé de faire la guerre et à exterminer les infidèles.
« La voix du prince n’est autre que la voix d’Allah » s’écrièrent tous à la fois les membres du conseil, « Guerre, Guerre aux chrétiens ! »
Mais au milieu de ce tumulte effroyable, Mohamed ben Hamida BEN AYED, l’un des personnages les plus remarquable de la Régence, le même qui depuis quelques jours était revenu à Tunis de son ambassade à Paris, BEN AYED, éleva la voix et supplia le Bey de lui accorder la parole.

« Puissant prince, dit-il que le miséricordieux Allah conservent tes jours dans l’éternité et le bonheur ! J’arrive d’Europe ; J’ai vu les forces des chrétiens, les richesses dont ils disposent, j’ai reconnu leur expérience dans les choses de la guerre, j’ai appris en partie leur politique, déclarer la guerre à la Sardaigne, c’est déclarer la guerre à la chrétienneté entière, ce serait une imprudence ; L’Europe est très peuplée, quinze année de paix ont augmentée considérablement sa population, et à peine peut-elle suffire à pourvoir à l’existence de ses habitants, les Européens cherchent tous les moyens de s’emparer de notre vaste et fertile pays, cette terre des vrais croyants de l’islamisme tient en sa possession, depuis un nombre d’année infini ; ils cherchent à s’en emparer sous les prétextes les plus frivoles. Les grandes puissances de l’Europe ne veulent pas montrer qu’elles sont elles-mêmes les exécutrices de cet infâme dessein, mais elles poussent en avant les puissances inférieures et viennent ensuite à leur secours, sous le titre de défenseurs. Je te dis la vérité, grand prince, et je prends le ciel pour témoin de ce que j’avance ; l’exemple de la puissance Alger doit te suffire. »

Le Bey Hussein demeura longtemps stupéfait et abattu ; après le discours de BEN AYED, qu’il connaissait, du reste, pour le serviteur le plus sage et le plus fidèle de sa cour, il resta tout pensif pendant un moment et se prenant la barbe et prononça lentement ces mots :
« Giusto ! Giusto ! » et le pire fut ainsi évité.

Par Kais BEN AYED